Archives par étiquette : fascisme

Lieu d’être

Un coup de cœur du Carnet

Véronique BERGEN, Annemarie Schwarzenbach. La vie en mouvement, Double ligne, coll. « Figures de l’itinérance », 2021, 19 €, ISBN : 978-2-9701433-2-1

bergen annemarie schwarzenbach la vie en mouvementNulle figure autre que celle d’Annemarie Schwarzenbach ne pouvait inaugurer la prometteuse collection « Figures de l’itinérance » des éditions Double ligne – collection créée par Laurent Pittet, le fondateur de la revue Roaditude.

Née en 1908 à Zurich au sein d’une famille très aisée qui avait notamment des affinités avec l’extrême-droite, décédée à l’âge de trente-quatre ans, Annemarie Schwarzenbach était une femme intense, mystérieuse, familière des extrêmes. Féministe (solitaire), antifasciste et antiraciste, au travers de ses textes, photographies et reportages, elle est une figure importante de la dénonciation, entre autres, de la montée du fascisme en Europe, de la ségrégation et des conditions de vie des ouvriers en Amérique du Nord, de l’exploitation de l’Orient par un Occident malade. Continuer la lecture

Le temps de l’exil

Paul DE RÉ, Les secrets du bastidon bleu, Murmure des soirs, 2019, 316 p., 20 €, ISBN : 978-2-930657-53-0

C’est un bien beau livre que je viens de découvrir, Les secrets du bastidon bleu de Paul De Ré…

Revenons d’abord sur le trajet littéraire de l’auteur… Certains écrivains écrivent à propos du temps, de l’époque, ils se nourrissent des tensions, des torsions, de  la violence et du grain de la foi, d’autres écrivent sur l’espace, les lieux, les personnages qui habitent un univers marqué d’une profonde singularité. Paul De Ré s’est longtemps révélé un « écrivain du terroir », un auteur régionaliste, il le revendiquait, ses éditeurs également. Il a développé des récits, des romans qui offraient pour vertus principales de composer de subtiles relations entre l’espace et le temps d’un monde disparu. C’est comme si un musée se mettait en mouvement et rétablissait, le temps de la lecture, une mémoire fugitive. Cette mémoire participe de la mélancolie de la disparition et œuvre souvent dans le sens des nostalgies identitaires, localistes et rurales. Continuer la lecture

De sang et d’encre

Frédéric SAENEN, Drieu la Rochelle face à son œuvre, Gollion (Suisse), Infolio éditions, 2015, 200 p., 24,90 €

Pierre Drieu la Rochelle fait partie de ces auteurs (à juste raison) dont on ne peut prononcer le nom ou aborder les écrits sans précautions. La polémique sur ses années fascistes, son adhésion au Parti populaire français de Jacques Doriot se ravive régulièrement, comme lors de la sortie, en 2012, du volume de la Pléiade consacré à ses Romans, récits, nouvelles. Toujours, avec les écrivains de la collaboration, la question de la qualité et de la pertinence de l’œuvre se pose de façon plus aiguë que pour les autres. Ainsi, l’on peut se demander si celle de Drieu, depuis longtemps éditée en poche, adaptée au cinéma, a sa place si haut dans le panthéon de la littérature française. Continuer la lecture