Dans le sillage du confinement

Jean-Luc OUTERS, Un temps immobile, Gravures de Simon OUTERS, Taillis Pré, 2022, 103 p., 14 €, ISBN : 978-2-87450-192-0

outers un temps immobileC’est à la faveur ( ! ) de l’époque où nous étions confinés au creux de nos logis que Jean-Luc Outers a perçu « le son de la terre ».

Il avait toujours eu le sentiment que celle-ci tournait sur elle-même en silence, et voici qu’il saisissait un bruit ténu, lointain, presque imperceptible, qui lui ouvrait des horizons, lui révélait un au-delà mystérieux, captivant, d’une dimension cosmique. « On se croyait enfermé et on entend enfin le son de l’univers. »

Avec Un temps immobile, il revit ce temps cloîtré, aux humeurs variées, sur des tons différents.

Ici, familier, gentiment ironique : « Le matin, au petit déjeuner, mon fidèle labrador me fixe d’un regard mélancolique, l’air de dire : ‘qu’est ce que tu fais encore ici à cette heure ?’ » .

Là, désemparé par l’absence d’événements sportifs, suspendus pour cause de pandémie, alors que, confie-t-il, le sport rejoint pour lui « le registre de l’émotion ». Plus de compétitions sur le petit écran qui ne le fait plus « vibrer, hurler, rire ou pleurer ».

Il se désole aussi de ne plus le pratiquer. « Comme Henri Michaux, je suis devenu le sportif au lit ».

Devant les musées fermés au public, il s’interroge : des villes sans art sont-elles encore des villes ?

Plus loin, il observe comment la vie à deux vingt-quatre heures sur vingt-quatre peut infléchir l’harmonie des couples que des disputes anodines, des oublis sans importance risquent alors d’altérer, d’assombrir.

Est venu enfin le temps des assouplissements. De la liberté de mouvements retrouvée.

On referme pensivement ce petit livre à l’accent très personnel mais qui nous touche de près. Méditation sensible, éclairante, sur les répercussions du confinement, de la pandémie, dans nos vies.

Et l’on se surprend à guetter parfois, secrètement, « le son de la terre ».

Francine  Ghysen

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