Archives par étiquette : Milan Chlumsky

L’espace en regardant devant soi

Jan BAETENS, Ici, mais plus maintenant, photographies de Milan Chlumsky, Impressions nouvelles, 2019, 112 p., 12 €, ISBN : 978-2-87449-686-8

Une des fonctions de la poésie est de trouver le point d’intensité des choses.

La force minérale du monde, et la vivacité fragile des images et des mots, constituent un seul et complexe champ d’investigation.

Le métier unique de Jan Baetens, sa passion et son originalité foncière, consistent à capter et à refléter la diversité irrésistible du monde dans de petits miroirs solaires, des post-it magnétiques, qu’il dispose un par un autour de lui, avec une science d’abeille fouisseuse.

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La lecture entre parenthèses

Un coup de cœur du Carnet

Jan BAETENS, Milan CHLUMSKY (photos), La lecture, Les Impressions Nouvelles, 2017, 74 p., 12€, ISBN : 978-2-87449-460-4

baetens la lectureLa liberté du lecteur a quelque chose de désarmant, justement parce qu’elle est illimitée, inconditionnelle. Partant de deux tableaux d’Henri Fantin-Latour ayant pour titres La Lecture et réalisés respectivement en 1870 et 1877, Jan Baetens poursuit, dans ce nouveau recueil, son questionnement sur les liens qui unissent, de manière parfois souterraine, le texte et l’image. On pourrait dire d’ailleurs que ces correspondances sont envisagées ici selon un triple dialogue puisqu’aux textes inspirés par les tableaux du peintre grenoblois né en 1836 viennent se greffer les photographies de Milan Chlumsky qui ouvrent et ferment le volume. Une construction tridimensionnelle cohérente et exigeante, comme toujours chez Baetens, et qui permet cet échange décuplé entre trois formes artistiques. Le peintre d’abord, Fantin-Latour, que tous les amateurs de littérature connaissent pour son coin de table en 1872. Un portrait de groupe réaliste représentant les poètes présents lors d’un dîner des Vilains Bonshommes à Paris et où l’on voit, dans le coin gauche, Rimbaud face à Verlaine et tournant le dos aux autres littérateurs. On reconnaît facilement le style de Fantin-Latour dans les deux tableaux qui servent au poète de déclencheurs d’écriture. Deux peintures qui mettent chacune en scène deux femmes, l’une faisant la lecture à l’autre. Comme le précise Jan Baetens dans son introduction,  « il était clair que la réponse textuelle devait être autre chose qu’une illustration verbale de l’image ». Les quarante textes-fragments du recueil sont donc à envisager comme des prolongements, des extensions de tous les non-dits, de tous les secrets qui sont contenus dans les deux toiles et donc dans l’acte de lire. Continuer la lecture