Archives par étiquette : Jean-Louis Sbille

L’esquive

Jean-Louis SBILLE (auteur) et Kikie CRÊVECŒUR (illustratrice), Pains perdus, La pierre d’alun, coll. « La petite pierre », 2022, 64 p., 15 €, ISBN : 9782874291210

sbille crevecoeur pains perdusPains perdus De prime abord, le titre choisi pour le trente-sixième carnet de la collection « La Petite Pierre » chatouille les souvenirs. Quelques tranches (rassises ou briochées, selon), des œufs, du lait, du beurre, du sucre ; la promesse d’un mets saupoudré de doux réconfort. Cependant, l’élan régressif est vite renvoyé dans les cordes : sur la couverture couleur sang, en impression argentée, se détache l’image d’un gant et d’un sac de boxe. Les pains se font alors gnons, le beurre colore les yeux de noir. Et c’est bien du sport de combat dont il s’agira car, dès la première page tournée, Kikie Crêvecœur plante le décor (un ring) et la chromatique (noir, blanc, rouge). Continuer la lecture

La vie, toutes affaires cessantes

Jean-Louis SBILLE, Sergent-chef Massamba, Lamiroy, 2021, 128 p., 12 €, ISBN : 978-2-87595-417-6

sbille sergent chef massambaA priori, les deux personnages  qui animent ce roman n’auraient jamais dû se rencontrer. L’un est producteur de séries télévisées et il revient à Bruxelles d’un voyage d’affaires. Il s’apprête à rejoindre son amante ukrainienne pour une soirée torride. L’autre, un vieil Africain qu’il prend tout d’abord pour un sans-papier, arrive aussi dans la même gare. Le premier est aux prises avec un pneu crevé sous une pluie torrentielle et ne sait que faire. Le second empoigne d’autorité le cric et change la roue en quelques minutes. En merci de quoi il lui est proposé de le véhiculer à l’adresse bruxelloise où il se rend et qu’il tient griffonnée sur un papier froissé. Continuer la lecture

Où l’on lit un recueil de poèmes qui barattent à tout va la langue

Jean-Louis SBILLE, komsakonkoze (komildiz), Traverse, 2018, 74 p., 12 €, ISBN : 978-2-93078-325-3

sbille komsakonkoze.jpgLire, comme parler, écrire, écouter, ça se passe d’abord dans un corps. Pas dans de la pensée. Pas dans des mots. La langue, c’est d’abord une affaire physique. Corporelle. Impossible de ne pas y penser en lisant, à haute voix, komsakonkoze (komildiz), de Jean-Louis Sbille, recueil d’une vingtaine de textes, ultra courts, où Sbille laisse parler la viande rauque, zigzague d’un registre de voix à un autre à chaque vers, quasi, à chaque strophe, quasi. Cite Baudelaire et Lamartine tout en larguant ses bombes, ses façons d’écrire cherchant à rendre la langue « komonlaparl », comme on la vit. Comme on la danse, vous et moi, au quotidien. N’hésitant pas, jamais, à mêler tout cela bordéliquement et joyeusement dans un même poème. Passant allègrement de la ritournelle enfantine un peu neuneu à la « belle image » poétique. Continuer la lecture