Archives par étiquette : Maroc

Les petits papiers

Julia GALASKI, Le passeport, Étaques, 2022, 368 p., 18 €, ISBN : 9782490205110

galaski le passeportUne jeune étudiante en Sciences Po part un an à Jérusalem pour étudier le conflit israélo-palestinien et apprendre l’arabe. Née d’un père franco-israélien et d’une mère allemande, elle a des racines multiples, notamment en Israël où vit la plus grande partie de sa famille paternelle. Elle a été éduquée en allemand dans les traditions chrétiennes. Chaque été, elle part en Israël pour les vacances. Cette fois c’est différent : elle voyage seule. Elle apprend quelques jours avant son départ qu’en tant que fille d’Israélien, elle bénéficie de la nationalité israélienne et reçoit un passeport. Ce bout de papier lui causera quelques soucis. Continuer la lecture

Matisse à Tanger. Pluie de l’âme

Fabien GROLLEAU, ABDEL DE BRUXELLES, Tanger sous la pluie, Dargaud, 2022, 122 p., 21 € / ePub : 13,99 €, ISBN : 9782205079715

Grolleau Abdel de Bruxelles Tanger sous la pluieDans Tanger sous la pluie, le scénariste Fabien Grolleau et le dessinateur Abdel de Bruxelles se glissent dans un pan de la vie d’Henri Matisse, dans la séquence marocaine des années 1912 et 1913 au cours desquelles il fit deux séjours à Tanger. Faisant fond sur des données biographiques, des faits consignés, la fiction prend le relais, emprunte les routes du rêve et lance sa toile imaginaire. Traversant une crise esthétique, affecté par la mort de son père, Henri Matisse et sa femme embarquent pour Tanger fin 1912. À la recherche de la fabuleuse lumière marocaine, il entend se ressourcer, quitter les coteries parisiennes, marcher dans les pas de Delacroix. La nuit de son arrivée, la pluie s’abat sur Tanger et ne relâchera pas sa pression durant quinze jours. Son rêve de peindre dans la nature, de s’enivrer de lumière s’effondre. Les caprices du climat aggravent l’impasse créatrice qu’il traverse. Les souks, les paysages, les parfums, les couleurs se dérobant à lui, il demande qu’on lui amène un modèle. Continuer la lecture

Une vérité qui s’apprivoise

Daniel SOIL, Agdez, dernière page, M.E.O., 2022, 124 p., 15 € / ePub : 8,99 €, ISBN : 978-2-8070-0323-1

soil agdez derniere pageLorsque l’on retrouve le corps lacéré de Johannes V, expert des Nations Unies au Maroc, ses instances décident de charger Jean, un attaché culturel belge, de recueillir des informations sur les circonstances de son meurtre. Des hypothèses circulent qui mettent en évidence les positions progressistes de la victime, fervent défenseur des droits humains et de la diversité culturelle, posture passant pour audacieuse à l’heure où d’autres resserrent les mailles de la pensée. Continuer la lecture

En exil dans l’exil

Omar BERGALLOU, Maroxellois, Couleur livres, 2020, 140 p., 14 €, ISBN : 978-2-87003-8841-9

Omar Bergallou est né au Maroc, dans un quartier pauvre de Tanger, au milieu des années soixante. Il y passe les tout premiers temps de sa vie, et plus tard, de brefs séjours de vacances ; il n’a guère vécu de ce côté-là de la Méditerranée. Quand il a six mois, la famille émigre en Belgique où le père travaillait déjà comme coffreur-ferrailleur. Et c’est là, en Belgique, sous le ciel gris de Bruxelles, qu’il a continué à vivre, et qu’il vit aujourd’hui encore. A-t-il ressenti l’excitation ou la douleur du départ, la brûlure tranchante de l’adieu à la terre ? Sa mère dira que sur le bateau reliant l’Afrique à l’Europe il hurlait de toute sa voix comme si son âme voulait sortir de son corps. Quoi qu’il en soit, quelle qu’ait été, nourrisson, sa perception de l’éloignement, il est devenu, malgré tout un : exilé. Continuer la lecture

Benzine : le livre de sa mère

Rachid BENZINE, Ainsi parlait ma mère, Seuil, 2020, 91 p., 13 € / ePub : 9.49 €, ISBN : 9782021435092

