L’arbre devant soi

Mélanie GODIN

jamartSoif de vie est un recueil composé de cinq parties, chacune introduite par une citation, comme épinglée pour révéler la démarche poétique de sa jeune auteure publiée pour la première fois. Une première fois, c’est quelque chose. Cela se raconte.

Après une rencontre avec l’écrivain et éditeur Daniel Simon lors d’un atelier d’écriture, Géraldine Jamart, philosophe de formation, a pris confiance en elle pour opérer un tri parmi de nombreux poèmes composés durant une dizaine d’années. Ces textes ont été rassemblés et réorganisés par thème, avec entre autres : la question du deuil, de l’enfance, la nature et l’intention poétique dans l’écriture. Comme bon nombre de poètes, la marche fait partie intégrante de son processus de création. L’un ne va pas sans l’autre. La présence de mots tels que « randonnées », « chemin », « marche », « trajet » renforce l’idée de mouvement.

L’expérience de la marche conduit vers l’écriture et le travail sur la langue. Depuis qu’elle a sauté le pas, l’auteure écrit de plus en plus. Souvent, lors d’un déplacement, à pied, mais aussi parfois en train, une phrase résonne. Le début du poème surgit. Elle n’écrit que de la poésie. C’est là où elle se sent la plus authentique. Où elle touche à la simplicité recherchée, à une certaine limpidité. Un lieu d’inspiration domine, celui de la mer et ses plages d’Ostende. Un point commun à partager avec d’autres auteurs belges. La photo de couverture représente un homme couché sur le sable plantant un arbre devant la mer, de manière un peu étrange, voire surréaliste. Celle-ci traduit bien sa « soif de vie » :

Il a planté son arbre,
dans le sable humide.

Les cerfs-volants se sont couchés,
les amoureux de passage,
emportés par les vents.

Devant la mer,
l’arbre et l’homme sont entrelacés.

Pour Géraldine Jamart, écrire un poème, c’est « donner une valeur à ce qui est vécu ». L’écriture, comme un autre lieu pour vivre autrement chaque instant. À l’instar d’un William Cliff (également grand poète de la marche) qui pense que ce qu’il est en train de vivre vaut au moins un poème, elle scrute les brèches de « nos vies passagères » pour « retenir l’instant » en l’écrivant.

Géraldine JAMART, Soif de vie, Bruxelles, Traverse, coll. « Carambole », 2014, 72 p., 10 €

Écoutez Géraldine Jamart au micro d’Edmond Morrel sur espace-livres.be :