Archives par étiquette : Pierre Mertens

De l’écrit à l’écran : littérature et cinéma, une relation kaléidoscopique

COLLECTIF, Littérature et cinéma, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2023, 200 p., 18 €, ISBN : 978-2-803200-75-7

collectif littérature et cinemaDe Rimbaud à Duras, de Simenon à Bourdouxhe, de Steeman à Aymé, rares sont les écrivains qui n’ont pas entretenu un lien – étroit ou non – avec le cinéma. Entre adaptations, réécritures et translations, les relations de la littérature avec le septième art prennent des formes innombrables et variées. Elles ont donné lieu à des chefs-d’œuvre et à des échecs, démontrant parfois que le « passage sur un autre plan » provoque inévitablement « du gagné et du perdu », comme le signale François Emmanuel. « La littérature et le cinéma forment un couple, pour le meilleur… et parfois pour le pire » rappelle Yves Namur en guise de préambule au colloque sur la littérature et le cinéma qui s’est tenu en octobre 2022 à l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique et dont les actes sont désormais publiés. Continuer la lecture

Gribouille en Morticolie ?

Littérature et Médecine. Deux arts du regard. Autour de Jean-Christophe Rufin, Jean-Baptiste Baronian, Georges Casimir, Bernard Dan, François Emmanuel, Philippe Lekeuche, Pierre Mertens, Yves Namur et Raymond Reding, Académie rouyale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2023, 130 p., 15 €, ISBN : 9782803200696

litterature et medecine deux arts du regardLittérature et Médecine… L’ordre des mots adopté dès le titre se soumet-il simplement à celui de l’alphabet, ou bien est-ce que, fussent-elles toutes deux affublées d’une majuscule et érigées en « arts du regard » la seconde reste un corollaire de la première ? Il fallait trancher, bien sûr, et ce livre parle davantage en termes de « roman », « fiction », « auteurs », que de « pathologie », « traitement » ou « praticien ».

Il n’empêche : l’historiographie littéraire (francophone mais pour tout dire, mondiale) a beau regorger de figures d’« écrivains-médecins », il serait peut-être plus juste de les qualifier de « médecins-écrivains », puisque l’exercice de l’art d’Esculape précéda parfois de loin la fréquentation des Muses… Prenons le cas le plus célèbre en littérature française du XXe siècle, Louis-Ferdinand Céline. Il découvre sa vocation au Cameroun, en 1916, en soignant vaille que vaille les populations indigènes. Sa thèse de médecine, consacrée à un chirurgien hongrois du siècle précédent, est considérée, à raison, comme son premier texte littéraire… mais il faudra attendre les années 1926-1927 pour qu’il se mette à la rédaction de ce qui allait devenir Voyage au bout de la nuit. Combien sont-ils, parmi ses détracteurs, à regretter que le Docteur Destouches ait lâché son carnet d’ordonnances pour devenir le paradigme de l’écrivain collabo et antisémite ? Continuer la lecture

Le Top 3 de Francine Ghysen

Le Carnet et les Instants revisite l’année littéraire 2021 avec le Top 3 de ses chroniqueurs et chroniqueuses. La sélection de Francine Ghysen.
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Un fantastique en quête de centre

Bacary SARR, Imaginaire de l’insolite et problématique identitaire dans les lettres belges francophones. Un nouveau fantastique ?, Presses Universitaires de Liège, Série « Littératures », 2021, 140 p., 18 €, ISBN : 978-2-87562-283-9

sarr imaginaire de l'insoliteUne énième étude sur le fantastique belge ? Le sujet n’est-il pas rebattu ? Et des spécialistes de la carrure d’un Baronian ne se sont-ils pas assez exprimés sur la question pour qu’on puisse enfin considérer le terrain comme défriché, balisé, connu ? Le spécialiste en comparatisme dans le domaine francophone Bacary Sarr anticipe cette remarque en avertissant d’emblée que son étude ne fera intervenir nul bestiaire à cornes ou à canines et ne convoquera aucun esprit à coup de table tournante. Se démarquant en effet du « fantastique conventionnel », il privilégie celui « qui se fonde sur une perception intérieure particulière de la réalité ». Continuer la lecture

Hommage à un grand éclaireur

COLLECTIF, Pierre Mertens ou la quatre-vingtaine, Taillis pré, coll. « Essais et témoignages », 2021,105 p., 14 €, ISBN : 978-2-87450-178-4

collectif pierre mertens ou la quatre-vingtainePierre Mertens a eu quatre-vingts ans le 9 octobre 2019. Pour fêter cette belle échéance, plusieurs de ses proches – sa sœur Catherine, sa fille Dominique, Agnès Triebel, Pietro Pizzuti – avaient mis sur pied des retrouvailles amicales et festives dans un haut lieu de la bohème bruxelloise : « La Fleur en papier doré ». Héros en veston fraise et chevelure blanche, assistance triée sur le volet, témoignages chaleureux, lectures d’extraits de Terreurs, des Bons offices et de Perasma, pauses musicales, zeste de souvenirs nostalgiques, buffet conclusif, tous les ingrédients d’une réussite parfaite étaient au rendez-vous. Elle a d’ailleurs fait l’objet d’une opportune captation vidéo, due à Marc Ghysels : les absents peuvent donc apprécier l’ambiance cordiale et conviviale qui régnait ce soir-là rue des Alexiens… Continuer la lecture

« L’erreur d’une vie. La vie d’une erreur »

Pierre MERTENS, Les éblouissements, Seuil, coll. « Points », 2021, 475 p., 8,50 €, ISBN : 978-2-7578-8509-3

mertens les éblouissementsPour son cinquantième anniversaire, la collection « Points » propose la réédition de titres qui ont ponctué son histoire. Le roman de Pierre Mertens, Les éblouissements, y trouve sa place. Il s’est vu attribuer le prix Médicis en 1987.

