Archives par étiquette : rivalité

Retour au monde

Alex PASQUIER, Le vitrail en flammes, préface de Frédéric Vinclair, Névrosée, coll. « Les sous-exposés », 2021, 170 p., 14 €, ISBN : 978-2-931048-51-1

pasquier le vitrail en flammesUn roman. Avec tout ce qu’il faut d’ingrédients d’avant l’ère du soupçon et la mort de l’auteur, d’avant le nouveau roman, la modernité, la postmodernité : le retrait du monde, une passion amoureuse interdite, une rivalité où l’être aimé est joué aux dés, une disparition et peut-être un assassinat – et même un duel ; un récit dans le récit – des carnets scellés divulgués. Et l’illusion du réel. Autant le dire, quand on commence la lecture du Vitrail en flammes, livre quasi oublié (publié une première fois en 1930) d’un auteur disparu des rayons des librairies (Alex Pasquier, 1888-1963) on plonge – avec plaisir – en plein texte old school. En belle écriture. Continuer la lecture

Le fil de l’adolescence

Myriam LEROY, Ariane, Don Quichotte, 2018, 208 p., 16 € / ePub : 11.99 €, ISBN : 978-235949-675-8

leroy_ariane.jpgL’adolescence est un labyrinthe. On y entre au sortir de l’enfance et on en cherche l’itinéraire et la sortie pour entrer dans l’âge adulte. À la suite de deux amies qui sont au cœur de son premier roman, Ariane, Myriam Leroy nous déroule quelques fils pour traverser cette période qualifiée d’ingrate.

La narratrice est née au cœur du Brabant wallon, déjà tout un programme à ses yeux, dans une famille catholique, conventionnelle, ennuyeuse à mourir (et notre héroïne a de fréquentes velléités de suicide), qui mène une vie de privations, mais qui se gargarise d’appartenir à la bourgeoisie nantie. À tel point que leur fille s’est mise à haïr les riches du BW, « Haïr les riches, qu’ils soient ou non gentils, haïr davantage les gentils, les riches philanthropes, ceux qui donnent aux pauvres, qui leur ouvrent leurs bras et leur porte ». Ce foyer passablement névrosé s’est établi à Nivelles, « une machine à crever d’ennui ». Et pourtant, ceux qui y naissent y reviennent toujours. Mais l’appartenance sociale vous colle à la peau, ce que la narratrice constate des années après sa jeunesse : « non seulement tu ne seras jamais aussi riche qu’eux, mais surtout tu ne seras jamais comme eux (…) Tu appartiendras toujours à une autre race, gauche, empruntée, constamment à la lisière du burlesque. » Continuer la lecture

Le pardon en question

Éric-Emmanuel SCHMITTLa vengeance du pardon, Albin Michel, 2017, 326 p., 21.50€/ePub : 14.99 €, ISBN : 9782226399199

schmitt la vengeance du pardonAuteur de romans, pièces de théâtre, essais, c’est avec un recueil de nouvelles qu’Éric-Emmanuel Schmitt nous invite à la réflexion à l’occasion de cette rentrée littéraire. Quatre nouvelles, quatre occasions de pardonner.

Les sœurs Barbarin sont jumelles et s’adorent jusqu’au jour où leurs parents leur offrent un cadeau différent à chacune. Lily, d’humeur toujours aimable, se satisfait de cette situation. Mais pour Moïsette, c’est la révélation : quelles que soient les circonstances, elle sera à tout jamais jalouse de ce qu’elle n’a pas, plus encore de ce que sa sœur a. C’est le début d’un pardon indubitable et d’une rancune éternelle qui mènera Moïsette à de terribles extrêmes. Continuer la lecture

Menace diplomatique

Séverine RADOUX

rennesonLe récit s’ouvre sur une description en plongée du Sanctuaire, une cité de pierres blanches entourée d’une épaisse forêt de conifères. Bien que sa position en contrebas d’une falaise la rende vulnérable, aucune muraille ou armée n’est présente pour la protéger. Et pour cause, cette cité idéale est dédiée à la paix. C’est dans cet endroit formant un carré parfait, avec ses bâtiments et ses rues à la taille identique, que « depuis deux cents ans se défont les projets de guerre et se construisent les paix les plus durables ». Lieu de rencontre des diplomates du continent entier, le Sanctuaire permet de régler les querelles territoriales, au même titre que les accords et les traités, grâce à un élément clé : la cartographie (« À présent, les tracés des frontières se négocient sur le papier plutôt que sur les champs de bataille »). Continuer la lecture