Florence NOËL, Ni de sang, ni de sens, Nouvelle Revue des Élytres, édition spéciale n°2, mars 2022, 36 p., 8 €, ISSN : 0777401
Que dire ou plutôt comment dire le réel quand il y a eu attentat ?
Dans son dernier recueil Ni de sang, ni de sens sous-titré Chants pour Paris 13 novembre 2015 & pour Bruxelles 22 mars 2016, Florence Noël ruse avec la langue pour sonder la question du sens d’un réel volé en éclats. Quelle langue pour la sidération ?
Au travers de ce recueil, c’est comme si Florence Noël se demandait : quelle langue quand on attente à
Née au Nord Viêt-Nam, Tuyêt-Nga Nguyên a grandi dans le Sud. En exil, elle a trouvé chez nous un pays d’adoption alors qu’elle est venue faire ses études à Bruxelles et elle y est restée, non sans vivre entretemps aux États-Unis et en Afrique. Dans ses romans précédents, elle s’est attachée à parler de son pays d’origine déchiré par la guerre, à en dire l’histoire et la culture, dont tout récemment dans Soie et métal. Relevant le défi de la collection Belgiques, elle décline en six nouvelles tout son attachement à cet autre pays qui est devenu le sien, et qu’elle a appris à aimer avec les yeux neufs de ceux qui le découvrent, guidée par un souci de comprendre et une curiosité que peu de natifs déploient. Continuer la lecture →
Sophie PIRSON, Couvrez-les bien, il fait froid dehors… Conversations avec Fatima Ezzarhouni, Cerisier, 2021, 105 p., 12 €, ISBN : 9782872672325
Sophie Pirson nous donne à lire les fragments de ses nombreuses conversations avec Fatima Ezzarhouni, une femme rencontrée dans un programme de médiation. Rien n’est anodin dans l’espace de parole qui a permis une entrevue surprenante entre les deux femmes, l’une étant une Bruxelloise dont la fille a été blessée lors de l’attentat de Maelbeek, et l’autre, une Anversoise d’origine marocaine dont le fils radicalisé est parti en Syrie. Continuer la lecture →
Jean-Marie PIEMME, Bruxelles, printemps noir suivi de Scandaleuses et 1953, Postface de Pierre Piret, Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2018, 288 p., 9 €, ISBN : 978-2875681492
Comment le théâtre est-il à même de questionner l’Histoire, ses crises, ses tragédies ? Comment dresser un dispositif scénique qui la prend au piège de ses propres folies ? Dramaturge majeur de la scène théâtrale actuelle, Jean-Marie Piemme construit « un théâtre de situations » (Sartre) comme l’analyse Pierre Piret dans sa très riche postface. Créée par Philippe Sireuil, la pièce Bruxelles, printemps noir évoque les attentats qui frappèrent Bruxelles le 22 mars 2016. Pour le pire, le réel a reproduit l’imaginaire : alors qu’il avait rédigé une fiction sur le thème des attentats, ces derniers frappent la capitale, la plongeant dans un printemps noir. Jean-Marie Piemme se livrera à un travail de réécriture, produisant un texte théâtral mobile, laissé ouvert au sens où la mise en scène, le jeu des acteurs interviennent dans l’articulation des dix-huit tableaux qui la composent. Interrogeant l’irruption des forces de mort dans le tissu de la vie, la construction de la tragédie adopte un point de vue kaléidoscopique : elle combine les voix des victimes, des morts, leurs dernières paroles soufflées par les bombes, les voix des blessés, les discours entre cynisme et veine ubuesque des politiciens, des ministres, l’intervention des Parques, l’interview d’un djihadiste, la voix de la faucheuse, de la camarde,celles de l’auteur, des acteurs jouant la pièce.
Marc MEGANCK, Après nous les nuages, 180°, 2017, 124 p., 14 €, ISBN : 9782930427829
« J’ai eu peur. Pas pour moi. Simplement peur de ne pas te revoir, de ne plus jamais humer ta part intime, ton île secrète – mourir en insulaire est un projet qui me correspond. » De sa petite capitale désenchantée – entendez Bruxelles –, le narrateur s’adresse à sa belle qui vit dans la ville de toutes les lumières – Paris bien sûr. La jonction est douloureuse entre les deux grandes villes : les attentats qui les ont marquées fin 2015 et début 2016, battant le tambour en marge de leur passion. Continuer la lecture →
À la suite des événements dramatiques survenus à Bruxelles, la Poétesse Nationale Laurence Vielle a souhaité s’exprimer à travers un poème qu’elle a intitulé “Tu es cible”.