Archives par étiquette : Sophie Podolski

Les maudits littéraires, hors du « champ général »

Denis SAINT-AMAND et Gérald PURNELLE (sous la dir. de), Textyles n° 53 : Malédictions littéraires, Samsa, 2018, 195 p., 15 €, ISBN : 978-2-87593-199-3

Quel thème plus fécond que celui de la « malédiction littéraire » – si ce n’est celui, plus contemporain et souvent marqué d’un sceau idéologique que celui de « l’infréquentabilité » ? La revue Textyles nous apporte la preuve que le cercle des poètes et écrivains maudits ne se limite en effet pas aux banquettes patinées des bars à absinthe montmartrois ni à ces soupentes où se meurt, la fleur de l’âge rongée par la tuberculose ou un vilain « virus d’amour », quelque rimailleur famélique, typique de la faune du Paname belle-époque… 

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Le Top 3 de Véronique Bergen

La rétrospective de l’année littéraire belge avec le Top 3 des chroniqueurs. Aujourd’hui : le choix de Véronique Bergen.


Lire aussi : la fiche de Véronique Bergen


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Petite fille imaginaire amphétaminée

podolski affiche

L’exposition consacrée à Sophie Podolski (1953-1974) au Wiels est la première de l’artiste en Belgique. Elle est centrée sur son œuvre graphique, entre 1968 et 1974, mais le dessin et l’écriture sont étroitement liés, l’écriture étant elle-même objet de recherche typographique. Toute l’œuvre de l’artiste est composée de symboles, de métaphores, de mythologie personnalisée. Trois salles se succèdent pour rendre compte de la richesse et de la frénésie créatrice qui l’animait. Continuer la lecture

Sophie Podolski. Poursuite de l’infini

Un coup de cœur du Carnet

Sophie PODOLSKI, Le Pays où tout est permis, Ed. Montfaucon Research Center, 2017, 26 €

Artiste belge visionnaire, auteure d’une œuvre graphique et littéraire fulgurante, Sophie Podolski (1953-1974) a porté la littérature, le dessin, la gravure, la vie dans des zones de convulsion, d’alchimie tellurique dont l’intensité est sœur de celle d’Artaud. En quelques années qui valent à elles seules des années-lumières, elle a déplacé les frontières du réel, du pensable, du visible, poussant des portes qui mènent à l’infini. L’infini de la défonce, de l’exploration des gouffres, de ce qu’on nomme schizophrénie, l’infini de la souffrance et de l’extase, l’infini des galaxies qui tournoient dans le corps et que la société broie. Entre 16 et 21 ans, elle s’adonne à un travail créateur intense qui, s’il s’inscrit dans les avant-gardes libertaires, dans le souffle de la révolte, de l’aventure freak, excède de toutes parts l’ancrage dans une liberté underground. En 1972, paraît l’ovni Le Pays où tout est permis, grâce à Joëlle de La Casinière qui avait fondé une communauté d’artistes, le Mautfaucon Research Center. Alliance d’une écriture laissée à sa forme manuscrite et de dessins, Le Pays où tout est permis est un montage inouï de flux de conscience, d’interrogations sur l’urgence de questionner l’inquestionnable et de collages, d’interventions graphiques où un monde alternatif se met en place. Exit l’étroitesse de la logique conceptuelle, de la bonne conscience littéraire, des principes d’identité, de non-contradiction. Place à un geste scriptural et graphique métamorphique. L’humain est trop étriqué. Sophie Podolski fore des brèches de sang et de nerfs dans l’enclos du verbe. À la syntaxe cérébrale normée, à la pesanteur narcoleptique du réel, elle oppose un monologue extime, un régime narcotique du penser. Continuer la lecture