Archives par étiquette : Alain Dulac

j’étais vivante et je voyais / la belle étrange / justesse de vivre

Véronique WAUTIER, Traverso, illustré de peintures d’Alain Dulac, L’herbe qui tremble, 2019, 110 p., 14 €, ISBN : 978-2-918220-88-6

C’est une voix majeure de la poésie d’expression francophone de Belgique qui s’est éteinte il y a quelques mois à peine, quand Véronique Wautier s’en allait sur la pointe du cœur et du verbe en laissant dans son sillage une dizaine de titres aussi puissamment fragiles que Chacun de nous est une foule (Le Coudrier, 2004), Le jour aux ignorants (Eranthis, 2010), Continuo (L’herbe qui tremble, 2017)… Puis voici que l’automne balaie les feuilles de Traverso jusqu’au seuil de l’absence, et le dialogue se renoue par delà, avec le naturel de ces complicités suspendues que même la mort est bien impuissante à déjouer. Continuer la lecture

La peur aux trousses

Véronique DAINE, Alain DULAC (ill.), Extraction de la peur, L’herbe qui tremble, 2016, 72 p., 14€

daineTout au long des cinq parties qui composent son dernier recueil, Véronique Daine se garde bien de reprendre son souffle. Ici, aucun signe de ponctuation permettant au lecteur de lever la tête. L’écriture cursive, parfois acérée, coule et se déverse telle une fugue de Bach jouée en staccato. Un débit verbal qui irrigue, comme le flux sanguin, tous les recoins du corps. C’est que les mots de l’auteure s’infiltrent justement dans ces zones d’ombre pour traquer nos angoisses les plus profondes. Celles tapies dans les replis d’une chair flétrie ou dans la pénombre d’une (veine) cave. Ces peurs viscérales qui nous rappellent que les tripes sont bien logées au cœur du ventre, quand la boule d’angoisse fait chavirer l’âme. Allitérative, métaphorique, souvent hallucinée, la langue est percutante, dit le monde et les êtres tels qu’ils sont, c’est-à-dire souvent terrifiants. Les images dès lors s’entrechoquent, font craquer le reste de vernis lyrique auquel on pensait pouvoir se raccrocher.  Continuer la lecture

Au creux de l’absence la poésie

Alain DANTINNE, Précis d’incertitude, peintures d’Alain Dulac, Paris, L’herbe qui tremble, 2016, 141 p., 17 €

dantinne« Au cœur de l’écriture / l’ombre de la main / Au cœur de l’ombre / une fêlure / Au cœur de la fêlure / l’absence / Au creux de l’absence / la poésie »

Dans une lumière tamisée s’ouvre ainsi le dernier recueil d’Alain Dantinne, Précis d’incertitude. Continuer la lecture