Archives par étiquette : leporello

Un album du Toner

Félix Laurent THE ROVER, Né en hiver, Ateliers du Toner, 12 m x 30 cm, 30 €

the rover ne en hiver

Extrait de « Né en hiver »

La bande dessinée est un eldorado pour les amateurs de jeux de mots. Le milieu indépendant s’est inscrit dans cette tradition en dénommant son nouveau lieu de production  « les Ateliers du Toner ». Ces ateliers sont installés au sein de la Maison Camille Lemonnier, chaussée de Wavre à Ixelles. Les auteurs graphiques peuvent s’y rencontrer, expérimenter et façonner leurs propres créations en utilisant des machines d’impression aux fonctions variées.

Régulièrement, des auteurs sont également sélectionnés pour des résidences de quelques semaines, afin d’y faire aboutir un projet  de microédition. Au fil du temps, ces productions « du Toner » s’accroissent, et se diffusent. Elles contribuent utilement au renouvellement et à la diversification de la microédition illustrée à Bruxelles et en Wallonie. C’est en ces lieux que Félix Laurent « The Rover » a récemment fait halte. Continuer la lecture

L’arpenteur, le voyageur et l’utopie

Célestin DE MEEUS, Atlantique, Tétras Lyre, coll. « Accordéon »,2022, 16 p., 12 €, ISBN : 978-2-930685-63-2

de meeus atlantiqueAvec Atlantique, Célestin de Meeûs confirme une démarche poétique cohérente. Né à Bruxelles en 1991, il a déjà publié Écart-type (Tétras Lyre, 2018, prix Polak) puis deux autres titres chez Cheyne : Cadastres (2018, prix de la Vocation) et Cavale russe (2021). Un premier titre est souvent révélateur d’un thème déterminant, qui fait sens, consciemment ou inconsciemment, pour son auteur : il sera enrichi au gré d’une expérience de vie où le langage et le vécu s’épouseront en de multiples et complémentaires développements. Or, « en termes statistiques, l’écart-type est la part indéfinissable entre deux données, entre deux balises : ce qui échappe au défini et à la règle, l’espace au sein duquel le poème se crée ». De Meeûs y déployait aussi une écriture du voyage puisque « la seconde partie de ce recueil a entièrement été écrite lors d’un voyage, dans lequel les noms des villes choisies au hasard, le déploiement des cartes étaient à la fois la seule trame et les seuls repères ». Le propos géographique sera confirmé par les titres qui suivront : le déplacement dans le temps et l’espace renvoient à un noyau d’inconnaissable, un non lieu et un non temps, moment éternellement suspendu, cœur de toute révélation poétique. Cette leçon proprement philosophique n’empêche pas le poète d’être impliqué dans son rapport au monde. Le poème devient alors le véhicule mouvant d’une prise de conscience entre l’intériorité et l’extériorité, la membrane d’un échange entre la réalité et un réel qui se présente comme le topos d’une absence-présence simultanées, espace où le poème se crée mais où le poème conduit aussi à l’Être. Continuer la lecture

Le Jardin des délices

HELL’O, Elle est où la fête ? Waar is da feestje ? Where’s the party at ?, CFC, 2022, 10 p., 12 €, ISBN : 978-2-87572-078-8

hell'o elle est la fete couvC’est à une curieuse fête que nous invitent Antoine Detaille et Jérôme Meynen, le duo d’artistes qui se cache derrière Hell’O. Un peu comme si les personnages étranges des Songes drolatiques de Pantagruel se retrouvaient pris dans la transe collective qui toucha Strasbourg en 1518.

Elle est où la fête ? est un livre-objet, un leporello, qui se déplie dans les mains du lecteur comme le ferait un accordéon. Il est un condensé de l’univers du duo : personnages étranges, êtres hybrides et végétation luxuriante sont entourés de guirlandes et d’un fond sonore qui ne peut être que festif, le tout débordant de couleurs. Continuer la lecture

Autrement dit

Un coup de cœur du Carnet

Elisa SARTORI, Je connais peu de mots, Cotcotcot, 2021, 14,50 €, ISBN : 978-2-930941-28-8

sartori je connais peu de motsCe leporello est un livre ; il se glisse dans un mince étui et se range dans les rayons d’une bibliothèque. Ce livre est un leporello ; fait d’une seule page pliée en accordéon, il ne se manipule pas comme un ouvrage traditionnel ; et voilà que se modifient pas mal d’habitudes de lecture…

Devant ce petit volume qui se déploie et sous l’apparente simplicité de sa forme, un certain nombre d’hésitations disparaissent : il n’y a pas à se demander ce qui se joue dans une mise en page serrée qui freine la lecture ou dans une disposition aérée qui rend la lecture aisée ; il n’y a pas à balancer entre le continu ou le discontinu ; il n’y a pas à s’interroger sur ce qui se dissimule ou ce qui s’expose… Continuer la lecture