Guy DELHASSE, Les Littérantes. Le mag du tourisme littéraire en Wallonie et à Bruxelles, n°1 octobre 2020
Quel est le point commun entre Guy Delhasse et son moyen de déplacement favori, à savoir le vélo ? Eh bien, c’est que l’un comme l’autre sont incapables de reculer. Par contre quand il s’agit de foncer bille en tête, de prendre les chemins de traverse, d’aborder une côte en partant en danseuse, bref d’aller de l’avant, on ne rattrape plus le gaillard.
Combien en aura-t-il organisé, de ces « promenades littéraires » où il s’aventure – tantôt en suivant le fil rouge d’un thème, tantôt en se laissant inspirer par sa seule humeur buissonnière – avec un groupe de motivés du guidon et du bouquinage, dans une région liégeoise qu’il connaît comme sa poche ? Pas une maison natale ou résidentielle d’écrivain, pas un lieu-dit évoqué dans tel roman de Marie-Thérèse Bodart ou d’Armel Job, pas une ruelle d’Outremeuse où traîne quelque anecdote pas seulement simenonienne – qu’il ignore. Et comme tous les érudits authentiques, l’homme est d’une modestie confondante. Il ne la ramène pas, Guy, et s’il vous balade, ce n’est qu’à coups d’histoires vraies.
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Puis il est généreux. Voici qu’il glisse dans votre boîte aux lettres un fascicule de sa composition où l’on chercherait en vain un encart, même écrit en taille de caractère 7, expliquant la formule d’abonnement. Au moins a-t-il mentionné son mail et son adresse postale… Les Littérantes. Cela sonne bien. C’est simple et beau. Rien de tel qu’un mot-valise pour inviter au voyage, sauf qu’ici un briquet à ficeler derrière la selle suffira, garni de quelques tartines, une bouteille thermos et un « biscuit de soldat ». Le programme tient dans le sous-titre : « Le mag du tourisme littéraire en Wallonie et à Bruxelles ». Il fallait y penser. Il fallait l’oser, surtout. Guy l’a fait, et il avait toutes les bonnes raisons de son côté : « Le tourisme littéraire, nous-dit-il en prélude, est naissant. Il respecte le climat, la distance sociale, la liberté individuelle. Et si on le lançait ? ». Allez !
Sa publication tient sur un seul feuillet qui se déplie, un peu sur le modèle du Un lancé par cet autre pédaleur invétéré d’Éric Fottorino. En fait, elle se déploie aussi, façon carte d’état-major. Le doigt se hasarde avec sensualité le long de la dorsale wallonne, effleure Liège et Namur, puis va faire quelques chatouilles à Bruxelles, Binche, Bastogne, se détourne des villes en B- pour aller se rafraîchir à Spa et jazzer à Dinant. En l’espace de quatre pages, le lecteur a baguenaudé dans toute la FWB…
À chaque étape sa rencontre. Les noms rassemblés pour cette première excursion (Agnès Dumont, André-Joseph Dubois, Marie-Pierre Jadin, Caroline Gravière, Francis Groff et d’autres) sont bien connus ici, un peu moins plus loin, et sans doute pas du tout Outre-Quiévrain. Peu importe : l’essentiel est de les faire passer, de la main à la main, comme les petits mots d’amour ou les « copions » dans les classes de notre enfance…
En animateur organisé, Guy Delhasse annonce le programme des prochaines livraisons : un Mag 2 consacré à la collection « Belgiques » chez Ker et un Mag 3 « spécial Liège » avec un focus sur un album édité par la Province de Liège. Qu’il drache ou qu’il fasse malade, aucune excuse ne tiendra : nous serons au rendez-vous pour suivre le guide et l’as.
Frédéric Saenen