Les premiers lauréats belges des six grands prix littéraires d’automne en France

Charles Plisnier
Charles Plisnier, premier lauréat belge du prix Goncourt

La rentrée littéraire et l’effervescence qu’elle entraine dans le monde du livre, trouvent leur point d’orgue dans la remise des grands prix littéraires d’automne : le Goncourt, le Renaudot, le Femina, le Médicis, l’Interallié et le grand prix du roman de l’Académie française. Ces six prix hexagonaux, gages de ventes importantes pour les livres primés, ont tous couronné au moins une fois un lauréat belge. Retour sur les six auteurs qui ont inscrit pour la première fois la littérature belge au palmarès de ces prix.

1 – Le Goncourt : Charles Plisnier en 1937

Le prix Goncourt est remis pour la première fois en 1903. Le premier lauréat belge est récompensé en 1937. Il s’agit de Charles Plisnier. Cette distinction est une première à plusieurs titres.


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Charles Plisnier est non seulement le premier lauréat belge, mais aussi le premier auteur non-français à remporter le prix. À titre de comparaison, le premier lauréat suisse – Jacques Chessex – sera récompensé en 1973 seulement. 

En primant Charles Plisnier pour Faux passeports, le jury du Goncourt récompense en outre pour la première fois un recueil de nouvelles, lui qui n’avait jusque-là primé que des romans.

Le Goncourt des lycéens, prix annexe du Goncourt créé en 1988, a pris un véritable essor, au point que son lauréat est désormais presque aussi attendu que celui du Goncourt lui-même et qu’il est devenu quasi aussi prescripteur que son prestigieux aîné. Un prix qui attend toujours son premier lauréat belge.   

2 – Le Femina : Dominique Rolin en 1952

Dominique Rolin

Dominique Rolin

Le prix Femina a été créé en 1904, en réaction aux choix, jugés misogynes, du jury du Goncourt. Jusqu’à aujourd’hui, le jury du Femina a la particularité d’être totalement féminin, alors que les jurys littéraires sont toujours majoritairement composés d’hommes. Conséquence directe : le palmarès du Femina est aussi le plus féminin de tous les grands prix, avec 35 % de lauréates. 

Le premier lauréat belge de ce prix est une lauréate. Dominique Rolin a été primée en 1952 pour Le souffle, paru aux éditions du Seuil.

3 – L’Interallié : Félicien Marceau en 1955

Le prix Interallié a été créé en 1930, par des journalistes qui attendaient le verdict du jury du Fémina. 

marceau les elans du coeurLe premier belge est couronné en 1955 : il s’agit de Félicien Marceau, récompensé pour Les élans du coeur (paru chez Gallimard). Le même auteur recevra aussi le Goncourt, en 1969, pour Creezy. Des récompenses qui ne vont pas sans un certain malaise en Belgique : le Conseil de guerre de Bruxelles avait condamné par contumace l’écrivain, de son vrai nom Louis Carette, en 1946 pour ses activités de journaliste pendant la guerre et avait prononcé sa déchéance de nationalité. 

4 – Le Renaudot : Conrad Detrez en 1978

Conrad Detrez

Conrad Detrez

Le prix Renaudot est décerné depuis 1926, année où il a été créé par une poignée de journalistes attendant le résultat du Goncourt. Aujourd’hui encore, le lauréat de ce prix est annoncé quelques minutes avant celui du Goncourt.

Le premier lauréat belge est couronné en 1978. Conrad Detrez obtient le Renaudot pour L’herbe à brûler, paru chez Calmann-Levy. 

5 – Le Médicis : Pierre Mertens en 1987

Le prix Médicis récompense chaque année un roman ou recueil de nouvelles dont l’auteur n’a pas encore la notoriété qu’il mérite. Le prix a été créé en 1958.

Le premier belge récompensé est Pierre Mertens, primé en 1987 pour Les éblouissements (Seuil). Celui qui est aujourd’hui président du jury du Rossel, réédité dans la collection « Point Signatures » et a connu les honneurs d’une biographie signée Jean-Pierre Orban, publiait depuis près de 20 ans lorsqu’il a reçu le Médicis. En Belgique, son travail avait été salué par le Rossel dès 1970, pour L’Inde ou l’Amérique, paru chez Seuil. 

6 – Le grand prix du roman de l’Académie française : Amélie Nothomb en 1999

L’Académie française remet chaque année de nombreux prix littéraires, décernés généralement en juin. Pour son grand prix du roman, toutefois, l’institution s’est mise à l’heure de la rentrée littéraire et décerne ce prix en automne, avec les autres grands prix qui sanctionnent la rentrée littéraire. Le grand prix du roman est remis depuis 1915.

Amélie Nothomb

Amélie Nothomb

Il faut toutefois attendre 1999 pour qu’un auteur – en l’occurrence une autrice – belge remporte ce prix. Amélie Nothomb est couronnée en 1999 pour Stupeur et tremblements (Albin Michel), récit de ses aventures catastrophiques dans une entreprise japonaise. Amélie Nothomb reste jusqu’à ce jour la seule Belge au palmarès d’un prix qu’elle a reçu ex aequo avec François Taillandier, primé pour Anielka