Un coup de cœur du Carnet
Vincent ENGEL, Vous qui entrez à Montechiarro, Asmodée Edern et Ker, 2023, 412 p., 25 € / ePub : 9,99 € / audiolivre : 20,90 €, ISBN : 978-2-87586-355-3
Trois époques : la fin du 19e siècle, le fascisme et la pandémie. L’Italie : Venise, Rome, Lipari et… la Toscane bien sûr mais, pas tant que ça finalement. Plus acteur que décor, le village de Montechiarro est en filigrane des différents récits, sans forcément les abriter.
Il y a d’abord Roberto, qui quitte son bourg toscan à contrecœur. Son ainé envoie leur mère à l’hôpital à Venise et Roberto ne peut rester loin de l’unique objet de son affection. Au cœur de la Sérénissime, il découvre une autre forme d’amour, en même temps qu’un courage et une détermination que personne ne lui connaissait.Quelques années plus tard, c’est à Rome que l’on rencontre Stefano, fasciste dévoué, laissé sans le sou à la mort de son pourtant puissant et fortuné grand-père. Il devient le responsable du camp de Lipari, où il scelle son destin à celui de Cenzo, jeune milicien par nécessité et non par conviction.
Enfin, en 2020, Baptiste Morgan part se ressourcer à Venise pour faire le point sur sa vie. Alors que le confinement est déclaré en Italie, il part à la recherche des chaînons manquants de plusieurs histoires étonnamment connectées entre elles et… à Montechiarro.
Vincent Engel complète à nouveau ce que l’on appelait sa « fresque italienne » il y a vingt ans et qu’il convient désormais de nommer « Le monde d’Asmodée Edern », du nom de ce personnage qui apparaît et disparaît mystérieusement, aidant les protagonistes à poursuivre leur chemin. Suite ? Fin ? Plutôt quelques nouvelles pièces au puzzle dont on ne se risquerait pas à définir précisément les contours. En publiant Vous qui entrez à Montechiarro, l’auteur l’associe à quatre romans qui constituent cet ensemble : Retour à Montechiarro, Requiem vénitien, Les absentes et Le miroir des illusions. En même temps, à la lecture de ce dernier opus, les lecteurs fidèles ne manqueront pas de noter des références à Oubliez Adam Weinberger, Et dans la forêt, j’ai vu ou La vie oubliée. Il faut dire qu’en mettant en scène Baptiste Morgan, l’alter ego auquel il a parfois emprunté son nom de plume, Vincent Engel se livre lui-même, sans détour.
On retrouve les thèmes qui lui sont chers : l’Italie, l’Histoire, les amours contrariées, les relations toxiques, les rapports de force et de domination, la vengeance, l’introspection, les espoirs, les regrets. On apprécie, cette fois encore, les nuances et l’évolution des personnalités qui se dévoilent au fil des pages. On se laisse captiver, émouvoir, surprendre et on fouille sa mémoire à la recherche des souvenirs de précédentes lectures. En entrant à Montechiarro, on a envie d’y retourner ou d’écouter un requiem vénitien ; bref, de lire ou relire les autres titres du « Monde d’Asmodée Edern ». Ceux-ci viennent justement d’être réédités. Les cinq romans sont ainsi disponibles en quatre formats : couverture souple, couverture rigide, livre électronique et livre audio (trois des cinq livres audio sont disponibles, les deux autres sont en préparation). Autant de façons d’entrer ou de retourner à Montechiarro.
Estelle Piraux