Archives par étiquette : Alexis Alvarez

« U Can’t Touch This »

Un coup de cœur du Carnet

Alexis ALVAREZ, Relation, Arbre à paroles, coll. « iF », 2023, 20 p., 14 €, ISBN : 978-2-87406-735-8

alvarez relationQuasi-corollaire de tout début vu que « pour absolument tout dans la vie, marcher, respirer, boire du vin ou se faire pipi dessus, il y [a] une première et une dernière fois », elle peut enliser, empoisser, embourber, comme oxygéner, alléger, stimuler. Elle rebat en tout cas immanquablement les cartes, qui façonneront d’autres châteaux à l’architecture espagnole ou végéteront en tas informe sur une table crasseuse. La fin d’une relation, et plus particulièrement d’une relation amoureuse, c’est notre lot à (presque) tous, un jour ou l’autre. Si l’expérience s’envisage comme banalement commune avec une distance poético-cynique, moins fréquents sont ceux qui la ressentent comme telle à l’instant T et à tous les autres qui suivront et s’accumuleront le temps de… Quelle que soit sa configuration singulière, elle déplace toujours nos lignes intérieures. Continuer la lecture

Faisceau de lignes blanches

COLLECTIF, La ligne blanche, Arbre à paroles, coll. « iF », 2020,126 p., 14 €, ISBN : 978-2-8704-696-2

À l’invitation, à l’appel lancé par Antoine Wauters qui dirige la collection « iF » à L’Arbre à paroles, vingt-trois auteurs ont répondu : écrire sur ce que signifie pour eux la ligne blanche. Traversé par une crise, tenaillé par une pulsion qui se traduit en une décision — arrêter d’écrire —, Antoine Wauters voit dans la ligne blanche la manifestation du grand retrait, de l’effacement, une césure, un syndrome Bartleby. La pureté de la ligne blanche est telle qu’elle ne doit plus se traduire en mots. Le syntagme lancé aux contributeurs venus du monde du roman, de la bande dessinée, de la poésie, du journalisme s’apparente à un signifiant flottant que chaque auteur va interpréter, diffracter en récits ou en poèmes. Continuer la lecture

« Pourquoi / s’abonner / au monde ? »

Un coup de cœur du Carnet

Alexis ALVAREZ, Une année sans lumière, Tétras Lyre, 2017, 96 p., 15 €

alvarez_une annee sans lumiereLa poésie contemporaine (soit celle qui est signée par des vivants) est devenue un objet encombrant au XXIe siècle. Personne ne la lit, a fortiori personne ne l’achète, et elle ne pullule encore, invisiblement, que parce que certains éditeurs qui se lancent dans ce créneau profitent de naïfs prêts à se faire publier à compte d’auteur, pour au final n’être ni diffusés ni promotionnés. Bien sûr, il y a l’oralité, circulant dans les cabarets littéraires ou les soirées de lecture entre coteries d’initiés ; mais aujourd’hui, en librairie, où se cueillent Les Fleurs du mal, où se gausse-t-on des Amours jaunes, et où La nuit remue-t-elle ? Continuer la lecture