Décédé en 2021, Werner Lambersy laisse une œuvre poétique importante, saluée en Belgique et à l’étranger. La Maison CFC et les Archives & Musée de la littérature (A.M.L.) s’associent pour lui rendre hommage avec l’exposition Werner Lambersy, Passeur des ailleurs, à découvrir du 20 janvier au 25 février, tandis que l’Académie lui consacre une soirée le 26 janvier. Continuer la lecture
Archives par étiquette : Werner Lambersy
Werner Lambersy s’en est allé

Werner Lambersy
Nous apprenons le décès de l’écrivain Werner Lambersy. Il est l’auteur d’une oeuvre poétique majeure dans le domaine francophone, bâtie en quelque cinquante années. Continuer la lecture
Être un chant…
Werner LAMBERSY, Mémento du Chant des archers de Shu, Maelström, 2021, 57 p., 16 €, ISBN : 978-2-87505-391-6
En écrivant quelque part que « tout ce qui entre dans le livret est chant », le poète-philosophe belge Max Loreau (1928-1990) définit le rôle qu’il assigne au poème. Un chant poétique donc qui impliquerait le désir d’appliquer au langage poétique une sorte de danse, de relief corporel par le truchement d’une mise en scène opératique. Une réflexion sur la mise en mouvement du rythme musical du poème qu’il convient de garder à l’esprit quand il s’agit d’aborder le continent que forme l’œuvre de Werner Lambersy. Continuer la lecture
Les naissances du poète
Philippe BOURET, Ligne de fond. Entretiens avec Werner Lambersy, Rumeur libre, 2019, 272 p., 19 €, ISBN : 978-2-35577-184-2
L’œuvre de Werner Lambersy est vaste, comme un océan agité de ténèbres. Pour le parcourir, Philippe Bouret a choisi d’y tendre une ligne de fond sous la forme de dialogues ou plus exactement d’une réflexion à deux, menée entre le poète et le psychanalyste. Il en résulte un livre qui est le témoignage dense de trois années de conversations. Il se caractérise par la liberté : liberté du ton, des sujets abordés et liberté des mots, qui offrent une plongée passionnée dans l’intimité de l’œuvre. La conversation s’interrompt, parfois, lorsque Philippe Bouret demande à Werner Lambersy de lire l’un de ses textes, sur lequel l’un et l’autre rebondissent, livrent leurs interrogations. Petit à petit se compose un portrait du poète parsemé de sourires, de connivences malicieuses et de respirations mélancoliques. Un petit fait, comme une guêpe qui se noie dans une tasse, peut ainsi inspirer le récit d’une anecdote et une réflexion fulgurante sur l’écriture qui noue la vie et la mort. Continuer la lecture
Où l’on se plaît à percevoir ce qui bientôt disparaît
Werner LAMBERSY, peintures d’Emmanuelle RENARD, Départs de feux, Tipaza, 2017, 140 p., 30 €, ISBN : ISBN : 978-2-912133-45-8
Demi-sommeil de chats devant
L’âtre des planètesL’ange de la parole
Déferlant sur l’océan bègue des
VaguesLes mondes et moi on apprend à
Se connaîtreQuelquefois les yeux
Suffisent qui lancent des bouées
Voilà, c’est cela, Départs de feux, de courts poèmes emplis de souffle. De courtes affaires où Werner Lambersy n’arrête pas de s’interroger sur l’écriture, la vanité de l’écriture, l’humain, l’humanité, l’humain dans ses rapports au non-humain, végétal, animal ou minéral, l’humain dans le monde, dans le cosmos, l’humain avec le monde, les oiseaux, la lune, l’humain pareil au non-humain, pareillement traversé par le monde. Non que Werner Lambersy se la jouerait vieux sage façon gourou. Non que Werner Lambersy, tout à coup, se prendrait pour un donneur de leçons ou pour le gars qui aurait tout compris. Pas du tout son style. Pas du tout son genre. Continuer la lecture
Un prix pour Werner Lambersy
Le Prix « Gauchez-Philippot » a été attribué à Werner Lambersy pour son recueil de poèmes La Chute de la grande roue (Castor Astral, 2017). Né à Anvers en 1941, Werner Lambersy a grandi dans un milieu néerlandophone, mais a choisi d’écrire en français. Il vit aujourd’hui à Paris. Il est l’auteur d’une œuvre abondante, essentiellement poétique, couronnée par de nombreux prix, dont le Prix triennal de poésie 1981 (pour Maîtres et maisons de thé), le Prix Mallarmé 2015 (pour La perte du temps) ou encore le Prix Théophile Gautier de l’Académie française, Médaille de bronze, en 2016 (toujours pour La perte du temps).