Le roman met en scène le poète allemand Gottfried Benn, né en 1886 et mort en 1956. Considéré comme un des écrivains majeurs de la littérature allemande du 20e siècle, défendant à partir des années 1910 une esthétique expressionniste, il s’est cependant fourvoyé brièvement en 1936, affirmant si pas des sympathies du moins une tolérance à l’égard du régime nazi dont il est quelque temps « compagnon de route ». Bien vite il revient sur cette erreur, mais il sera renié autant par les autorités que par ceux de ses pairs en littérature qui, eux, ont choisi l’exil pour lutter contre la dictature nazie. Benn est donc censuré, voué au silence avant d’être reconsidéré après la Seconde Guerre par les jeunes écrivains de ce que l’on a appelé la génération de « l’année zéro » qui redécouvrent la pertinence et la fulgurance de son œuvre, mais le questionnent aussi sur les raisons de son aveuglement passager. Continuer la lecture

Les premiers lauréats belges des six grands prix littéraires d’automne en France

Charles Plisnier
Charles Plisnier, premier lauréat belge du prix Goncourt

La rentrée littéraire et l’effervescence qu’elle entraine dans le monde du livre, trouvent leur point d’orgue dans la remise des grands prix littéraires d’automne : le Goncourt, le Renaudot, le Femina, le Médicis, l’Interallié et le grand prix du roman de l’Académie française. Ces six prix hexagonaux, gages de ventes importantes pour les livres primés, ont tous couronné au moins une fois un lauréat belge. Retour sur les six auteurs qui ont inscrit pour la première fois la littérature belge au palmarès de ces prix.

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Le roman, cette fable du siècle

Pierre MERTENS, Les bons offices, Seuil, coll. « Points. Signatures », 2019, 564 p., 11.40 €, ISBN : 9-782757-881699

On ne soulignera jamais assez combien la littérature francophone de Belgique, lorsqu’elle est mise en valeur dans des éditions de prestige, retrouve la place qui lui revient, dont les effets de mode ou de réputation, et l’absence de vraie promotion l’éloignent trop souvent. Comme d’autres écrivains belges – les « référents » historiques, comme De Coster, Lemonnier , Plisnier, mais aussi les contemporains comme Harpman, De Decker, Jones, Ayguesparse pour n’en citer que quelques-uns parmi les romanciers et nouvellistes –, Pierre Mertens a pris place parmi les « classiques » de la littérature française.  À son œuvre, dont on voit aujourd’hui avec le recul des années, et au terme d’une quinzaine de romans et recueils de nouvelles, l’importance et la cohérence, il manquait d’entrer dans une collection patrimoniale internationale de référence. C’est chose faite dorénavant, au moins pour un des romans, Les bons offices, les plus significatifs de la bibliographie mertensienne. Le Seuil a été particulièrement bien inspiré de l’insérer dans sa prestigieuse collection de poche « Signatures ». Elle réunit quelques figures de proue, dont les œuvres sont autant de balises incontournables lorsqu’il s’agit pour la littérature de prodiguer les indispensables instruments de compréhension du monde. Continuer la lecture

Sur la trace des non-dits

Michel JOIRET, avec la collaboration de Noëlle LANSVoyage en pays d’écriture, Avant-dire de Pierre Mertens, M.E.O., 2017, 500 p., 25 €/ePub : 14.99 €, ISBN : 978-2-8070-0140-4

joiret voyage en pays d ecriture.pngIl existe entre un livre et son auteur un espace d’exploration littéraire que Michel Joiret appelle en collaboration avec Noëlle Lans, « Voyage en pays d’écriture ». Le principe en est cristallin : partir sur les traces des écrivains, là où ils ont commis leur œuvre et y découvrir ce que les sens de la présence sur place peuvent offrir. C’est-à-dire les non-dits des auteurs et l’esprit des lieux d’écriture. Continuer la lecture

Annonce : rencontre littéraire le 18 mars

Journée de la Francophonie à Bxl

L’âme belge dans tous ses états

Pascale TOUSSAINT, C’est trop beau ! trop !, Bruxelles, Samsa, 2015, 270p., 24€

toussaintL’ouvrage de Pascale Toussaint est une anthologie thématique qui met en valeur cinquante écrivains belges. Face à un marché qui possède déjà quelques anthologies de littérature belge de qualité, on est en droit de se poser la question de l’intérêt d’un nouveau recueil de ce type. C’est guidée par cette question que je me suis plongée dans C’est trop beau ! trop ! afin de vous livrer ses lignes de force… Continuer la lecture