Juliette NOTHOMB, Éloge du cheval, Albin Michel, 2022, 197 p., 14 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 978-2-226-47638-8
Juliette Nothomb. Sœur de, fille de, nièce de. En Belgique, cela fait belle lurette qu’il ne suffit plus d’évoquer ce patronyme pour savoir à qui l’on fait référence, tant cette dynastie a produit de politiques ou d’auteurs, entre autres. On connaissait depuis longtemps Juliette pour ses critiques culinaires. En 2008, paraissait, déjà chez Albin Michel, La cuisine d’Amélie, ouvrage aussi intéressant pour la plume de son autrice (et les illustrations très amusantes de Jul) que pour les recettes qui le jalonnent. En 2010 et 2011, Albin Michel Jeunesse publiait à nouveau l’un de ses livres, pour le jeune public cette fois et en fiction. Depuis, nous avons pu suivre l’ainée des filles de Patrick Nothomb à travers livres culinaires, nouvelles ou guide de voyage. Un point commun : une plume ! Une plume douce qui nous prend par la main et nous emmène avec bonheur dans son univers et ses passions.
Et cette fois, c’est pour nous parler de chevaux que Juliette Nothomb a repris sa plume. Pour cette rentrée 2022, elle signe Éloge du cheval, à nouveau chez Albin Michel. Au fil des chapitres, on découvre ici les origines et l’évolution de cet animal extraordinaire, là des représentations artistiques qui l’ont illustré en majesté jusqu’à l’ancrer dans notre imaginaire à tous. Car il est là depuis notre plus tendre enfance, dans les combats contre Maléfice-le-dragon ou dans les aventures de cape et d’épée. Le prince ne peut exister sans son cheval blanc, le héros doit avoir la monture la plus rapide et courageuse. Pas de Lucky Luke sans Jolly Jumper. Nos livres d’histoire ont toujours représenté les grands de ce monde chevauchant un fier destrier. Juliette Nothomb a, elle aussi, très tôt rêvé de vivre cette expérience grisante de monter. Dans nos sociétés occidentales, le cheval est devenu un compagnon de loisir, particulièrement convoité par les jeunes enfants. Qui n’a jamais rêvé de recevoir un poney du Père Noël ? Dans d’autres régions du monde, cet animal a gardé une fonction plus utile d’allié au travail.
Si Juliette Nothomb parle si bien de chevaux, c’est avant tout parce qu’elle les aime : cet éloge est un prétexte à une véritable déclaration d’amour. Le coup de foudre, elle l’a eu à l’âge de 8 ans, certainement comme beaucoup de petites filles. Mais ce qui rend son récit différent et intéressant, c’est la diversité de ses expériences. Car Juliette est fille d’un diplomate, basé au fil de sa longue carrière dans divers pays d’Asie, d’Europe et à New York. Si elle découvre le cheval et l’équitation au Japon, elle tente de poursuivre son apprentissage et sa découverte de l’animal au gré des affectations successives de son père. Les cultures et les usages diffèrent d’un pays à l’autre, tout autant que la représentation dans l’imaginaire collectif ou sa symbolique selon que l’on vit au milieu des cowboys américains ou des communistes chinois. Si on imagine la peine ressentie lors des déracinements successifs, on se réjouit de ce qu’ils ont apporté en variété et richesse d’expériences à la jeune Juliette. Et c’est certainement en cela que son histoire est différente de celle des autres petites filles férues d’équitation. Sa formation de philologue confirme quant à elle sa passion des mots et de l’étymologie, qui saupoudrent utilement cet éloge. Le résultat est à point, délicat et savoureux.
Audrey Chèvrefeuille