Regarde dans ton assiette !

Luc BABA et Marion DIONNET, Bonne fête, mouton !, Éditions de la Province de Liège, 15 € (à partir de 9 ans)

babaLe propos de Bonne fête, mouton ! ne pourrait être plus “à propos”, justement, en ces drôles de temps dans lesquels peur et amalgames côtoient de près, dans la cour de récré, la légèreté d’enfants qui s’amusent les uns avec les autres et n’ont rien demandé.

L’histoire ? Ahmed, un petit garçon musulman, évoque auprès de ses copains de classe son absence à l’école le lendemain, pour cause de fête toute proche de l’aïd : la fête du mouton, célébration incontournable de l’Islam, aussi appelée “fête du sacrifice”. Celle-ci consiste en l’offrande sacrificielle d’un animal selon certaines règles bien précises et en mémoire de la soumission d’Ibrahim à Allah qui a accepté d’offir son unique fils auquel un mouton s’est substitué au dernier moment. Lesdits copains, outrés d’imaginer le mouton assassiné, se mettent en tête de sauver le pauvre animal, de l’enlever du jardin d’Ahmed pour l’emmener dans la forêt… Mais ça ne se passera évidemment pas comme prévu ! Au final,  surpris en flagrant délit par les parents d’Ahmed, Arthur, Antoine et Julien rentrent chez eux un peu penauds et désolés et ne regardent plus la viande dans leur assiette de la même manière…

Le texte – édité par les éditions de la Province de Liège par ailleurs spécialisées en ouvrages pédagogiques – de l’auteur Luc Baba, dit les choses de façon claire et concrète : pas de métaphores ni trop de poésie et c’est sans doute pour le mieux : ainsi, tout est bien compris. On perçoit que chacun a ses raisons d’avoir raison, qu’il faut respecter l’autre, ses croyances, et, comme le dit l’expression, “regarder dans son assiette !”.

Histoire de boucler la boucle, le livre se conclut par une suite de définitions pour éviter de  confondre les Arabes et les musulmans, pour bien comprendre ce qu’est la fête du mouton, et plus largement, ce qu’est précisément une religion.

De la poésie, par contre, on en trouvera dans les illustrations délicates en linogravure de l’artiste Marion Donnet, qui a par ailleurs pu réaliser l’ouvrage grâce à une bourse de découverte de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Victoire de CHANGY