Le chant ininterrompu de Werner
Werner LAMBERSY, dessins de Laurence Skivée, Ball-trap, suivi de Je me suis fait un non, L’âne qui butine, 2017, 106 p., 22 €, ISBN : 978-2-919712-14-4 ; Hommage à Calder, Ed. Rhubarbe, 2017, 81 p., 8€, ISBN : 978-2-374750-16-3 ; Ici l’ombre (journal de résistance), Cygne, 2017, 50 p., 10€, ISBN : 978-2-84924-486-9
On pourrait dire de Werner Lambersy que c’est un polygraphe et ce serait extrêmement réducteur. Ajouter peut-être qu’il est virtuose mais ça ne suffirait pas encore. Aussi à l’aise dans la forme courte, le haïku, l’aphorisme, que dans le poème long, Werner nous surprend à chaque nouvelle publication. Car c’est bien à l’ensemble d’une œuvre importante et protéiforme qu’il convient de rattacher ces recueils qui paraissent simultanément. Il n’est donc pas étonnant de trouver parmi les trois phrases d’exergue qui ouvrent son Hommage à Calder, celle de l’écrivain portugais Antonio Lobo Antunes : « Il faut sans cesse trouver une autre façon d’écrire pour exprimer ce qu’on veut vraiment dire ». Ce à quoi s’attelle Werner dans une œuvre où chaque nouvel opus vient consolider encore un peu plus l’édifice dont l’une des premières pierres fut posée avec Maîtres et maisons de thé dès 1979. Continuer la lecture
Où, tout à coup, l’on comprend qu’on pourrait prendre plaisir à danser librement sur la Terre
Un coup de coeur du Carnet
Werner LAMBERSY, Sommet d’où jeter son pinceau, avec un frontispice de Brigitte Dusserre-Bresson, Taillis Pré, 2016, 150 p., 15 €, ISBN : 978-2-87450-109-8
Autant le dire tout de suite : j’aime Werner Lambersy, le poète Werner Lambersy. J’aime le fait qu’il joue franco. Cartes sur table. J’aime la limpidité de ses recueils. La limpidité de chacun de ses « projets », comme on dit. Sommet d’où jeter son pinceau n’échappe pas à cette règle. Tant mieux pour nous, dirais-je. Continuer la lecture
Académie française : des Belges primés
L’Académie française a remis le 23 juin ses différents prix, qui couvrent les différents genres littéraires, mais aussi le cinéma et la chanson. Ils sont divisés en deux grandes catégories : les « Grands Prix », pour lesquels seuls les Académiciens proposent les candidatures, et les « Prix de fondations », pour lesquels auteurs et éditeurs peuvent proposer leurs ouvrages. Plusieurs Belges figurent parmi les lauréats. Continuer la lecture
Iconostase d’Anvers
Werner LAMBERSY, Anvers ou les Anges pervers, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2015.
Depuis ses débuts en 1967, Werner Lambersy a publié une septantaine de livres et recueils. Cette année 2015 aura été féconde pour le poète ‘francophone de Flandre’: pas moins de 6 publications, et parmi celles-ci La Perte du temps (Le Castor Astral) qui vient de recevoir, en ce mois de novembre, le prestigieux Prix Mallarmé. Presque au même moment, les éditions Espace Nord rééditent Anvers ou les Anges pervers. Un récit poétique quelque peu atypique dans l’œuvre importante de Lambersy, publié en 1994 aux Éperonniers et honoré du Prix Auguste Michot de l’ARLLFB l’année suivante. Continuer la lecture
Soirée Escaut à Bruxelles
À l’occasion de l’acquisition par le Musée de la Ville de Bruxelles d’un dessin allégorique de l’Escaut datant du XVIIIe siècle et de la publication du recueil Escaut! Salut de Werner Lambersy, le Musée et Opium éditions s’associent pour une soirée d’hommage au fleuve et à son imaginaire. Continuer la lecture
Salut à toi, le Scaldien !
