Archives par étiquette : matriarcat

Dark Side of the Moon

Un coup de cœur du Carnet

Olivier PAPLEUX, La Vénus de la vallée mosane, M.E.O., 2023, 208 p., 19 €, ISBN : 978-2-80700-383-5

papleux la venus de la vallée mosaneUn ouvrier couvreur, André Lelièvre, file le parfait amour :

Eve est nue (…) je frétille comme aux premiers jours ! (…) Mon émotivité beaucoup plus intense, profonde et durable que la normale explique probablement pourquoi je désire à ce point ma femme. 

Comme Emmanuel, leur enfant (onze ans), est éveillé et complice, l’épouse enceinte, les premières pages donnent l’impression de précipiter vers un feel-good book. Mais quelques singularités, d’emblée, embuent le miroir. Déjà, le narrateur détonne parmi ses collègues : Continuer la lecture

Comme un mouvement de balancier

Emmanuelle PIROTTE, Les reines, Cherche Midi, Coll. « Cobra », 2022, 528 p., 21 € / ePub : 14,99 €,ISBN : 978-2749174150

pirotte les reinesEmmanuelle Pirotte a publié son sixième roman, Les reines, le 25 août dernier. Après un détour chez Philippe Rey pour Rompre les digues, l’autrice revient au Cherche Midi, son éditeur depuis la parution de son premier roman Today we live, en 2015.

Les reines sort dans la collection « Cobra », née en 2021, et qui a pour ambition de renouer avec la promesse romanesque en défendant des romans de « pure imagination ». Cette collection entend s’inscrire dans la veine des vraies fictions, là où la « tendance actuelle » reste davantage orientée autofictions. Et Cobra de motiver son choix : « parce qu’au banal nous préférons le merveilleux, à la modestie la démesure ». Continuer la lecture

Des dieux et des hommes

Lison FERNÉ, La déesse requin, CFC Editions, 2020, 110 p., 18 €, ISBN : 978-2-87572-049-8

Au travers du prisme du merveilleux, du conte, Lison Ferné délivre dans La déesse requin, sa première bande dessinée, une puissante fable écologique, politique et militante. La fiction repose sur une dualité de mondes aux frontières infranchissables par la majorité des créatures, celle du second du moins. Le monde d’en bas, des profondeurs est celui des dieux de la mer, des êtres métamorphiques qui peuvent changer d’apparence, passer d’une anatomie recouverte d’écailles à une anatomie humaine. Le monde d’en haut, peuplé par les humains, ignore tout de l’Autre monde. Au travers de Dahut, la déesse requin, fille de la grande déesse Boddhisatva, Lison Ferné nous entraîne dans un récit initiatique qui, par le biais de la magie, du féerique,  interroge la crise environnementale actuelle (surpêche, extinction massive des espèces animales, végétales). Le nom de l’héroïne évoque le personnage de la mythologique celtique, Dahut, incarnant un pouvoir spirituel féminin. Dans l’imaginaire foisonnant, syncrétique de Lison Ferné, la mythologie celtique réappropriée côtoie le bouddhisme : les bodhisattvas désignent des bouddhas n’ayant pas encore atteint l’éveil, qui furent parfois grands bouddhas dans le passé et reviennent enseigner la sagesse et l’éveil dans le monde des vivants. Continuer la lecture