Archives par étiquette : Xavier Canonne

« … Rayez le mot surréalisme »

Xavier CANONNE (sous la dir. de), Histoire de ne pas rire. Le surréalisme en Belgique, Fonds Mercator et Bozar Books, 2024, 288 p., 49 €, ISBN : 978-94-6230-371-3

canonne histoire de ne pas rire le surrealisme en belgiqueÀ l’origine, Histoire de ne pas rire est le titre donné en 1956, par Marcel Mariën, qui en est l’éditeur à l’enseigne des Lèvres nues, aux écrits théoriques de Paul Nougé (1895-1967). Au dos de l’ouvrage figure un encart en lettres capitales : « Exégètes, pour y voir clair, rayez le mot surréalisme ». Ce n’était pas la première fois que Nougé prenait ses « distances » avec le mot surréalisme, qu’il avait déjà indiqué plus tôt utiliser simplement « pour les commodités de la conversation ». Il n’en reste pas moins que Nougé, dès l’automne 1924 – et indépendamment de la publication par André Breton du premier Manifeste du Surréalisme – constitue avec Camille Goemans et Marcel Lecomte le trio fondateur des activités surréalistes en Belgique, par l’édition d’une série de tracts ironiques sous le nom de « Correspondance », visant les milieux littéraires et artistiques, essentiellement français, de l’époque. Si l’on s’en tient à la chronologie, il est donc naturel (comme il en va de même pour le Manifeste de Breton), que l’on commémore en 2024 le centenaire du mouvement surréaliste, qui rayonna durant plusieurs décennies non seulement en France et tout particulièrement en Belgique, mais également en Europe et sur d’autres continents. Continuer la lecture

René Magritte, la photographie et le cinématographe

Xavier CANONNE, René Magritte, The Revealing Image (L’Image révélée), Ludion, 168 p. illustrées, 39,90 €, ISBN : 978-94-9181-973-5

canonne magritte l image reveleeS’il a approché, voire pratiqué en amateur, photographie et cinéma – il préférait parler de « cinématographe » –, ces deux disciplines n’ont jamais constitué pour René Magritte une création intellectuelle et artistique qui atteindrait la force de frappe de sa peinture. En 1960, Luc de Heusch présentait un film sur le peintre et son œuvre, Magritte ou La Leçon de choses. Au cours d’un entretien avec Jacques de Decker, qui évoque alors les films de Buñuel et Dali, Magritte lui répond : « Même si je connaissais les rudiments de l’art cinématographique, je ne pourrais expliquer mes idées que par la peinture (…) Je ne participe au cinéma qu’en tant que spectateur. Mes films préférés sont Babette s’en-va-t-en guerre (de Christian-Jacque, 1959, NDLR) ou Madame et son auto (de Robert Vernay, 1958, NDLR). Je ne supporte pas les films qui veulent me faire apprendre quelque chose ou m’exposer une thèse : ce cinéma-là m’ennuie »[1]. Continuer la lecture

Autour de Paul Colinet et Robert Willems, une histoire de famille surréaliste

Vendredi. Une correspondance surréaliste, Avant-propos, notes et édition Xavier CANONNE, (français, néerlandais, anglais), Ludion, 2020, 1056 p. illustrées, 125 €, ISBN : 978-94-9303-924-7

vendredi un correspondance surréaliste par xavier canonne éditions ludionLe mouvement surréaliste en Belgique a suscité très tôt chez ses participants une grande diversité d’actions, de liberté de ton et d’esprit, qui a pu s’exprimer également dans les marges mêmes du groupe dont Paul Nougé et René Magritte ont été les instigateurs. Ainsi en va-t-il de Vendredi, une publication collective réalisée à …un seul et unique exemplaire, à l’initiative de Paul Colinet, membre du groupe de Bruxelles depuis 1935, ami intime de Magritte et de Scutenaire. Paul Colinet avait pour neveu Robert Willems, qui, en octobre 1949, part avec sa jeune épouse Odette au Congo belge, pour y exercer le métier de comptable. Continuer la lecture