Archives par étiquette : Florence Noël

Le mythe jamais écrit de la consolation

Florence NOËL, Ni de sang, ni de sens, Nouvelle Revue des Élytres, édition spéciale n°2, mars 2022, 36 p., 8 €, ISSN : 0777401 

noel ni de sang ni de sensQue dire ou plutôt comment dire le réel quand il y a eu attentat ?

Dans son dernier recueil Ni de sang, ni de sens sous-titré Chants pour Paris 13 novembre 2015 & pour Bruxelles 22 mars 2016, Florence Noël ruse avec la langue pour sonder la question du sens d’un réel volé en éclats. Quelle langue pour la sidération ?

Au travers de ce recueil, c’est comme si Florence Noël se demandait : quelle langue quand on attente à

[ce qui] restera
composé à 75%
d’eau 

êtres humides
êtres humains Continuer la lecture

« des siècles tremblants de tant de vie… »

Un coup de cœur du Carnet

Florence NOËL, Assise dans la chute immobile des heures, Bleu d’encre, 2021, 117 p., 12 €, ISBN : 978-2-930725-39-0

noel assise dans la chute immobile des heuresEn 2019, Solombre, le précédent recueil de Florence Noël pour lequel elle a reçu le prix Delaby-Mourmaux, s’ouvrait par une citation d’exergue de l’écrivain mexicain Octavio Paz. Pour Assise dans la chute immobile des heures qui paraît aux éditions Bleu d’encre, l’auteure convie le poète argentin, Roberto Juarroz, à ouvrir le bal. Premiers indices peut-être qui attestent de l’importance accordée au tremblé de la lumière, de cette « lumière fendue d’exactitude », verticale, qui arrose littéralement la poésie de Florence Noël. Comme l’arpenteur du désert dont la vue est troublée par le brouillard à l’horizon, le lecteur perçoit d’emblée ici ce que nous identifions dans les autres recueils à savoir, cette tension constante entre la nuit intraitable, consolatrice et l’ardeur vacillante de la lumière. Véritable « épopée lumineuse », livre solaire sur la table de chevet de la nuit, la langue poétique ne cesse de jouer sur ces contrastes pour révéler l’angoisse profonde d’un trop-plein d’émotions, une crainte ancestrale qui peut surgir à tout instant. « Peur incurable » de ces lendemains qui s’épuisent et au creux desquels même la rosée déchante. Continuer la lecture

Les prix littéraires de l’AEB

La maison Camille Lemonnier, siège de l’AEB

L’Association des écrivains belges de langue française a remis ses traditionnels prix littéraires ce mardi 22 octobre. La poésie et le roman étaient à l’honneur, de même que les maisons d’édition belges.  Continuer la lecture

Quand la nuit enfle

Florence NOEL, frontispice de Pierre GAUDU, Solombre, Taillis Pré, 2019, 83 p., 14 €, ISBN : 978-2-87450-145-6

C’est durant la nuit que la poésie s’éveille ! Celle des amants, des enfants dont les « pattes nues» effleurent, tel un pinson apeuré, « le carrelage en damier », celle aussi des silences angoissés, des spectres, des attentes et des promesses que l’on ne tiendra peut-être pas. Attendant l’aube, la nuit se plaît à décliner les ombres solitaires que suggère le titre en forme de mot-valise. « Solombre », l’ombre au sol projetée, nocturne, la cache sombre du soleil noir, ou encore la nuit-ombrelle protégeant des strates de l’astre qui, on le sait, redeviendra carmin dès les premiers rayons du jour. «  Solombre », mot d’exergue extrait des Hommages et profanations d’Octavio Paz et que Florence Noël fait sien pour enclencher l’écriture. Mais c’est aussi dans la nuit que l’écriture scelle les serments, les longues histoires, toujours les mêmes, que l’on raconte aux enfants pour les rassurer, leur permettre de plonger dans la nuit des songes consolateurs. Comme pour les soustraire aux cauchemars qu’aiguise la nuit intraitable qui se terre derrière les tentures et que les contes balaieront « d’une aile ». Continuer la lecture