Prix des lycéens de littérature pour Michel Claise

Michel Claise

Le prix des lycéens de littérature a livré son verdict ce mercredi 8 mai, au cinéma Palace. Pour cette édition, les 2.300 élèves de 5e et 6e secondaires, représentant une cinquantaine d’écoles de Bruxelles et de Wallonie, ont dû choisir leur lauréat, parmi les 5 romans d’écrivains belges qui leur étaient soumis. Le prix des Lycéens revient à Michel Claise, mais les autres finalistes n’ont pas été oubliés.

Le prix des Lycéens de littérature

Organisé tous les deux ans par la cellule Culture-Enseignement du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le prix des lycéens soumet cinq romans d’auteurs belges aux élèves participants, qui ont aussi eu l’occasion de rencontrer les auteurs dans leur classe tout au long de l’année scolaire. Ce sont ainsi plusieurs milliers d’adolescents qui participent à une opération mêlant plaisir de lire et valorisation des écrivains belges francophones.

La sélection 2018-2019

Pour cette édition du prix des Lycéens, les cinq romans en lice avaient été choisis par un jury de professionnels :

Monsieur Origami, premier roman de Jean-Marc Ceci,Gallimard
Cobre (cuivre) de Michel Claise, Luce Wilquin
Patricia de Geneviève Damas, Gallimard
L’affaire Mayerling de Bernard Quiriny, Payot-Rivages
Rosa, premier roman de Marcel Sel, Onlit

Les lauréats

Cobre, de Michel Claise (Luce Wilquin) , reçoit le prix des lycéens de littérature 2019. Les lycéens lui ont également accordé le prix Découverte du roman qui nous ouvre à des mondes inconnus. Le prix de cette année récompense donc aussi le travail d’une maison d’édition belge – une récompense d’autant plus symbolique que Luce Wilquin a cessé ses activités.


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L’avis du jury

Le roman de Michel Claise nous entraîne avec son jeune héros dans une course-poursuite haletante à travers le Chili, tout juste tombé aux mains de Pinochet. Au travers des yeux de Jorge, nous découvrons un volet tragique de l’histoire de l’Amérique latine et, en suivant ses pas, nous traversons les paysages contrastés du Chili comme si nous y étions. Mais Cobre nous révèle aussi des réalités moins visibles, comme celle de la culture chamanique, et surtout, l’importance de la fraternité dans la lutte pour la liberté. Une fraternité et une empathie que le livre de Michel Claise nous amène à ressentir vis-à-vis des nombreux Chiliens qui ont dû fuir leur pays, et plus largement, envers tous ceux qui connaissent la douleur de l’exil.

L’affaire Mayerling de Bernard Quiriny (Payot-Rivages) obtient le prix Symphonie du roman qui fait entendre plusieurs voix.


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L’avis du jury

Pour évoquer les évènements mystérieux qui se déroulent dans un immeuble fraîchement construit, Bernard Quiriny n’a pas hésité à puiser dans différents registres, mêlant la fable, le suspense, le fantastique, sans oublier une touche d’humour grinçant.

La forme et le fond de L’Affaire Mayerling se rejoignent : malgré leurs différences, les occupants de la résidence s’unissent pour atteindre leur but. De même, l’auteur marie les tons, les styles et les voix de ses personnages en parfait chef-d’orchestre, offrant au lecteur une multiplicité de points de vue qui finissent par former un ensemble harmonieux.

Rosa, premier roman de Marcel Sel (Onlit) reçoit le prix « Minecraft » de la meilleure construction du récit et le prix des délégués de classe.


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L’avis du jury

Un peu comme un jeu dont les règles sont simples mais les possibilités infinies, Rosa est un roman qui allie un langage accessible à une construction dont la complexité se révèle au fil de la lecture. Pour explorer les liens qui unissent les membres d’une famille sur trois générations, Marcel Sel utilise la mise en abyme et nous prend à témoin de l’écriture d’un roman dans le roman. Ce procédé lui permet de jouer sur l’alternance des époques et des lieux, sur les changements de points de vue et sur les émotions de ses personnages, pour mieux nous faire éprouver la vérité de chacun.

Quant aux délégués de classe, ils expliquent : Nous avons choisi Rosa parce que le roman a jeté un pont entre l’Italie fasciste d’hier et les rues de Bruxelles aujourd’hui. Parce qu’il est la preuve que les traumatismes se transmettent d’une génération à l’autre, comme les objets dont on hérite. Parce qu’il offre la possibilité d’un pardon et d’une reconstruction.

Nous avons choisi Rosa parce qu’il nous dit, entre les lignes, qu’écrire est un voyage difficile mais qu’il peut nous sauver.

Monsieur Origami, de Jean-Marc Ceci (Gallimard) repart avec le prix Papiers de « soi ».


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L’avis du jury

En jouant sur les mots, nous avons voulu mettre en évidence l’effet subtil que Monsieur Origami provoque chez le lecteur. Sous son apparente simplicité, ce conte philosophique nous invite à la réflexion, au travers de personnages qui cherchent à atteindre l’essentiel. Comme l’origami que déplie délicatement Maître Kurogiku pour découvrir en son cœur un haïku, le livre de Jean-Marc Ceci se déploie en nous bien après qu’on l’a refermé. Sans bruit, il nous invite à faire une pause pour prendre le temps de l’introspection.

Patricia, de Geneviève Damas (Gallimard), obtient le prix des choix qui changent une vie.


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L’avis du jury

Le roman de Geneviève Damas traite de la situation des migrants à travers trois personnages dont elle nous fait partager les pensées.

Leurs voix simples nous parlent des rencontres qui nous transforment. Leur histoire montre comment les circonstances bouleversent parfois le cours d’une vie, en nous forçant à faire des choix lourds de conséquences : partir ou rester ? espérer ou renoncer ? s’isoler dans la souffrance ou saisir la main tendue pour nous relever ?

Le palmarès du prix des Lycéens : 

2017 : Emmanuelle Pirotte, Today we live
2015 : Barbara Abel, Derrière la haine
2013 : Bernard Gheur, Les étoiles de l’aube
2011 : Armel Job, Tu ne jugeras point
2009 : Tuyêt-Nga Nguyen, Le journaliste français
2007 : Bernard Tirtiaux, Pitié pour le mal
2005 : André-Marcel Adamek, La grande nuit et Foulek Ringelheim, La seconde vie d’Abram Potz(ex-aequo)
2003 : Armel Job, Helena Vannek
2001 : Nicolas Ancion, Quatrième étage et Vincent Engel, Oubliez Adam Weinberger (ex-aequo)
1999 : Henri Bauchau, Antigone
1997 : Louise L. Lambrichs, Le jeu du roman
1995 : Bernard Tirtiaux, Le passeur de lumière
1993 : Francis Dannemark, Choses qu’on dit la nuit entre deux villes