Archives par étiquette : 5e couche éditions

By jove ! La Marque Jaune, roman

Un coup de cœur du Carnet

Edgard P. JACOBS, La Marque Jaune, 5e couche, coll. « Didascalies », 2022, 124 p., 10 €, ISBN : 978-2-39008-083-1

jacobs la marque jaune la 5e coucheAu rayon littérature française chez votre libraire, l’ouvrage n’attire pas vraiment plus l’attention qu’un autre. Une couverture blanche ornée d’un filet bleu, une typographie alternant le noir pour l’auteur et le bleu nuit pour le titre, tout semble indiquer qu’on a sous les yeux un ouvrage de cette maison bien connue qui publie Jean Echenoz, Pierre Bayard ou Eugène Savitzkaya. La couverture, cartonnée à dos carré, intrigue un peu, mais voilà, un zeste de coquetterie sans doute… Et puis… By jove ! Damned ! Bon sang ! Dès qu’on ouvre la première page, trois phrases bien senties propulsent le lecteur non endormi dans l’atmosphère nocturne du « fog » anglais : « Big Ben vient de sonner une heure du matin. Londres, la gigantesque capitale de l’empire britannique, s’étend, vaste comme une province, sous la pluie qui tombe obstinément depuis la veille. Sur le fond du ciel sombre, la tour de Londres, cœur de la ‘City’, découpe sa dure silhouette médiévale… » Ces quelques lignes, un peu désuètes (où en est aujourd’hui l’empire britannique ?) campent directement l’atmosphère d’un de ces romans qu’aurait pu écrire Agatha Christie, ou, avant elle, Jules Vernes… Continuer la lecture

Dépression au-dessus du dessin

Benjamin MONTI, Rupture (fragments), La 5e couche et IMAGEs, 2021, 130 p., 20 €, ISBN : 978-2-39008-071-8

monti rupture fragmentsVoici deux bandes dessinées où s’insère un essai, tels trois livres en un.

Livre 1 : la rupture. Sous la forme d’un long strip de 56 pages, deux grandes vignettes par page, deux cases par vignette, Benjamin Monti raconte en noir et blanc et par fragments intimes, la rupture dont il ne se relève pas. D’entrée, la question d’un bébé vient rompre l’équilibre du couple et bien que ce soit une erreur d’étiquettes, l’amour a basculé : il n’y  aura ni bébé ni avortement mais désaccords. Une dialogie, telle que développée par le théoricien Bakhtine dans Problème de la poétique de Dostoïevski, s’entame alors entre elle et lui, en lui, en elle, par des discours internes, mais aussi formellement entre les deux cases de chaque vignette. Continuer la lecture

Quarante-huit fois 48cc

Ilan MANOUACH, Abrégé de la bande dessinée franco-belge, 5e Couche, 2019, 48 p., 20 €, ISBN : 978-2-39008-018-3

Curieux ouvrage que cet Abrégé de la bande dessinée franco-belge livré par la maison d’édition indépendante La 5e Couche. Cet album conceptuel est l’œuvre de l’artiste Ilan Manouach, un plasticien et musicien né en 1980 à Athènes et qui a étudié à l’Institut Saint-Luc à Bruxelles. Son travail autour de la bande dessinée l’a amené à détourner différents albums : notamment le Maus d’Art Spiegelman, devenu Katz (imprimé en 2011 à petit tirage, il représente tous les personnages avec des têtes de chat) ; ou Les Schtroumpfs Noirs dans Noirs (qui consiste en une réimpression de l’album en utilisant uniquement de l’encre cyan). En 2015 sort Tintin Akei Kongo, une traduction pirate en Lingala de l’album Tintin au Congo. Son œuvre tactile Shapereader, composée de plusieurs panneaux en bois, se présente comme un répertoire de formes revisitant la bande dessinée et destiné aux lecteurs malvoyants. Enfin, en 2018, Manouach publie Blanco, un album entièrement vierge qui interroge entre autres sur la standardisation et la commercialisation (le terme blanco désignant, dans le jargon de l’imprimerie, un exemplaire non imprimé d’un livre, permettant d’évaluer l’objet en tant que tel). Continuer la lecture