Werner LAMBERSY, Mémento du Chant des archers de Shu, Maelström, 2021, 57 p., 16 €, ISBN : 978-2-87505-391-6
En écrivant quelque part que « tout ce qui entre dans le livret est chant », le poète-philosophe belge Max Loreau (1928-1990) définit le rôle qu’il assigne au poème. Un chant poétique donc qui impliquerait le désir d’appliquer au langage poétique une sorte de danse, de relief corporel par le truchement d’une mise en scène opératique. Une réflexion sur la mise en mouvement du rythme musical du poème qu’il convient de garder à l’esprit quand il s’agit d’aborder le continent que forme l’œuvre de Werner Lambersy. Continuer la lecture →
Otto GANZ, Prière de l’exaltation, MaelstrÖm, coll. « 414 », 2021, 16 €, ISBN : 978-2-87505-390-9
Affaire de maîtrise que cette pureté dont l’existence ne se retrouve qu’à l’état sauvage
la lumière brute frappant droite ligne affleurée au revers du thorax et des paumes
Encres, gouaches, acrylique, café, liquides organiques émulsionnés : à l’instar de la technique de la « tempera » utilisée avec ces matières pour le dessin d’Otto Ganz reproduit en liminaire au recueil Prière de l’exaltation, le verbe du poète détrempe les contorsions du monde, en délaie les spasmes et les larmes. La langue d’Otto Ganz navigue à vue, du « voir » à la « voix », du « goût » à la « goulée plus âpre », en émondant l’amas des illusions. Continuer la lecture →
Otto GANZ, L’œuvre de convulsions, Taillis Pré, 2020, 84 p., 12 €, ISBN : 978-2-87450-154-8
Sous une diversité d’expressions — poétique, romanesque, plasticienne —, l’œuvre d’Otto Ganz se confronte aux expériences-limites et s’adonne à la traversée des apparences. La radicalité de son geste se traduit dans le choix de la densité. Une densité atomique de la pensée et une densité intensive du verbe qui se tiennent au plus loin de la pesanteur et des conventions. Continuer la lecture →
Otto GANZ, Les vigilantes, Postface de
Jean Claude Bologne, Maelström, 2019, 156 p., 14 €, ISBN : 978-2-87505-330-5
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Ciseler le terrible en le coulant dans une prose percutante, descendre dans les tréfonds d’une condition humaine appréhendée selon ses phénomènes-limites, couler la fiction dans une écriture scalpel… l’œuvre de l’écrivain, poète et peintre Otto Ganz s’enroule autour des partitions du vertige. Au proverbe « on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre », le roman Les vigilantes rétorque qu’on harponne le lecteur dès lors qu’on le plonge dans un dispositif narratif déroutant. Les mouches, ces déesses des détritus, ces vigilantes qui s’attaquent au discours et aux corps, sont au cœur de ce récit qui prend le déroulement narratif à rebrousse-poil. Loin de toute gratuité comme le souligne Jean Claude Bologne dans sa postface (qui, principe d’inversion oblige, ouvre le livre), loin d’un exercice de prouesse virtuose, cette progression à rebours, allant de la conclusion (« Conclusion posthume au Journal des âmes ») au chapitre I intitulé « La génétique et la merde », performe formellement ce que le roman décrit : la désagrégation du personnage — un nain trempé dans le crime, qui termine ses jours coulé dans du béton —, la dévastation de la logique de la vie et du langage, l’extinction de la naissance par le couperet de la fin. Continuer la lecture →
Otto GANZ, Technique du point d’aveugle, Cygne, 2018, 76 p., 11€, ISBN : 978-2-84924-536-1
Comme en contrepoint de la formule « je crois » autour de laquelle s’articule Pavots (2010), un précédent recueil d’Otto Ganz également publié aux Éditions du Cygne, Technique du point d’aveugle se scande par la répétition de « je vois ». Dans ce recueil, de la perception la plus brute à la conscience éclairée, « voir » fait l’objet d’un savoir. Continuer la lecture →
Otto GANZ, La vie pratique, postface de Caroline Lamarche, Espace Nord, 2018, 160 p., 8 €, ISBN : 978-2875681454
Neuf cercles de l’enfer, de l’extase, neuf parts d’un festin cannibale où s’entre-dévorent les pulsions Éros dans Thanatos, Thanatos dans Éros, le tout composant une œuvre inclassable, filant une langue d’une inventivité éblouissante… Accompagné de l’éclatante postface de Caroline Lamarche, La vie pratique du romancier, poète, plasticien Otto Ganz se voit réédité par Espace Nord après sa parution aux éditions Blanche en 2001. L’écriture met en forme la faim d’absolu, la quête d’abîme, le dessous de la cartographie humaine en tournoyant autour d’un électron noir prénommé Alba-Lee. Héroïne d’un jeu de pistes métaphysiques dont le prénom fait signe vers Annabel Lee d’Edgar Allan Poe, Alba-Lee explore entre sainteté noire et érotisme sans tabou les zones loin de l’équilibre, faisant de son corps donné, offert l’instrument d’une rédemption pour ceux qu’elle appelle ses pauvres, ses clients dont elle soulage le mal-être. Continuer la lecture →
Otto GANZ, Du fond d’un puits, MaelstrÖm, coll. « 4 1 4 », 2017, 90 p., 18 €, ISBN : 978-2-87505-271-1
Otto Ganz est un poète rare. Capable en deux lignes de nous entraîner, mine de rien, dans ses abîmes, dans ses délires ou dans ses visions paradoxales. On le sait : ouvrir un livre d’Otto Ganz est à chaque fois une expérience forte, une visite de labyrinthe. Une visite d’un monde circulaire où l’on se cognera trente-six fois à des murs mal éclairés. Où l’on perdrait son temps à chercher un fil d’Ariane. Où il nous faut accepter d’avancer par sauts. Petits bonds de grenouille. Comme si Otto Ganz inventait le chemin au fur et à mesure. De pensées en pensées. De paroles en paroles. C’est que, pour Otto Ganz, il est essentiel d’aller à l’essentiel. D’écrire l’essentiel. Pas question dès lors de prendre du temps – et de perdre notre temps comme lecteur et lectrice – à dérouler patiemment le fil de la pensée. À nous dire comment, par quelle route, petit sentier boueux ou autoroute, il en est venu à telle fulgurance, telle évidence. Lire Otto Ganz, ce serait un peu comme lire quelque chose de très ancien. De la philosophie très ancienne. De la métaphysique très ancienne. De la littérature dont on n’aurait soigneusement conservé que l’utile. Les sentences qui parlent. Résonnent. Nous font vibrer comme des cloches. De la littérature dont on aurait soigneusement fait fondre le gras. Continuer la lecture →
Otto GANZ, Mille gouttes rebondissent sur une vitre. Chœurs, L’Arbre à paroles, coll. « P.O.M », 2015.
C’est dans la très belle collection « P.O.M. », Poésie ouverte sur le monde, et son très reconnaissable format carré, qu’est paru le dernier texte d’Otto Ganz, Mille gouttes rebondissent sur une vitre. Continuer la lecture →