« Plutôt la vie, dit la voix d’en face »

Un coup de coeur du Carnet

Anthologie du surréalisme belge, établie par Paul ARON et Jean-Pierre BERTRAND, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2015, 350 p., 12 €

L’anthologie établie par Paul Aron et Jean-Pierre Bertrand est un outil idéal pour découvrir mais aussi enseigner le surréalisme belge, qui fut peuplé d’individualités fortes et attachantes jusqu’en ses derniers prolongements, dans les années 70.

La facilité aurait consisté à ouvrir le ban avec Paul Nougé qui, s’il ne tint pas la position dirigiste, quasi « papale », d’un André Breton en France, insuffla au mouvement son caractère expérimental et son esprit radicalement subversif. Mais les auteurs ont préféré laisser la parole à un témoin capital, le musicien André Souris, qui, en 1966, prononçait aux Entretiens de Cerisy une conférence où il revenait sur les ferments du surréalisme en Belgique. Il y relatait notamment comment, le 22 novembre 1924 – soit une semaine avant la publication de la Révolution surréaliste à Paris –, les premiers tracts colorés de la série Correspondance furent mis en circulation. Cette série de vingt-deux textes à valeur programmatique, « au tour allusif, précieux, parfois sibyllin, légèrement inquiétant », allait ouvrir la voie à l’expression d’une constellation de créateurs tous plus originaux les uns que les autres. « No