Véronique JANZYK, La robe de nuit, ONLIT, 2018, 80 p., 9 € / ePub : 5.49 €, ISBN : 978-2-87560-106-3
Les mots que l’on respire ce sont les fleurs d’un bouquet dont on demande le nom.
Ce serait l’apaisement, le côté positif et l’espoir qui l’emportent dans ce livre de Véronique Janzyk qui tout de même en appelle à la compassion.
Derrière La robe de nuit, il y a une femme immobilisée qui ne connaît plus que celle-ci pour vêtement. Le texte est un monologue adressé par la narratrice à sa mère, qui a fait une chute et est hospitalisée, c’est celle qui parle et évoque les mots qu’elle absorbera du bouquet. Réalité, rêve et pur imaginaire se partagent le récit de Véronique Janzyk qui pour en rendre compte a pris le parti de se dire en vers, ou plutôt en fragments de vers, sans nulle contrainte mais souvent poétiques. Depuis l’hôpital ou la maison de repos, qui porte toujours un nom d’arbre tutélaire, tilleuls, marronniers…, on songe à sa vie passée, sans nostalgie toutefois, puisqu’une vie nouvelle sinon vie à venir est envisageable. On ne ressent aucun désespoir ni même de tristesse. Tout au plus une douce mélancolie à observer, à vivre les changements. C’est le détail qui décide et incite aux précautions, aux réflexes de sauvegarde.
La plupart gardent leurs pantoufles
Pour dormir
Pour fuir dès que possible
D’autres dorment les pantoufles
Sur la table de nuit
Et la main posée sur les pantoufles
S’il y a perte, ce n’est jamais que de la moitié de soi-même. Le partage est réversible. La moitié perdue est compensée par la moitié encore là et la succession des lendemains.
Les témoins, les autres sont présents, on ne peut les ignorer, la voisine de lit, les « trois Parques » dans la salle à manger, l’infirmière, le médecin, aussi, les passants qui regardent…
On grignote l’indépendance que l’on peut et c’est bien :
Celles qui revêtent leur robe de nuit
Avant qu’on ne vienne la leur mettre
Grappillent un peu de liberté
S’y exercent de tout leur corps
Lèvent les bras
Véronique Janzyk rend sensibles tout une quantité d’observations, mais aussi d’interprétations très personnelles. La proximité avec le sujet est réelle, l’intime est atteint dans ces pages pudiques dont la retenue même est révélatrice.