Prendre le temps pour découvrir, ou redécouvrir, une autrice, un auteur. C’est l’invitation que lance Le Carnet et les Instants avec la série estivale « Les instants de… ». Nous mettons à l’honneur un-e écrivain-e par le biais des articles, interviews, recensions, portraits parus tant dans notre revue imprimée que sur ce blog. Des instants, saisis parfois à des dizaines d’années d’intervalle, pour approcher la complexité et la richesse de trajectoires uniques.
Sixième et dernier épisode : les instants de Dominique Rolin.
C’est avec une figure littéraire majeure que se clôt cette rubrique estivale. Dominique Rolin est née à Bruxelles le 22 mai 1913. Son enfance est marquée par la violence des rapports entre ses parents – un drame initial qui ne cessera d’irriguer ses écrits. Son premier roman, Les marais, disponible en « Espace Nord », parait chez Denoël en 1942. Il est salué par Jean Cocteau et Max Jacob. En 1946, Dominique Rolin s’installe définitivement en France. EN 1958, elle rencontre Philippe Sollers, rencontre amoureuse et littéraire décisive. Les deux écrivains entretiennent une correspondance aujourd’hui publiée par Gallimard. Lauréate du Fémina en 1952, Dominique Rolin a été une compagne de route du Nouveau Roman et de Tel Quel. Elle sera membre du jury du Fémina, et siégera à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Elle est décédée le 15 mai 2012.
Inédits, interviews et portraits :
Dominique Rolin dans Le Carnet et les Instants
Lorsque Le Carnet et les Instants abandonne, en janvier 1992, le format de feuillet qui a été le sien pendant 70 numéros pour devenir une revue au format 23 x 23 cm, c’est un portrait de Dominique Rolin qui est choisi pour la Une de ce n°71 très spécial. Par la suite, il sera encore souvent question de l’autrice dans la revue.
Dominique Rolin a donné au Carnet et les Instants deux textes inédits. Pour le n°81 (1994), c’est elle qui signe la carte blanche. Sous le titre « La vie d’un rêve », elle y parle de rituels d’écriture, de l’inspiration, mais aussi de Jean Cocteau. En 1997, elle répond à l’invitation de la rédaction à participer au n°100. Comme celui de tous les autres auteurs et autrices participant.e.s, son texte a pour thème « J’ai cent ans ».
Dans le fameux n°71 qui marque les débuts du Carnet et les Instants comme revue, un article évoque les… débuts de Dominique Rolin. Signé par Frans de Haes, grand spécialiste de l’écrivaine, qui rédige ce texte pour le compte des AML, il met en avant une archive remarquable : une note de lecture de la NRF concernant le manuscrit d’un premier roman envoyé par l’écrivaine en devenir. Un document d’une importance d’autant plus grande que le manuscrit, refusé, a été détruit…
Trois ans plus tard, un bref article annonce que la romancière a été décorée par le Ministre français de la Culture. L’occasion de revenir sur les distinctions qui ont jalonné la construction de cette « œuvre majeure« , forte à l’époque d’une trentaine de volumes.
En 2002, Claire Huynen rencontre Dominique Rolin à l’occasion d’une double actualité éditoriale : la sortie de son livre Le futur immédiat et de Plaisirs, ouvrage d’entretiens avec Patricia Boyer de Latour.
Dominique Rolin est décédée le 15 mai 2012, à 99 ans. Le Carnet et les Instants lui rend un double hommage : Alain Delaunois retrace son parcours, tandis que Jean-Luc Outers évoque l’autrice sur un ton plus personnel.
L’année suivante, la sortie de Portraits de femmes de Philippe Sollers, qui compte bien sûr un chapitre consacré à Dominique Rolin, est l’occasion d’une nouvelle évocation de l’autrice, vue à travers les yeux de celui qu’elle appelait Jim.
En 2019, à l’occasion de la publication chez Gallimard de la correspondance entre Dominique Rolin et Philippe Sollers, Véronique Bergen rencontre les deux chevilles ouvrières de cette entreprise éditoriale : Frans De Haes et Jean-Luc Outers.
La boucle est bouclée avec le n°206 du Carnet et les Instants, paru en 2021 : la chronique des AML (qui s’appelle désormais « Les instantanés des AML »), signée par Christophe Meurée, évoque à nouveau Dominique Rolin. Il est cette fois question des cartes postales que l’autrice conservait.
Livres de Dominique Rolin
L’essentiel de l’œuvre de Dominique Rolin est publié chez Gallimard. La maison d’édition a par ailleurs entrepris un important travail de publication de la correspondance de l’autrice avec Philippe Sollers. Dominique Rolin figure aussi au catalogue de la collection patrimoniale « Espace Nord » : Les marais a connu une réédition récente.
- Deux femmes, un soir, Gallimard, 1992
- Les géraniums. Nouvelles de jeunesse et quelques autres, La différence, 1993
- Le jardin d’agrément, Gallimard, 1994
- Train de rêves, Gallimard, 1994
- L’accoudoir, Gallimard, 1996
- La rénovation, Gallimard, 1997
- Lettre à Lise, Gallimard, 2003
- Lettres à Philippe Sollers 1958-1980, Gallimard, 2018
- Plaisirs suivi de Messages secrets, Entretiens avec Patricia Boyer de Latour, Gallimard, 2019
- Lettres à Philippe Sollers 1981-2008, Gallimard, 2020
- Les marais, Espace Nord, 2020
Des livres sur Dominique Rolin
Autrice étudiée, qui jouit d’un intérêt certain du monde universitaire, Dominique Rolin a fait l’objet de plusieurs publications. Deux d’entre elles ont été recensées dans nos colonnes.
- Frans DE HAES, Les pas de la voyageuse, Dominique Rolin, Labor et AML, coll. « Archives du futur », 2006
- Maria Chiara GNOCCHI (sous la dir. de), «Sortir de la séduction ». Nouveaux regards sur Dominique Rolin, Francofonia. Studi e ricerche sulle letterature di lingua francese, n° 68, 2015
Un document en ligne
La bibliothèque sonore des Archives & Musée de la littérature propose un extrait d’une interview accordée par Dominique Rolin à Anne-Marie La Fère. Une voix à réécouter…
La fiche de Dominique Rolin
La fiche bio-bibliographique de Dominique Rolin est disponible sur le portail Objectif plumes.