Plusieurs sœurs

COLLECTIF, Les sœurs Loveling / De zussen Loveling, Midis de la Poésie Éditions & Poëziecentrum, 2021, 17 €, ISBN : 978-90-5655-359-3

soeurs lovelingHuit poétesses néerlandophones et francophones – Catherine Barsics, Victoire de Changy, Hind Eljadid, Astrid Haerens, Ruth Lasters, Cathy Min Jung, Bwanga Pilipili et Maud Vanhauwaert – signent chacune un ou des poèmes inspirés de l’œuvre des sœurs Rosalie et Virginie Loveling dans l’ouvrage Les sœurs Loveling / De zussen Loveling paru aux éditions des Midis de la poésie & du Poëziecentrum. À l’entame de cet ouvrage collectif, la philosophe et autrice Tinneke Beeckman pose quelques balises historiques et contextuelles de la vie et de l’œuvre des sœurs Loveling.

Sororité à l’œuvre : huit femmes prennent la plume et la parole pour tisser des échos sensibles, au sein de leurs textes, avec la poésie de Rosalie Loveling (1834-1875) et de Virginie Loveling (1836-1923) pour dire ce « regard ouvert sur la vie » que Tinneke Beeckman identifie comme le trait principal du travail des deux sœurs, qui, « à voix basse », « racontent l’histoire des vies brisées d’un monde habité par des étrangers et des fugitifs, par des petites gens qui, malgré tout, connaissent l’amour ».

Les Midis de la poésie et l’auteur Tom Lanoye ont souhaité, par cette publication, non seulement prolonger l’initiative entamée en 2019 de publier en traduction française une série de poèmes de Paul Snoek, mais aussi faire découvrir l’œuvre tombée dans l’oubli des deux poétesses flamandes. De ce point de vue, leur souhait d’« encourager la visibilité des femmes poètes et ancrer leur travail dans le matrimoine littéraire belge néerlandophone et francophone » a pleinement atteint son objectif.

Dialogues à l’œuvre : l’ouvrage Les sœurs Loveling / De zussen Loveling est proposé en édition bilingue, à partir d’un travail collectif mené par les traductrices Danielle Losman, Katelijne De Vuyst et le traducteur Pierre Geron, afin de mettre en lumière la sororité de deux des langues nationales de Belgique, le français et le néerlandais, ouvrant dès lors le paysage belge à partir de ce tissage de langues qui efface les frontières linguistiques.

Chacun des poèmes signés par les huit poétesses tantôt épouse la forme « classique » des poèmes des sœurs Loveling où domine la rime (on imagine que ce ne fut pas une mince affaire pour les traductrices et le traducteur), tantôt opte pour le vers libre. Tous les textes, singuliers dans leur sensibilité, ont en commun de concentrer leur attention sur un détail du quotidien, le déployant et le reliant au monde. Ils se tiennent, comme l’exprime Caroline De Mulder en quatrième de couverture du livre, « sur les moments où la vie se créée, se casse, bascule, et sur ceux, insignifiants, qui parfois en font apparaître la trame. »

Cette initiative, qui se veut décloisonnante à plusieurs points de vue, donne à découvrir la poésie des sœurs Loveling grâce à un travail de traduction mené avec précision et attention. Il invite également à découvrir ou approfondir la lecture de poétesses belges lisant et écrivant de part et d’autre du pays.

Charline Lambert