Archives par étiquette : Étienne Verhasselt

Ces petits riens

Étienne VERHASSELT, Après l’éternité. Postcombustion, Le Tripode, 2022, 160 p., 18 €, ISBN : 9782370553232

verhasselt après l'éternitéLe moi d’après, le monde d’après, la vie d’après, dans ce troisième recueil de textes d’Étienne Verhasselt (avançons « textes » plutôt que « nouvelles », car, cette fois encore, l’écrivain se donne toutes les libertés de forme – du poème de cinq vers à la narration de cinq pages, grand maximum), tout semble basculer dans l’après – même l’éternité, si on en croit le titre. Et cela commence dès la première nouvelle, et cela durera jusqu’à la dernière (« Vêpres »), où des nuages envahissent le paysage, l’imitent et le remplacent. Le calme serait enfin atteint. Alors qu’avant, jamais la sérénité n’était trouvée – tout n’était que trouble et abîme. On espérait le rien, on ne l’atteignait pas. Ni la paix. Car, paradoxalement, toujours les mots qui disent et écrivent empêchent de n’exister pas. Écrire rien, c’est écrire encore. Écrire est mélancolique. C’est construire « une chapelle ruinée où adorer la souveraine chute ». Continuer la lecture

Étienne Verhasselt. L’absurde comme vérité de l’ordre

Étienne VERHASSELT, L’éternité, brève, Tripode, 2019, 304 p., 22 €, ISBN : 978-2-37055-206-8

Etienne Verhasselt L'éternité brève

Après le très remarqué Les pas perdus (Tripode, 2018), Étienne Verhasselt nous livre un deuxième recueil de nouvelles dont l’oxymore du titre donne le ton. Assemblées en six cycles, elles distordent la condition humaine dans les paradoxes de l’absurde, du nonsense. Le sous-titre du recueil, Éclats du grand foutoir, précise l’enjeu d’une écriture qui, explorant le bordel de l’existence, campe des vies dérapant dans l’amour fou, la démence, la volonté de néant. « Alma » en ouverture construit jusqu’à la déconstruction la scène d’une rupture amoureuse. La passion culmine dans son naufrage. La femme-énigme délaisse son amant qui, comme d’autres personnages des nouvelles, tient de Plume de Michaux. Le réel les agresse. Parmi les vies désaccordées, il y a celle de l’homme qui, pour se sauver de la douleur de la séparation, imagine des séances de cassage de gueule. Motif récurrent, la défaisance des visages s’illustre dans « Mutinerie » par la sédition de visages qui, s’émancipant de leurs propriétaires, poussent à la sécession les autres organes.

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Les prix de l’Académie

Les auteurs et autrices récompensés en 2019 (c) Académie royale

Comme chaque année, l’Académie royale de langue et de littérature françaises a remis, ce samedi 9 mars, ses prix littéraires. Des récompenses qui couvrent des genres littéraires variés et saluent la création littéraire belge francophone dans son ensemble.

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Prix Rossel : les finalistes

Le jury du Rossel 2018 
(c) Le Soir

Alors que la saison des grands prix d’automne se termine en France, le prix Rossel, le plus prestigieux prix littéraire belge francophone, a livré ses cinq finalistes. La sélection 2018 fait la part belle aux premières œuvres et aux éditeurs français. Le lauréat sera connu le 6 décembre.  Continuer la lecture

Contre toute attente

Un coup de cœur du Carnet

Étienne VERHASSELT, Les pas perdus, Tripode, 2018, 15€, 140 p., ISBN : 9782370551634

verhasselt les pas perdusAprès Emmanuel Régniez et son Notre château aussi raffiné qu’effarant, les éditions du Tripode accueillent à nouveau un auteur résidant en nos terres, pour notre plus grand plaisir. C’est avec un recueil d’une quarantaine de courtes et vives nouvelles qu’Étienne Verhasselt – licencié en psychologie clinique et travaillant dans une communauté thérapeutique – fait son entrée dans leur catalogue singulier. À noter également que ce sont Les Pas perdus qui ont été choisis pour leur opération annuelle Les 400 coups, qui voit vingt illustrateurs et sérigraphes – dont Mehdi Beneitez qui signe la couverture, ou Anna Boulanger, auteure du Haret québécois ou de L’absence – s’emparer de la matière du livre pour en extraire des estampes de leur cru.  Continuer la lecture