Étienne VERHASSELT, L’éternité, brève, Tripode, 2019, 304 p., 22 €, ISBN : 978-2-37055-206-8

Après le très remarqué Les pas perdus (Tripode, 2018), Étienne Verhasselt nous livre un deuxième recueil de nouvelles dont l’oxymore du titre donne le ton. Assemblées en six cycles, elles distordent la condition humaine dans les paradoxes de l’absurde, du nonsense. Le sous-titre du recueil, Éclats du grand foutoir, précise l’enjeu d’une écriture qui, explorant le bordel de l’existence, campe des vies dérapant dans l’amour fou, la démence, la volonté de néant. « Alma » en ouverture construit jusqu’à la déconstruction la scène d’une rupture amoureuse. La passion culmine dans son naufrage. La femme-énigme délaisse son amant qui, comme d’autres personnages des nouvelles, tient de Plume de Michaux. Le réel les agresse. Parmi les vies désaccordées, il y a celle de l’homme qui, pour se sauver de la douleur de la séparation, imagine des séances de cassage de gueule. Motif récurrent, la défaisance des visages s’illustre dans « Mutinerie » par la sédition de visages qui, s’émancipant de leurs propriétaires, poussent à la sécession les autres organes.
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