Claude FROIDMONT, Dommage qu’elle soit si grosse…, éditions F. Deville, coll. « Œuvres au rouge », 2022, 270 p., 20 €, ISBN : 9782875990556
Bernard est obèse, adipeux, gorgé de graisse, « comme un énorme beignet trempant dans son huile avant d’être abondamment sucré dans l’assiette ». Cette caractéristique physique s’est imposée à lui dès son enfance, a été gonflée par les soins culinaires maternels, a nourri les moqueries de ses camarades de classe et les regards avides des inconnus, a englouti ses velléités de se frotter au monde. La réclusion s’est rapidement profilée comme le salut possible, entre les murs de sa chambre du vivant de ses parents d’abord, dans une maison au milieu des arbres (dont la boîte aux lettres se situe à un kilomètre, toujours parcouru en quad) ensuite. À l’abri, il s’adonne à ses péchés mignons : la nourriture, en chair et en lettres. Car le narrateur présente un second penchant insatiable, celui des mots. Il avale, dévore, se gave de livres : ceux-ci constituent « des remparts à [s]a difficulté d’être », et les écrivains, une famille. Ses parents, alliés de toujours, l’ont à dessein tôt dégagé de toute inquiétude bassement matérielle et ont veillé à ce que leur poussin se sente comme un coq en pâte. Continuer la lecture