« Je suis Aurélie […] je suis complotiste » ou Le nouveau bordel

Aurélie William LEVAUX, Les nouveaux ordres, Monte-en-l’air, 2021, 112 p., 14,90 €, ISBN : 979-1092775389

levaux les nouveaux ordresRecueil de textes et de dessins qui tient tant du journal de bord que du pamphlet, le nouveau titre d’Aurélie William Levaux est éminemment politique. Les Nouveaux ordres est une critique toute personnelle de la gestion de la pandémie par les états belges et français principalement, il est aussi et surtout une réflexion sur la (privation de) liberté et sur notre rapport aux élites dirigeantes.

Ce livre rassemble donc des textes et dessins réalisés au quotidien tout au long des différents épisodes de confinements et de déconfinements, des diverses vagues et autres pics épidémiques qui ont agrémenté la période inédite et bouleversante à plus d’un titre que nous venons de traverser.

La gestion de la crise que nous venons de vivre (et que nous vivons encore) est, pour AWL, un échec sans nom :

 […] j’en suis convaincue, que nos gouvernements ont tué des vieux et des obèses, sans parler des autres sacrifiés, par leurs stratégies minables […]

[…] tout ça pour désencombrer un hôpital qui ne cessera jamais d’être encombré si on ne décide pas de lui assurer des moyens […]

 […] c’est important de comprendre pourquoi et comment on est devenu un vieux con. 

L’écriture est sombre et pessimiste. Les dessins le sont tout autant malgré le débordement de couleurs.

Le sourire peut naitre au coin des lèvres du lecteur et c’est tant mieux.

Car l’image qui nous est donné, à nous/de nous, citoyens, individus, membres d’une communauté n’est que peu reluisante :

Le peuple a toujours dix ans de retard, et, quand il se réveille sur un seul sujet, on l’encule déjà avec un autre sans même qu’il s’en aperçoive.

Journal de bord

Sans chronologie précise, sans date, il est une succession de tranches de vie, de constats et de réflexions personnelles.

Pamphlet

Les « élites » en prennent pour leur grade. Gouvernants, journalistes, experts sont pointés du doigt :

[…] diffuser de la merde dans son journal de merde […]

Il me semblait plus important que jamais de créer un classement mondial du niveau de crétinerie de la presse. À tous les coups, on serait champions.

[…] nous venons de subir un an de totalitarisme, cloitrés dans nos intérieurs à nous farcir des mensonges gros comme des tanks […]

Libre à chacun de partager tout ou partie de ces avis tranchés.

Licence artistique 

Tout est-il bon à jeter dans la société qui est désormais la nôtre ?

Le monde court-il à sa perte ?

Pouvons-nous avoir encore confiance ? Confiance en l’autre ? Confiance en nos gouvernants ? Confiance en les médias ?

Et surtout, qu’en est-il du grand complot ?

L’avis de l’autrice semble en tous les cas bien tranché.

Quoiqu’il en soit, s’il ne fallait retenir qu’une seule chose de ce livre, si un élément nécessite réflexion et peut-être remise en question, c’est celui-ci :

C’est plus la cage le problème, c’est le désir de la cage.

David Dusart