Armel JOB, Le meurtre du Docteur Vanloo, Robert Laffont, 2023, 342 p., 21 € / ePub : 14,99 €, ISBN : 9782221267103
Le nouvel opus d’Armel Job emmène ses lecteurs à Fontenal, un petit village ardennais, inconnu du GPS mais proche de la frontière avec le Luxembourg, pour une bonne vieille enquête policière.
Qui a tué le Docteur Vanloo ? En tout cas avec un couteau et dans son salon.
C’est le commissaire Demaret, « entre deux âges, poivre et sel, un peu voûté, jean, blouson » qui est chargé de l’enquête. Madame Vandewalle, « une femme en tailleur gris du même âge que Demaret » est la juge d’instruction désignée par le procureur du roi, sous la supervision de Sophie Lebrun, la substitute toute fraîche émoulue. « Elle a trente-deux ans. Elle est substitute depuis deux mois. Le procureur lui a confié de quoi s’occuper, principalement les dossiers d’accidents de roulage. (…) Conclusion : elle a beau appartenir à la magistrature debout, elle n’a jamais quitté son siège. (…) Et il fallait que ça tombe sur elle ! »
Au fur et à mesure de l’enquête, «le bon docteur » se révèle être un coureur de jupons compulsif : le meurtre serait-il l’œuvre d’un mari cocu ? ou d’une maîtresse évincée ? ou son épouse ? – alors que le village entier le pensait célibataire.
Les suspects ne manquent pas et, en l’occurrence, ils voyagent généralement par deux. Des couples désassortis comme Alice et Jacques Brasseur, asymétriques comme Lynn et Mathias Warland, désaccordés comme Daniel Durieux et Annette. Et pourquoi Candice, la veuve délivrée, s’estime-t-elle mariée à Nicolas ?
Il y a une lettre anonyme, il y a une demande de faux témoignage entre voisins, il y a une certaine voiture parquée – ou non – à une certaine heure à un certain endroit et toujours cette lancinante question de la troisième clé du presbytère.
L’intrigue avance comme elle peut entre les non-dits, les demi-confidences et les faux-semblants des uns et des autres. À la fin, c’est le lecteur qui recevra le premier les aveux de culpabilité; encore faudra-t-il savoir si la police arrivera au même résultat…
Bref, un suspense extrêmement bien mené, des retournements de situation, des jeux d’influence entre les différents acteurs de l’enquête. L’inexpérimentée substitute, qui doit revendiquer la féminisation de son titre de fonction, qui se fait refouler de la scène de crime au début de l’affaire, qui essaie de cesser d’être « Ma petite Sophie » aux yeux de la juge d’instruction, y gagnera ses premiers galons.
Marguerite Roman