Archives par étiquette : tourisme

Bruxelles au fil des écrivains

Paul ARON, Laurence BROGNIEZ, Solbosch, Éditions de l’université de Bruxelles, coll. « Guides littéraires de Bruxelles », 2022, 84 p., 12 €, ISBN : 9782800418070
Paul ARON, Laurence BROGNIEZ, Quartier Canal, Éditions de l’université de Bruxelles, coll. « Guides littéraires de Bruxelles », 2022, 116 p., 12 €, ISBN : 9782800418087

aron brogniez solboschLa littérature naît dans des lieux, elle s’en inspire, elle les imprègne, elle s’y imprime. Chaque jour, nous croisons, sans le savoir, les routes d’écrivains – anciens ou contemporains –, nous passons devant leur maison, nous humons l’ambiance de leurs quartiers, nous traversons les paysages qui ont modelé leur imaginaire, l’univers dont ils ont su saisir l’âme d’un trait de plume, la géographie qu’ils ont transfigurée. Pourquoi ne pas chausser les lunettes de la littérature pour découvrir la ville ? Flâner dans l’espace comme on flâne dans les textes – des livres pour boussole ? Continuer la lecture

Le Chemin du crime

André LINARD, Des cailloux dans les chaussures, F Deville, 2022, 410 p., 24 €, ISBN : 978-2875-99053-2

linard des cailloux dans les chaussuresCompostelle, le Camino francés… Depuis le début du 9ème siècle chrétien, ce pèlerinage a déplacé une  multitude de croyants, pèlerins pour indulgences puis pèlerins d’aventure, de rencontres, de foi et de corde… Compostelle, au-delà des Pyrénées… On marchait pour faire quelque chose d’intime et de collectif à la fois pour s’en remettre à Dieu…

En 2008, l’auteur, le journaliste, l’homme du droit journalistique et du voyage André Linard avait, avec Suzanne Dubois, fait d’une traite le trajet vers Saint-Jacques, trois mois de marche… Ce cheminement leur avait permis de rencontrer autant la magnificence du sublime que maintes interrogations à propos des dérives de ce fabuleux parcours. Leur livre, Compostelle, La mort d’un mythe [Couleur livres, 2010] avait développé nombre de critiques et d’interrogations à propos de ce pèlerinage devenu en partie une forme de loi d’exploit de tourisme de masse. L’écrivain-voyageur anglais Bruce Chatwin, dans Anatomie de l’errance, a révélé à quel point la chrétienté avait développé une piété antagoniste dans l’élévation des cathédrales versus les pèlerinages. La pierre, le temps et la fugacité. Le Chemin de Compostelle aujourd’hui est aussi encombré que l’Himalaya aux heures de pointe, on y fait la file et le business, l’idéologie New Age, le développement personnel, l’hygiénisme, la nature comme nouvelle religion etc… ont fait de cette tribulation un étrange compromis. Continuer la lecture

Suivez le guide et l’as…

Guy DELHASSE, Les Littérantes. Le mag du tourisme littéraire en Wallonie et à Bruxelles, n°1 octobre 2020

Quel est le point commun entre Guy Delhasse et son moyen de déplacement favori, à savoir le vélo ? Eh bien, c’est que l’un comme l’autre sont incapables de reculer. Par contre quand il s’agit de foncer bille en tête, de prendre les chemins de traverse, d’aborder une côte en partant en danseuse, bref d’aller de l’avant, on ne rattrape plus le gaillard. Continuer la lecture

Pourquoi voyage-t-on?

Daniel LAROCHE

roelensSous le titre Éloge du dépaysement, Nathalie Roelens, professeur à l’université du Luxembourg, nous livre un essai fouillé sur les récits de voyage, de Montaigne à Gracq en passant par Stendhal, auxquels elle oppose le contemporain tourisme de consommation – non sans conclure curieusement sur une apologie de la marche flâneuse…  Un moment essentiel dans cet historique : le « Grand Tour » que, leurs études terminées, les fils de riches familles anglaises effectuaient au 18e siècle dans les principales villes du continent, principalement en France et en Italie, en vue d’élargir leurs horizons géographiques, politiques, artistiques et humains. Néanmoins, ce sont bien des écrivains qui, mettant en livres péripéties et impressions, ont donné à cette expérience longtemps élitaire une véritable épaisseur symbolique : « le voyage resémantise les choses, les rend inédites et donc perturbantes à force d’introduire l’insolite dans le prévisible » (p. 75). N. Roelens examine successivement quelques lignes de faîte de ce genre littéraire apparemment mineur, en commençant par l’inévitable intrication entre réel et fiction. Elle dégage ainsi une thèse qui devient peu à peu le fil conducteur de son essai : l’équation entre le voyage physique et la lecture, qui est une évasion mentale. Continuer la lecture