Ainsi parlait ma mère, de Rachid Benzine : un court roman qui a tout d’un grand livre. Une déclaration d’amour à une mère par son fils cadet. Et un hommage à toutes ces femmes exilées, héroïnes du quotidien, qui ont porté leur(s) enfant(s) à bout de bras pour qu’il(s) puisse(nt) s’épanouir en terres étrangères. Ainsi parlait ma mère, de Rachid Benzine : un court roman qui a tout d’un grand livre. Une déclaration d’amour à une mère par son fils cadet. Et un hommage à toutes ces femmes exilées, héroïnes du quotidien, qui ont porté leur(s) enfant(s) à bout de bras pour qu’il(s) puisse(nt) s’épanouir en terres étrangères. Continuer la lecture

La vie, par belle ou par laide

Un coup de cœur du Carnet

In Koli Jean BOFANE, La Belle de Casa, Actes Sud, 2018, 208 p., 19 € / ePub : 13.99 €, ISBN : 978-2-330-10935-6

In Koli Jean Bofane a fait une entrée remarquée en littérature. Auteur congolais vivant en Belgique, il a été salué d’emblée pour la qualité et la richesse narrative de ses textes, et son deuxième ouvrage, Congo Inc., le Testament de Bismarck (2014), a notamment reçu, parmi d’autres distinctions, le Prix des Cinq Continents.

Avec La Belle de Casa, son nouveau roman, il quitte les frontières du Congo à la suite de Sésé, un jeune en quête d’avenir qui a succombé au boniment d’un passeur lui promettant une place dans les cales d’un bateau et une arrivée en France, à Deauville ! Sauf que le passager clandestin est débarqué à Casablanca, loin des siens, avec toujours le même rêve. Nous le retrouvons alors que la police vient d’être avertie de la découverte du corps sans vie d’Ichrak, une belle jeune femme connue de tous et que les soupçons se tournent précisément vers Sésé, venu prévenir la police. La narration démarre sous la forme d’une enquête mais elle prend rapidement des allures de fresque multicolore alignant les personnages qui gravitaient autour de la belle. Sésé, nommé ainsi en hommage au défunt Mobutu, est à la pointe des combines qui permettent de harponner des Européennes oisives qui cherchent l’aventure exotique derrière leur écran. Il suffit de leur susurrer les mots attendus en y mettant un zeste de poésie et de mystère. Puis de leur parler le moment venu pour délier leur bourse et recevoir des « Western Union » qui permettent de voir la vie autrement. Avec son talent d’embobineur, Sésé a convaincu Ichrak, autre amatrice de mots qui récite des poèmes, de se prêter au jeu pour diversifier la clientèle. De quoi permettre à la belle d’avoir les moyens de payer les médicaments de sa mère que tenaille la folie. Et voici que cette collaboration prometteuse est déjà compromise. Continuer la lecture

Les mots sont des lucioles

Leïla HOUARI, Ni langue ni pays, L’Harmattan, 2018, 174 p., 17,50 €, ISBN : 978-2-343-14190-9

houari ni langue ni pays.jpgNous l’avions découverte, voici sept ans, dans Les rives identitaires, un « récit nomade » frémissant d’espoir et de rébellion, de joie de vivre et de détresse.

Née à Casablanca en 1958, belge d’adoption et de cœur (sa famille s’établissait à Bruxelles dès 1965), Leïla Houari, qui avait publié auparavant un roman, des nouvelles, des poèmes, une pièce de théâtre, proposait ensuite Cuisine intérieur (2014), un livre débordant de saveurs et de fantaisie, mais qui faisait la part de la mélancolie, dans le sillage de Jean-Claude Pirotte, cité en exergue : « Je ne suis ni d’ici ni d’ailleurs et sans cesse chassé de moi-même ». Continuer la lecture

Une (courte) escapade marocaine

Arnaud DELCORTE et Brahim METIBA, Méridiennes, M.E.O., 2015, 52 p., 14 €/ePub : 8.49 €, ISBN : 978-2-9-8070-0031-5

meridiennes-1cLes éditions MEO viennent de publier un ouvrage hybride : Méridiennes. Composé d’une cinquantaine de pages, il contient les réalisations littéraires et artistiques de deux jeunes créateurs : Arnaud Delcorte et Brahim Metiba. Si leur collaboration est inédite, ils n’en sont pas à leur premier projet. Professeur de physique à ses heures studieuses, Arnaud Delcorte a déjà publié de plusieurs recueils, parmi lesquels Écume noire. Les portraits photographiques de Brahim Metiba, informaticien de formation, ont fait, quant à eux, l’objet d’une publication dans la revue Diptyque en 2011.  Continuer la lecture