Archives par étiquette : Zones sensibles

Hautes fréquences, micro-ondes, et marchés boursiers

Un coup de cœur du Carnet

Alexandre LAUMONIER, 4, Zones sensibles, 2019, 114 p., 15 €, ISBN : 978-293-0601-36-6

Amis lecteurs, ne partez pas de suite à la lecture de ce titre ! Il existe des livres qui, a priori, ne devraient jamais réussir à atteindre, pour différentes raisons, certains de nos contemporains : ils ne lisent pas, ou plus (c’est très tendance, dans un monde où penser et écrire passent pour des pertes de temps et où Proust est synonyme d’ennui abyssal) ; ils ne s’intéressent qu’à l’actualité économique ou boursière (et donc ont développé d’autres capacités supérieures dans un lexique particulier) ; ils préfèrent lire des ouvrages strictement catégorisés (au choix, polar, manga, botanique, colombophilie, gastronomie, philosophie kantienne ou roman historique) ; et parfois la découverte de technologies nouvelles et de codages informatiques performants leur semble plus appropriée à la culture « geek » de l’époque dont ils se revendiquent. À tous ceux-là – s’ils ont la chance que l’information leur parvienne –, mais aussi à tous les curieux de littérature haut de gamme, on recommandera chaudement la lecture de 4 (c’est bien son titre), nouvel opus d’Alexandre Laumonier publié chez Zones sensibles. Continuer la lecture

Nostalgies anthropologiques

David BERLINER, Perdre sa culture, Zones sensibles, 2018, 156 p., 15 €, ISBN : 978-293-0601-35-9

« Le temps passe », « les temps changent », « ce n’est plus ce que c’était », « tout fout le camp », « les traditions se perdent »… On pourrait continuer ainsi à énumérer les phrases disant la perte et la nostalgie d’un passé irréversible. De l’étude de cette nostalgie David Berliner, anthropologue, professeur à l’Université libre de Bruxelles a fait un très beau livre qu’il destine aux chercheurs en sciences sociales, aux spécialistes du patrimoine et des études mémorielles et muséales, aux philosophes, aux historiens, aux psychanalystes et psychologues, aux politologues ou aux géographes. On ajoutera à tout citoyen en quête de réponses aux replis nationalistes qui se servent de la perte pour exprimer la peur et la haine de l’autre et empoisonnent nos sociétés, pour retrouver un peu d’optimisme au tout nostalgique qui pourrait nous étreindre, pour raffiner la pensée au sujet de la patrimonialisation et ne pas tomber dans le politiquement correct de l’authenticité. Pour cela, David Berliner conçoit le métier d’anthropologue comme celui d’un diplomate « qui parvient à trouver le mot juste pour parler de et avec l’autre ». Continuer la lecture