Ziska LAROUGE, L’affaire Octavia Effe, Academia, 2022, 173 p., 17 € / ePub : 12,99 €, ISBN : 978-2-8061-0674-2
Le 8 juillet 2018 dans le Gers, la gendarmerie de Telloure est informée qu’un motard a été renversé par une voiture rouge qui a pris la fuite. Inconsciente, la victime pourrait bien être le mari d’Octavia Effe, la romancière à succès. Mais celle-ci manie si bien le mystère qu’elle est introuvable et que l’on ne sait à peu près rien de l’homme qui partagerait sa vie. Dans ce brouillard de conditionnels, une évidence se détache : c’est bien sur une tentative de meurtre qu’il va falloir enquêter.
Chargés de l’affaire, le lieutenant Joy Froissart et son mari, le sous-lieutenant Michaël Cornillac, devront mettre leurs problèmes de famille de côté pour démêler les fils de la trame des événements. Pour Joy, l’enquête est une échappatoire toute trouvée à ses angoisses post-partum : plutôt se plonger dans une analyse poussée de chaque élément que de s’interroger sur ses difficultés à se sentir mère. Et avec l’œuvre d’Octavia Effe, il y a de la matière pour s’évader. D’ailleurs, en son absence, ses livres pourraient-ils parler pour elle ? Pour Michaël, il s’agit de trouver comment aider sa supérieure et ménager son épouse, tout en préservant sa famille. Mais Joy n’est décidément pas facile à suivre… ni à supporter.
En mélangeant intrigue policière, histoires d’amour et de familles et incursions dans les mondes de l’information et du divertissement, Ziska Larouge aligne une nouvelle galerie de portraits particulièrement vivants. Elle prend aussi plaisir à jongler avec les genres, mêlant, comme on collecte des indices, narration classique, transcriptions d’interviews, articles de presse ou d’encyclopédie, courriels et, évidemment, références aux œuvres d’Octavia Effe, dans une mise en abyme au service de l’aspect énigmatique propre au récit policier.
Avec le rythme effréné et le style pétillant qui la caractérisent, l’autrice parvient à insuffler de la légèreté dans un roman à base de sang et de meurtre. On se laisse embarquer avec enthousiasme sur des arcs-en-ciel puis ramener, parfois brutalement, à la noirceur de L’affaire Octavia Effe. Parce qu’en définitive, il s’agit bien d’un polar, qu’on pourrait déconseiller aux âmes sensibles.
Déjà remarquée dans Hôtel Paerels ou La grande fugue, la patte de Ziska Larouge, c’est la fantaisie. Ce n’est pas la vraisemblance que l’on cherche dans ses titres, mais bien le plaisir d’assembler le puzzle qu’elle a inventé pour ses lecteurs.
Estelle Piraux