Archives par étiquette : L’iconoclaste éditions

Énergie fossile

Un coup de cœur du Carnet

Adeline DIEUDONNÉ, Kerozene, Iconoclaste, 2021, 258 p., 20 € / ePub : 14.99 €, ISBN : 978-2-37880-201-1

dieudonne kerozeneKerozene est le nouveau livre d’Adeline Dieudonné, cette autrice belge débarquée dans l’horizon littéraire à la rentrée 2018 avec La vraie vie, qui mettait en scène une jeune fille et son frère dans une fable acide et drôle au ton qualifié de poétique du cauchemar. Un premier roman traduit, depuis, en plusieurs langues et qui s’est écoulé à plus de 300 000 exemplaires. L’adaptation théâtrale sera d’ailleurs visible sur les planches dès que le Covid ne s’en mêlera plus, tandis que Marie Monge, réalisatrice française, en élabore une version cinématographique.


Lire aussi : Adeline Dieudonné. Attention, autrice féroce? (Le Carnet et les Instants n°202)


Comme La vraie vie, Kerozene est publié à l’Iconoclaste. Il est disponible en librairies depuis le 1er avril. Continuer la lecture

Langue-jerrican et recueil-phénix

Lisette LOMBÉ, Brûler Brûler Brûler, Iconoclaste, coll. « L’Iconopop », 2020, 12 € / ePub : 9.99 €, ISBN : 978-2-37880-167-0

lombé bruler bruler brulerCes jours-là
jours de énième scandale pédophile,
énième bavure policière,
énième féminicide,
énième incident mortel dans une usine,
ces jours-là,
lendemains d’élections, d’attentat, de cataclysme,
ces jours-là,
une lave noire et visqueuse déboule dans ma gorge
et carbonise toutes mes belles petites phrases humanistes
qui me sauvent tous les jours sauf ces jours-là. 

Alors, Lisette Lombé colle. Elle accole trois verbes à l’infinitif : Brûler Brûler Brûler. Davantage qu’un mode verbal très présent dans son écriture, l’infinitif igné figure la démarche de Lisette Lombé, poétesse et grande figure du slam en Belgique. Ce verbe exulte dans ce recueil publié aux éditions Iconopop. Celui-ci réunit, comme en un grand collage, des textes issus des ouvrages Black Words (L’Arbre à paroles, 2018) et Tenir (Maelström, 2019) et il est augmenté de puissants collages d’images en noir et blanc réalisés par la poétesse. Continuer la lecture

L’adoption est une road-story

Isabelle SPAAK et Florence BILLET, Une mère etc., Iconoclaste, 2019, 192 p., 17 € / ePub : 12.99 €, ISBN : 978-2-37880-071-0

Isabelle Spaak, prix Rossel 2004 pour Ça ne se fait pas, revient aujourd’hui avec un récit aiguisé, publié chez L’iconoclaste.

Qui peut me dire s’il connaît un enfant adopté en paix avec lui-même ? En dépit de toute la ferveur du monde, ces laissés-pour-compte des premiers jours fuient de toutes parts, tel un vase percé.

C’est à une exploration des alchimies familiales, de leurs mystères, que nous convie l’autrice d’Une mère, etc., s’inspirant cette fois de l’histoire vraie de Florence Billet, née en Colombie, française d’adoption. Depuis les pages, le vécu uppercute : si Florence est renommée Emmanuelle dans la fiction, c’est le véritable nom de sa mère biologique qui est inscrit, et l’enchaînement des épisodes de vie ont tout de la cadence singulière, tacchycardique, de l’authenticité – ou peut-être, et c’est sans doute encore plus vrai : de l’urgence. Continuer la lecture

La preuve vivante

Adeline DIEUDONNÉ, La vraie vie, L’Iconoclaste, 2018, 270 p., 17 € / ePub : 12.99 €, ISBN : 978-2-37880-023-9

« À la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres. »
Papa tire du gros gibier, dès qu’il peut. Ici et jusqu’en Himalaya. Cette « chambre des cadavres« , c’est celle où il dispose ses trophées. Il y a des têtes de sanglier, d’antilopes, de zèbres, même un lion entier. Et une hyène dans un coin. Prédateur, papa l’est aussi envers maman, bien sûr, et maman esquive la violence conjugale en se faisant la plus transparente, la plus molle possible, encaissant juste les coups. La narratrice et son petit frère Gilles vivent une relation fusionnelle. À l’aube de la puberté, ils dorment encore ensemble, se partagent tous leurs secrets et réenchantent leur quotidien en jouant dans une casse de voitures. De retour de l’école, lorsque c’est la saison, ils achètent quotidiennement une glace au marchand ambulant – avec supplément chantilly pour elle. On ne peut pas dire que ce soit une vie rêvée, mais au moins rien ne viendra s’interposer entre Gilles et elle. Rien, jusqu’à l’accident. Continuer la lecture