Philippe BLASBAND, Chocolat amer, Castor astral, 2022, 264 p., 20 € / ePub : 9,99 €, ISBN :
979-10-278-0330-9
Le monde du polar est une galaxie complète, avec des ambiances allant du tragique à la comédie, des enquêteurs récurrents ou non, menées par des policières ou des amatrices…
Le polar peut être noir ou rouge sang, angoissant ou ironique, politique ou pas, historique que ce soit à la manière de Bernie Gunther ou du frère Cadfaël, mais toujours il démonte les ressorts de l’âme humaine ou les rouages de la société en mettant le doigt – et la lumière – là où ça fait mal.
Bref, c’est un fameux défi que d’entrer dans le « concert des nations » aux côtés d’Arnaldur Indridason, Henning Mankell, Philip Kerr, Andrea Camilleri, Hervé Le Corre, Dror Mishani … et dans l’ombre tutélaire de Georges Simenon. Avec Chocolat amer, c’est ce que tente Philippe Blasband, connu comme romancier depuis 1990 (De cendres et de fumées) et également comme dramaturge et comme scénariste.
L’intrigue se déroule de nos jours, à Bruxelles ma belle, par un été caniculaire…
Tous les matins, en m’éveillant, je me dis la même phrase : ‘Tu es toujours vivante, Sabine Verhelst’. […] Cette phrase, au réveil, ça a commencé quand j’avais trente-deux, trente-trois ans, quand j’étais encore pute, quand j’étais déjà droguée.
Une vingtaine d’années plus tard, Sabine Verhelst est toujours un peu Congolaise (« Ma grand-mère m’appelait ‘la crasseuse’, à cause du teint de ma peau, je crois ») et, depuis huit ans, la patronne du café « La Belette », ainsi nommé en souvenir du temps où Sabine avait permis l’arrestation d’un tueur de prostituées et gagné ainsi le surnom « la Fouine ».
Un matin donc où elle est toujours vivante, Sabine découvre un cadavre dans son café. Pourquoi la police est-elle d’emblée persuadée que la victime s’appelle Thomas Likiesamo ? Pourquoi aurait-on assassiné François, client occasionnel et employé au CPAS ? Les deux victimes (l’une réelle, l’autre putative) étant d’origine africaine, l’affaire est-elle liée à des enjeux de politique internationale ? S’agit-il d’un crime crapuleux ? Et si c’était Sabine qui était visée ? Mais par qui et pourquoi ?
Commissaire, inspecteurs plus ou moins nets, substitute du Procureur du Roi auront beau unir leurs efforts ( ?), c’est bel et bien Sabine qui les coiffera au poteau.
Malgré le milieu des trafiquants de drogue lié au fameux Baron Smet. Malgré la mafia des Suédois (aimablement surnommée « les Ikea ») qui est très très dangereuse, aux dires mêmes de toutes les parties prenantes à l’enquête. Malgré aussi l’épidémie de Covid, présente à chaque page, car Sabine est très très à cheval sur le port du masque, sur l’usage du gel hydro-alcoolique et sur les distanciations sociales. Cette enquête deviendra le témoin d’une époque, en quelque sorte.
Marguerite Roman