COLLECTIF, Pierre Mertens ou la quatre-vingtaine, Taillis pré, coll. « Essais et témoignages », 2021,105 p., 14 €, ISBN : 978-2-87450-178-4

Pierre Mertens a eu quatre-vingts ans le 9 octobre 2019. Pour fêter cette belle échéance, plusieurs de ses proches – sa sœur Catherine, sa fille Dominique, Agnès Triebel, Pietro Pizzuti – avaient mis sur pied des retrouvailles amicales et festives dans un haut lieu de la bohème bruxelloise : « La Fleur en papier doré ». Héros en veston fraise et chevelure blanche, assistance triée sur le volet, témoignages chaleureux, lectures d’extraits de Terreurs, des Bons offices et de Perasma, pauses musicales, zeste de souvenirs nostalgiques, buffet conclusif, tous les ingrédients d’une réussite parfaite étaient au rendez-vous. Elle a d’ailleurs fait l’objet d’une opportune captation vidéo, due à Marc Ghysels : les absents peuvent donc apprécier l’ambiance cordiale et conviviale qui régnait ce soir-là rue des Alexiens…

Cependant, l’euphorie retombée, les organisateurs se sont avisés que la richesse des interventions verbales méritait une trace plus durable. Il fut alors décidé de les publier en volume, dans une version revue et augmentée : témoignage de P. Mertens sur ses débuts littéraires, allocutions de J. Sojcher, J. De Decker et Y. Namur, déclaration sans ambages de G. Scarpetta : « Pierre Mertens n’est pas le plus grand écrivain belge vivant, il est l’un des quatre ou cinq plus grands romanciers vivants dans le monde ». Suivent le texte de P. Pizzuti Au clair de lune diffusé sur la RTBF le 13 mai 2020, ainsi que, « last but not least », un inédit de P. Mertens : Lettre à Franz Kafka, où se confirme une fois de plus le sentiment d’extraordinaire reconnaissance que l’auteur éprouve à l’égard de l’écrivain tchèque, découvert dès l’âge de seize ans.

Assurément, ce petit livre d’amitié a sa pleine et entière pertinence. Écrivains, artistes et autres créateurs sont les éclaireurs de la communauté à laquelle ils appartiennent. Cette fonction se marque particulièrement dans l’œuvre abondante et diverse de P. Mertens, de par son caractère à la fois cosmopolite et visionnaire. Il eût été incompréhensible qu’un hommage significatif ne lui soit pas rendu à l’occasion de ses quatre-vingts ans. En général, les Belges ne sont pas les champions de tels gestes de reconnaissance : c’est donc pour tous l’occasion de nous en réjouir.

Daniel Laroche