Un coup de coeur du Carnet
Werner LAMBERSY, Escaut ! Salut. Suite zwanzique et folkloresque, textes traduits par Guy Commerman, Opium éditions, 130 p., 20 €
Une ode à un fleuve ? L’entreprise apparaît d’emblée surannée, à une époque où le Poète, définitivement doublé par le virtuel, n’est plus censé se faire ni Mage ni Voyant. Werner Lambersy, lui, a décidé de ne pas déchanter, en nous offrant cette « suite zwanzique et folkloresque » que constitue Escaut ! Salut Continuer la lecture
Le juste dosage de la parole
Un coup de coeur du Carnet
Daniel DE BRUYCKER, Neuvaines 1 à 3. Bruxelles, maelstrÖm, 2015, 230 p.
Sous le titre Neuvaines 1 à 3, Daniel De Bruycker signe non pas un simple « recueil » de poèmes, mais le premier volume d’une trilogie à l’architecture très élaborée. Chacune de ces trois premières « neuvaines », en effet, comporte neuf groupes, chaque groupe neuf poèmes, chaque poème neuf vers. Ici s’arrête la contrainte numérique, car la répartition en versets ou en strophes, quant à elle, est extrêmement variable : 4-1-4, 5-3-1, 4-4-1, 3-3-3, 1-7-1, 3-2-2-2, etc. : toutes les combinaisons possibles, semble-t-il, ont été utilisées. De plus, les vers de chaque poème présentent une longueur variable, tandis que rimes et assonances fonctionnent de manière aléatoire… Bref, une discipline de fer règne du sommet de l’édifice jusqu’à un niveau structurel précis – mais, en-deçà, s’ouvre un espace de créativité verbale paradoxalement infini. À l’instar des jeux règlementés, tout le livre s’arc-boute sur cette tension entre Norme et Liberté, qui lui donne à la fois sa charpente et son unité, tout en préfigurant les propos qui vont s’y tenir.
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Lové au coeur du livre
Un coup de coeur du Carnet
Werner LAMBERSY, In angulo cum libro, ill. de Diane de Bournazel, Paris, Al Manar, 2015, 51 p., 15€
L’œuvre de Werner Lambersy compte dans le paysage littéraire francophone ! Cinquante ans d’écriture et plus de soixante livres ont permis au poète d’emprunter de nombreuses voies sans pour autant entamer la cohérence des thèmes et des obsessions qui traverse chaque nouvelle publication. Celle que suit le dernier recueil publié aux éditions Al Manar est assurément intimiste. S’il fallait ranger le livre sur un rayon de la bibliothèque, il trouverait une place presque naturellement, comme par filiation, entre La flamme d’une chandelle de Gaston Bachelard et les Microgrammes de Robert Walser dont l’auteur reprend une phrase en exergue. Continuer la lecture
De la poésie pour réenchanter la vie
Un coup de coeur du Carnet
Michel ZUMKIR
Si vous voulez goûter toute l’originalité et la saveur de cette anthologie de la poésie francophone, n’hésitez pas à sauter son introduction journalistique par trop franco-française. Vous pourriez vous décourager, rebrousser chemin et rater les routes buissonnières qu’emprunte le volume. Un volume convivial comme un festin où se partagent le vin, le pain, l’amour de la vie, le combat contre les injustices et la poésie. Où chacun.e des invités.e.s est introduit.e et entretenu.e par l’hôtesse de la soirée, la journaliste et écrivaine, Françoise Siri, avant qu’il/elle offre à la dégustation quelques textes de sa composition. Continuer la lecture
Lambersy : la poésie comme coup de sonde
Werner LAMBERSY, Dernières nouvelles d’Ulysse. Avis de recherche, préface d’Hubert Haddad, Peintures d’Anne-Marie Vesco, Éditions Rougier V., 108 p., 18 €
Hubert Haddad le déclare dès l’entame de sa préface : « La poésie au fond ne s’éclaire que de ses propres interrogations et tout commentaire se trompe fatalement d’objet. »