Ostende tout en nuances

Christiane LEVÊQUE, Ostende, Bruxelles, Les Carnets du Dessert de Lune, 2015, 70 p., 10€

 

leveque_deschampsLe temps d’un été dans la ville côtière, Christiane Lévêque  croque une série de scènes du quotidien à la mer du Nord. Le livre est un recueil de petits textes en prose empreints d’une poésie réservée. Liée au monde du théâtre, l’auteure a écrit deux pièces ainsi que des nouvelles et de la poésie. Ostende est sa deuxième collaboration avec Garène, dessinatrice et céramiste dont le travail entre joliment en harmonie avec celui de l’auteure. Elles avaient déjà composé ensemble, dans le même esprit, le recueil Mokafé, chez le même éditeur.

Ce petit livre prend la forme d’une galerie d’instantanés comme pris sur le vif, de moments, de portraits successifs. Ces textes courts – un simple paragraphe pour la plupart – sont ponctués de scènes illustrées par Garène. Mots et images s’accompagnent, se complètent avec une belle continuité.

La drache estivale belge, les vacances aux airs d’automne, les moments de paresse à observer la lumière du soleil se déplacer. L’auteure dépeint Ostende, ainsi que ses estivants : du chien se fichant des ordres de son maître à l’enfant faisant rebondir un ballon. Du gamin du sable plein les yeux au veuf qui noie sa solitude dans la marche et les moules. Des Wallons aux Flamands. Du jeune couple au vieux garçon venu avec sa maman. Des barres d’immeubles aux dunes où se cacher. Des bouts de conversations entendus aux gestes entre-aperçus, l’auteure observe, décrit, esquisse quelques pensées dans ce qui ressemblerait à un carnet de notes à peine retouchées, qui invite à une lecture flâneuse.

Le ton est délicat, la tendance est à l’économie de mots. L’auteur en donne juste assez pour que le lecteur puisse saisir les scènes. Celles-ci sont au final à peine esquissées. Christiane Lévêque confère de la signifiance aux instants que d’autres jugeraient banals. Elle se garde de forcer la main à son lecteur et de lui signifier ce qu’il devrait en penser. Et si ces instants nous parlent, sans doute est-ce parce que nous y avons déjà assisté, les avons déjà vécus sans nous en apercevoir. Christiane Lévêque les collectionne comme d’autres ramassent les coquillages sur la plage.

Fanny Deschamps