COLLECTIF, Fenêtres sur court, textes réunis et présentés par Laura Delaye, Nausicaa Dewez, Laurence Ghigny, Violaine Gréant et Valériane Wiot, Impressions nouvelles, coll. « Espace Nord », 2021, 278 p., 10 €, ISBN : 978-2-87568-550-6
Automne 2021 : Espace Nord sort son 400e numéro, La Fureur de lire fête ses 30 ans. Les comptes ronds incitent à marquer le coup et ce double jubilé ne fait pas exception. Ce n’est donc pas une réédition classique dans la collection patrimoniale qui a hérité, par le hasard de la numérotation, de ces deux zéros sur sa tranche. Et, tant que l’on parle de chiffres, il ne s’agit pas à proprement d’une mais plutôt de vingt-deux rééditions. Vingt-deux !? Dans un seul volume ? Parfaitement ! Vingt-deux nouvelles, échantillon choisi parmi les plus de cent plaquettes éditées dans le cadre de la Fureur de lire. Tâche ardue à n’en pas douter.
Les plaquettes Fureur de lire, ce sont ces longs rectangles crème immédiatement identifiables, recelant des textes courts d’auteurs et autrices belges, publiés à chaque édition de l’événement, distribués gratuitement, et dont les nouveautés sont guettées par les connaisseurs chaque année. Une occasion offerte sur un plateau de se plonger dans la diversité de la littérature belge francophone, saisie notamment par le public enseignant. On voit tout de suite le lien avec la collection Espace Nord, qui s’emploie à préserver et diffuser le patrimoine littéraire belge francophone, avec une attention particulière à sa découverte en classe.
Rien à voir avec Hitchcock donc ! Quoique, le suspense est au rendez-vous… tout comme la surprise, l’émotion, l’humour, le réalisme, la fantaisie… Vingt-deux auteurs, autant d’histoires, autant de styles, autant d’univers à découvrir. Difficile de rédiger le pitch d’un tel ouvrage. Les nouvelles sont regroupées en quatre thèmes : La compagnie des bêtes, Des grandes espérances, La guerre des mondes et Des histoires de familles ; mais l’ensemble est sans conteste caractérisé par sa diversité. Du grain de folie au rythme effréné de Thomas Gunzig à la promenade bucolique narrée par Françoise Lison-Leroy ; des phrases nominales saccadées de Kenan Görgün à la description posée de Jacques Richard ; des histoires de cœur racontées par Caroline Lamarche ou Agnès Dumont au désenchantement des protagonistes de Nicole Malinconi ou Yun Sun Limet ; des déboires d’enfance et d’adolescence proposés par Zoé Derleyn ou Corinne Hoex aux désillusions d’adultes à travers les mots de Dominique Costermans ou Adeline Dieudonné ; une chose est sûre : par ces Fenêtres sur court, on voit du paysage, DES paysages. Et, si l’on ne peut pas citer tout le monde ici, chacun et chacune pourra élire ses coups de cœur et identifier des auteurs et autrices à suivre, des univers à explorer.
Estelle Piraux