Archives par étiquette : Rome

Il était une fois entre Ladispoli et Cerveteri…

Thilde BARBONI, Les enfants de Cinecittà, Academia, coll. « Évasion », 2022, 226 p., 20 € / ePub : 14,99 €, ISBN : 978-2-8061-0638-4

barboni les enfants de cinecitta

L’œuvre de Thilde Barboni a abordé avec bonheur différents genres littéraires : le roman, le théâtre, le scénario de bandes dessinées, le feuilleton radiophonique. La pratique de ces différents modes de narration a donné à la romancière un sens aigu de l’image, de l’espace du récit et de l’enchaînement fluide  des différentes séquences qui hypnotisent littéralement le lecteur jusqu’au dénouement.

On retrouve ces qualités dans ce dernier roman, dont une traduction italienne parut l’an dernier. Le récit, qui débute dans l’Italie de l’après-guerre, a trouvé sous la plume de la romancière cette singularité idéale que la fiction requiert lorsqu’elle est précisément située dans un lieu et une époque de l’Histoire. Pour Les enfants de Cinecittà, il s’agissait de situer les personnages et leur destinée dans ce quelque part dans la campagne italienne, entre Ladispoli et Cerveteri. Mais aussi, plus avant dans le récit, le livre raconte la découverte de la ville de Rome par Antonio, enfant, les travaux des champs, la vocation de cinéaste née au hasard  d’un tournage d’une équipe de Cinecittà, et le destin de celui qui « inventa » un genre cinématographique qu’un critique new-yorkais appela le « western-spaghetti » et qui fit date dans l’histoire du septième art. Continuer la lecture

Les mots, la guerre, l’amour

Jean-Luc OUTERS, Hôtel de guerre, Gallimard, coll. « L’infini », 2022, 192 p., 18 € / ePub : 12,99 €, ISBN : 9782072944239

outers hotel de guerreAu fil d’une saisissante fiction, Jean-Luc Outers nous embarque dans une remontée dans le temps, un vertige mémoriel, direction Sarajevo assiégée, au cœur des combats dans l’ex-Yougoslavie. Invité par Reporters sans frontières à se rendre à Sarajevo en qualité d’écrivain, l’auteur séjourne en 1994 durant une semaine à l’Holiday Inn où sont regroupés les journalistes internationaux. Vingt-cinq ans plus tard, une force irrépressible le pousse à remettre ses pas dans l’année 1994, à se donner rendez-vous avec un pan de passé collectif marqué par la douleur, avec un fragment de passé intime condensé dans le nom d’Anna, une anesthésiste italienne rencontrée dans un hôpital. Continuer la lecture

Le voyage, « un alcool de vie »

André DOMS, Écrits du voyage, 3 vol., Herbe qui tremble, 2019 : Italiques, 208 p., 18 €, ISBN : 978-2-918220-83-1 ; Ibériques, 254 p., 18 €, ISBN : 978-2-918220-85-5 ; Balkaniques, 220 p., 18 €, ISBN : 978-2-918220-84-8 

Le poète André Doms nous livre, en trois denses volumes – Italiques, Ibériques, Balkaniques -, ses Écrits du voyage. Portés par une invocation vibrante : « en soi et par soi-même, le voyage m’emporte, m’ouvre, et je m’y adonne comme à un alcool de vie ».

Attirée par Italiques, je lisais avec plaisir : « l’Italie, première qui me donne à vivre les clartés méditerranéennes, physiques et métaphysiques ».

Son rapport majeur à l’Italie fut littéraire. De la rencontre avec l’écrivain et traducteur Franco Prete et quelques amis, initiateurs de la belle aventure d’Origine, pariant sur la reconnaissance mutuelle des poésies italienne et française, incarnée par de nombreuses publications alliant ferveur et rigueur, à la lecture inépuisable de poètes et romanciers, épinglant les Carnets de Dino Buzzati qui, « avec leurs réflexions, imaginations, apologues, angoisses et fantasmes, font un chant terrible de la solitude humaine ». Continuer la lecture

Liberski Roma

Un coup de cœur du Carnet

Stefan LIBERSKI, La cité des femmes, Albin Michel, 2018, 280 p., 19 € / ePub : 12.99 €, ISBN : 978-2-226-40218-9

liberski la cite des femmesSept ans après son dernier roman, Le Triomphe de Namur (La Muette, 2011), l’écrivain, cinéaste, bédéiste et homme de télévision Stefan Liberski publie La cité des femmes aux éditions Albin Michel.

La cité des femmes, c’est un film de Federico Fellini sorti en 1980. Mais c’est donc aussi, désormais, le titre d’un roman de Stefan Liberski : l’histoire d’un jeune aspirant écrivain, Étienne Kapuscinski, qui quitte Bruxelles, son mariage et son métier pour gagner Rome et assister au tournage de La cité des femmes de Fellini. Toute ressemblance avec Stefan Liberski, parti lui-même à Rome pour assister au même tournage fellinien en « témoin privilégié » n’aurait, bien sûr, rien de fortuit. L’anecdote autobiographique donne une saveur testimoniale jouissive aux apparitions du maestro, campé en génie sur le déclin, manipulateur, égocentrique et jaloux de son harem. Continuer la lecture

Un chassé-croisé bien ficelé

Xavier HANOTTE, Du vent, Belfond, 2016, 19 €/ePub : 12.99 €   ISBN : 978-2-7144-5826-1

hanotte

Enfin, après six ans …, un nouveau roman de Xavier Hanotte !  Même si, depuis Des feux fragiles dans la nuit qui vient, le lecteur a pu se mettre quelques textes sous la dent comme La Nuit d’Ors et Soit dit entre nous… je suis un ours, tous deux au Castor Astral en 2012 ainsi qu’une nouvelle graphique : 1914-1918. Les anges de Mons, publiée en 2013.

Mais pour le coup, cela valait la peine d’attendre – nécessité faisant loi, de toute façon – puisque Xavier Hanotte nous gratifie d’un « Romans » et non, ce n’est pas une coquille.  Continuer la lecture

Salade romaine dans les labyrinthes du temps

Philippe NOTHOMB, Augures, Avant-Propos, 2016

phnothombLe propos ne manque pas d’intérêt a priori : un thriller historico-religieux nous plongeant aux origines du christianisme, relatant les conflits de pouvoir entre empereurs romains, mêlant ces questions à notre monde contemporain jusque dans ses dimensions terroristes, interrogeant les notions de temps ou de Dieu, de hasard et de sens à donner à nos vies. Continuer la lecture

Une lecture jouissive

Un coup de coeur du Carnet

Gérard MANS, Poche de noir, Bruxelles, maelstrÖm, 2015, 280 p., 16 €

mans_paqueC’est un vrai plaisir que procure ce premier roman de Gérard Mans, romaniste, critique d’art, bibliothécaire et enseignant. Un plaisir total, celui qu’on éprouve (encore) à lire une histoire passionnante, celui plus subtil qui vous envahit lorsque vous êtes sûr de rencontrer la littérature à l’œuvre, là, offerte à votre sensibilité, à votre sens esthétique. Et plus encore si elle s’adresse comme ici, discrètement à votre goût de l’humour. Serait-il de préférence noir, cet humour ?

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