Archives par étiquette : André Sempoux

Dans les pas d’André Sempoux

André SEMPOUX, Dévoration et Torquato, Lectures par Ginette Michaux, Sablon, 2020, 206 p., 13 €, ISBN : 978-2-931112-04-5

Double réédition bienvenue de deux textes du poète et romancier André Sempoux qui nous a quittés voici un an et demi : Dévoration et Torquato… Si les deux romans procèdent d’une époque et d’une inspiration bien différentes, un élément commun pourrait les relier : l’empreinte majuscule et possiblement castratrice du père sur la destinée du fils. Dans Dévoration, au cours d’un voyage et au fil de deux lettres adressées à son amant, un homme, tout en évoquant leurs souvenirs, lui révèle enfin ce que fut le poids sur sa vie, comme sur leur vie commune, d’un secret toujours bien gardé en lui. Celui d’un père collaborateur des nazis durant la Seconde Guerre et promis à un poste ministériel dont la Libération devait forcément l’éloigner sans ruiner ses convictions délétères. Réfugié en Normandie avec Ingrid, sa jeune maîtresse, il vit des retraits opérés sur un capital placé en Suisse. Retraits assurés chaque année par son fils, empoisonné par cette mission clandestine qui le « dévore » à l’égal du secret honteux dont elle est indissociable. Tout comme de la soumission imposée par la fatalité à l’emprise létale d’un père dont le sang bat dans ses propres veines et qui, pour l’heure, est tout proche de la mort. Continuer la lecture

Dans nos archives : la marche blanche

Le 20 octobre 1996, 300.000 Belges défilaient dans les rues de Bruxelles, vêtus de blanc et en silence, à la suite de l’arrestation de Marc Dutroux et des nombreux scandales politico-judiciaires que l’affaire Dutroux a mis à jour. Si la marche blanche a déplacé les foules, elle a aussi fait couler beaucoup d’encre. Le n° 98 (mai-septembre 1997) du Carnet et les Instants consacrait, sous la plume de Laurent Robert, un dossier à la littérature née dans la suite immédiate de l’affaire Dutroux.

Une littérature le plus souvent de circonstance, un peu oubliée aujourd’hui, mais qui témoigne de cette époque pas si lointaine de l’omniprésence de l’ennemi public n°1 – en librairie comme dans les médias ou les conversations. Nous republions ici le dossier dans son intégralité. Continuer la lecture

André Sempoux s’est éteint

André Sempoux

André Sempoux

Après plusieurs années de souffrance physique courageusement supportée, André Sempoux est mort ce 6 juillet, âgé de 83 ans. Il était connu et estimé à la fois comme spécialiste de la littérature italienne, professeur, écrivain, essayiste et critique littéraire – mais aussi pour ses grandes qualités humaines. Continuer la lecture

Une exposition André Sempoux

sempouxLes Archives et Musée de la littérature consacrent une exposition à André Sempoux, du 13 décembre 2016 au 10 mars 2017. Il s’agit de la première grande exposition consacrée à l’auteur de L’Aubier, de Torquato et de Moi aussi je suis peintre, montée à partir des documents qu’il a légués aux Archives & Musée de la Littérature. Continuer la lecture

Une monographie exemplaire

Ginette MICHAUX, André Sempoux. L’écrit bref : comme givre au soleil, Avin, Luce Wilquin, coll. « L’œuvre en lumière », 2015, 158 p.

510blogAndré Sempoux est un écrivain doublement discret : il investit peu d’énergie dans son image publique et son écriture très concise convient mal aux lecteurs pressés. Poète, nouvelliste et romancier – mais aussi spécialiste renommé de la littérature italienne –, il a pourtant produit en quelques décennies une œuvre sensible, exigeante, profondément originale, saluée par de nombreux critiques et plusieurs prix littéraires. Âgé de 80 ans, il reçoit aujourd’hui un hommage insigne : la monographie que vient de lui consacrer Ginette Michaux, naguère professeure de littérature à l’U.C.L., directrice de la Chaire de Poétique, auteure de nombreuses publications scientifiques dont la postface de Moi aussi je suis peintre, réédité avec d’autres nouvelles dans la collection « Espace Nord » en 1999. Au vu de telles compétences, on aurait pu craindre un ouvrage rébarbatif ou jargonnant. Il n’en est rien. Sans jamais sacrifier au simplisme ou à la facilité, G. Michaux réussit à mettre en lumière les rouages textuels les plus fins, sinon les plus imperceptibles. Quoique psychanalyste, elle ne succombe pas, d’autre part, à la tentation d’expliquer l’œuvre par la vie de l’écrivain, fût-elle inconsciente ; simplement, elle montre en prélude que l’acte d’écrire a pris son départ dans « le sentiment de la faute d’exister », dont il constitue une tentative de résolution. Continuer la lecture