Éric CLÉMENS, Le sens de la philosophie, Presses Universitaires de Louvain, coll. « Petites empreintes », 2024, 160 p. , 16,90 €, ISBN : 9782390614449
Dans le sillage de la parution d’un ouvrage majeur, En étoile. Introductions à la philosophie (deux volumes) dont il prolonge ici les questionnements, le philosophe Éric Clémens livre des méditations décisives sur le sens de l’activité philosophique dans ce nouvel essai inclassable porté par une puissance conceptuelle innervée par la passion de penser. « Philosopher hors monde n’a pas de sens. Pour autant, la philosophie, même politique, n’a pas à fixer quelle politique doit être menée pour l’avenir de notre monde, encore moins quelles existences… Cependant, face aux persistances de la pauvreté et des inégalités, des dégradations du climat et de la biodiversité, des menaces et des réalités de guerres et de dictatures, sans oublier nos désirs et nos angoisses, que peut faire la philosophie ? » Dès l’entame, les enjeux sont posés : que peut-on attendre de la philosophie ? Que donne-t-elle à penser ? Comment nous oriente-t-elle dans l’action ? Dans son aptitude au questionnement, son creusement de la question du sens, que provoque-t-elle ? Continuer la lecture


Penseur hors du commun, philosophe majeur reconnu internationalement, professeur marquant de l’Université catholique de Louvain, auteur d’une œuvre complexe, Jean Ladrière a développé une herméneutique de la raison, plus largement de l’existence, qui renouvelle la philosophie herméneutique du 20e siècle. Sous la direction de Jean Leclercq et de Thierry Scaillet, les Actes du congrès de Louvain-La-Neuve consacrés à Ladrière (1921-2007) sont ici publiés. L’UCL (ALPHA) abrite désormais le Fonds d’archives Jean Ladrière, fonds qui s’ajoute aux archives de Maurice Blondel, de Michel Henry et d’Henry Bauchau. Des mathématiques à l’éthique, de la philosophie des sciences à la logique, des interrogations sur l’action humaine à ses travaux épistémologiques, de la philosophie du langage à la cosmologie, de l’herméneutique à la foi, l’odyssée philosophique de Jean Ladrière se voit ici remarquablement retracée par un panel de chercheurs (J. Greisch, E. Clemens, V. Blondel, J. De Munck, M. Bataille, L. Couloubaritsis, M. Sassine, J. Leclercq, B. Leclercq, T. Scaillet, M. Hunyadi, M. Dupuis, H. Faes, L. Perron, D. Lambert, P. Van Parjs, Y. Meessen, A. Zincq, N. Kalindula, R. Salas Astrain, B. Hespel, B. Feltz, P. Pissavin, J-M Aguirre Oraa).
Il y a urgence climatique, urgence environnementale, urgence de justice sociale et d’accueil. Et pour métamorphoser nos êtres en péril, il y a aussi URGENCE POÉTIQUE.
Dans ce dernier volume de la Revue internationale Henry Bauchau, dirigé par Myriam Watthee-Delmotte et Catherine Mayaux, l’œuvre d’Henry Bauchau est approchée sous l’angle du sacré. À côté de très beaux inédits — inédits poétiques, Blason de décembre, circa 1967 et extraits de la correspondance avec Jean-Pierre Jossua —, figure un dossier thématique réunissant principalement les contributions de chercheurs lors d’un colloque dirigé par Anne-Claire Bello et Olivier Belin. Interrogeant l’agissement du sacré dans l’imaginaire de Bauchau, nombreux sont les chercheurs à analyser la manière dont le sacré transit la langue du romancier, du poète, du dramaturge, du diariste, soit qu’ils se penchent sur les figures de saints, de mystiques, de héros mythologiques (Saint François d’Assise, Œdipe, Gengis Khan…), qui parcourent ses créations, soit qu’ils abordent l’adhésion de Bauchau à la philosophie personnaliste d’Emmanuel Mounier ou encore son rapport à Rimbaud. Marqué par le christianisme de son milieu culturel d’origine, défenseur ardent de la foi lors de ses premières années, Henry Bauchau se détachera de l’Église après la Deuxième Guerre mondiale, poursuivant une quête spirituelle détachée de l’institution ecclésiale, ouverte aux spiritualités orientales, bouddhisme, taoïsme.
Comme le souligne la quatrième de couverture, la mémoire posthume de Norge souffrait jusqu’à la publication du présent ouvrage d’une paradoxale lacune : voilà un poète salué par les géants (Aragon, Cocteau, Neruda, Milosz), choyé des prix les plus importants, croulant sous les reconnaissances et noyé dans les officialités, mis en musique par Brassens et
Actes de la journée qui s’est tenue à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique le 19 décembre 2017 à l’occasion du trentième anniversaire de la disparition de Marguerite Yourcenar, L’écrivain et le politique. Six essais sur Yourcenar interroge le rapport de l’auteure de Mémoires d’Hadrien, L’œuvre au noir, Le coup de grâce au politique. Un rapport de prime abord peu évident tant il est médié par le souci de l’universalisme. Jacques De Decker qui signe l’avant-propos, Bruno Blanckeman, Michèle Goslar, Tanguy de Wilde, Luc Devoldere dégagent la spécificité de Yourcenar, à savoir un détachement, une méfiance envers la politique (en tant que gestion des affaires humaines) et un intérêt omniprésent pour le politique. Cet intérêt se traduit doublement, au niveau de son œuvre et au niveau de sa vie, notamment au travers de ses engagements écologiques à une époque où seuls quelques visionnaires, des décennies avant le réchauffement climatique qui frappe la planète, alertaient sur la crise environnementale, la sixième extinction des espèces animales, la déforestation, le saccage des écosystèmes et de la biodiversité.
Depuis trente d’ans, des livres d’Éric Clémens reviennent sur la question de la démocratie, sur son impasse contemporaine, son renouvellement possible, sa régénérescence, l’émancipation qu’elle apporte, pourrait apporter, aux femmes et aux hommes, par-delà les convictions, intérêts et avis divergents. Car il n’y a pas de société humaine uniforme. Quelque chose, toujours, déborde. Ne rentre pas dans le cadre. Des opinions s’opposent quant à la marche à suivre, quant aux actions à mener.