Stanislas COTTON, Ce que baleine veut, coll. « Théâtre à vif », 2021, 48 p., 10 €, ISBN : 9782807103108
Quelque chose ne tourne pas rond chez les Perlimpin. Capucine, la narratrice, a remarqué un changement de comportement chez son petit frère Philibert. Ce dernier n’agit pas comme d’habitude. Du genre à râloter facilement et à houspiller sa sœur, il devient taciturne et accepte tout ce qu’elle lui demande. Il s’isole dans sa chambre, parle tout bas et passe des heures devant son ordinateur. Ses parents, Alida et Edmond, ne remarquent pas tout de suite ses sautes d’humeur et ses actes inhabituels. Capucine par contre le surprend à nettoyer de fond en comble la maison, traverser à toute vitesse un carrefour dangereux ou insulter violemment ses parents. Le tout avec photos ou vidéos à l’appui. La nuit, Philibert dort peu et écoute les chants d’une baleine qui agonise. Capucine a peur que son frère devienne fou. Il n’est plus lui-même. Les trucs tordus s’enchainent jusqu’à un acte final qui pourrait bien lui être fatal. Qu’a-t-il bien pu se passer pour que Philibert agisse de cette manière ?
À plusieurs reprises dans la pièce, Philibert écoute des chants et lamentations de baleines. Cette image de la baleine renvoie au Blue Whale Challenge – littéralement « Défi de la Baleine Bleue » – dont parle Stanislas Cotton en avertissement de la pièce. Ce jeu dangereux, apparu en 2015 en Russie, est soupçonné d’être à l’origine de nombreux accidents et suicides, notamment chez les adolescent·es. Dans ce jeu, le ou la participant·e doit réaliser chaque jour un défi, pendant cinquante jours, le dernier étant son propre suicide.
Avec le style qui lui est propre – poétique et proche du conte –, Stanislas Cotton s’attaque, comme souvent, à un sujet de société. Il met à jour nos travers, notamment ici les risques de la toile. « Internet, ce marécage où il faut craindre de s’enfoncer », nous prévient-il en exergue du texte. La pièce Ce que baleine veut est publiée aux Éditions Lansman, comme de nombreux textes de Stanislas Cotton depuis 2001.
Émilie Gäbele