Stefan LIBERSKI, Teo malgré, Onlit, 2022, 14 €, ISBN : 9782875601612
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
Boileau, dans L’Art poétique (chant 3, vers 45-46)
Il y a quelque chose du théâtre classique dans Teo malgré, le dernier roman de Stefan Liberski, publié chez ONLiT.
Unité de lieu.
Unité de temps.
Unité d’action.
Et, à la fois, il n’en est rien, tant les méandres qui forment la mémoire de Teo nous emmènent à travers l’espace et le temps.
Teo hic et nunc
Teo aime vivre nu.
Nu, je vaque dans l’appartement.
Teo souffre d’alopécie.
Il y a bien longtemps, je me suis retrouvé un beau matin sans un poil ou presque.
Teo est d’un caractère taiseux.
J’aime le silence. Ou plutôt, disons que j’ai les paroles en horreur.
Teo est puceau.
Je sais qu’à mon âge cela peut sembler désespéré, mais pour tout ce qui est rapport sexuel, je me réserve.
Teo pense (ou pas).
Je ne suis jamais sûr de ce que je ressens.
Teo se souvient (ou pas).
Je ne me souviens de rien de tout cela.
…je ne garde que des souvenirs confus de ces villégiatures, ils me semblent appartenir à quelqu’un d’autre.
Il arrive que je m’égare dans mes souvenirs.
Teo vivait entouré de femmes. Le récit de ses souvenirs en atteste. Que sont-elles d’ailleurs devenues ?
Maria, Lucia, et maintenant ma mère. L’étau se resserre.
Et lui ?
C’est comme si j’étais mort depuis des années, depuis toujours à vrai dire, et elles aussi.
Et c’est dans le bruit assourdissant des freins, dans le froissement des tôles, les cris et les explosions que s’achève cette histoire.
David Dusart