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Rentrée littéraire 2023 : abondance et diversité

rentrée littéraire 2023

Le rituel est connu : chaque année en juin, les maisons d’édition dévoilent le programme de leur rentrée littéraire. Et lectrices et lecteurs de partir en vacances avec la certitude de trouver en librairie, dès la mi-août, pléthore de nouveaux livres qui adouciront à n’en point douter le retour à la vie professionnelle.

Cette année encore, auteurs et autrices belges seront nombreux à participer à ce temps fort de l’année éditoriale. La rentrée littéraire est traditionnellement associée au roman. Il ne sera pas, loin s’en faut, le seul genre à faire l’actualité cet automne, mais il en sera certainement l’un des points névralgiques. Tour d’horizon des sorties annoncées. Continuer la lecture

Et pourtant elle est si vive…

Arnaud DELCORTE, Tessons au sable, photographies du poète, Coudrier, 2023,136 p., 22 €, ISBN : 978-2-39052-052-8

delcorte tessons au sableTrois ensembles composent la « Table des textes » du recueil Tessons au sable, qui associe poèmes et photographies composant un carnet de voyages. L’ouvrage s’ouvre sur deux exergues, citations de Paul Bowles et de Natsume Sôseki. La phrase extraite du Voyage poétique de l’écrivain japonais se découvre comme une balise à l’entrée d’une navigation, un premier « tesson » éclairant le cheminement auquel Arnaud Delcorte nous invite : rien ne me presse dans ce voyage… Quant à Bowles, ce sont ces moments fugaces et essentiels, vécus dans l’enfance,  qu’il nous invite à célébrer et que nous négligeons si volontiers. Continuer la lecture

Les chimères d’un amour évanoui

Arnaud DELCORTE, Lente dérive de sa lumière, Arbre à paroles, 2022, 116 p., 14 €, ISBN : 9782874067150

delcorte lente derive de sa lumiereComme l’indique Éric Brogniet dans Lecture silencieuse (éditions de l’Académie), La poésie est un art de l’instantané et du transfert, elle nous invite sans cesse à recadrer notre rapport à la réalité, à réinventer notre relation au monde, à arpenter un écart définitif.

Cette vision de la poésie guidera utilement le lecteur du dernier recueil d’Arnaud Delcorte, dont le titre, poème en soi, Lente dérive de sa lumière, évoque d’emblée ce déplacement du regard, de la rêverie, de la pensée poétiques. Nathaniel Molamba, qui signe la préface de l’ouvrage, invite lui aussi à la lecture à la fois singulière et démultipliée : Plus que jamais il faut lire entre les lignes, et surtout regarder au travers. Continuer la lecture

Un jour de vents propices

Arnaud DELCORTE, Trouble, Unicité, 2021, 14 €, 86 p., ISBN : 978-2-37355-628-5

delcorte troubleLa poésie demande à être apprivoisée par le lecteur. Parfois, elle exige plusieurs lectures successives afin d’en retirer, comme aux passages des couleurs sur une pierre lithographique, des émotions, des lumières, des sentiments différents. Ils composent au terme de ces parcours, une sensation d’ensemble qui s’élabore dans l’esprit et le cœur. C’est à ce processus d’imprégnation par strates qu’invite le recueil d’Arnaud Delcorte. Une telle démarche se justifie d’autant plus que le livre puise à différentes sources. Il réunit des textes publiés initialement dans des revues. Ainsi « Chechnya » (Bleu d’Encre, 2020), « L’homme qui marche » (Do Kre I S, Vagues littéraires, 2017), et « Dans la clameur » (Legs, 2019). Ces textes alternent avec des compositions inédites, « Prières dans la nuit », « Soft Requiem », « La couronne », « Appel d’air », et « Memoriam Mediterranea ». Les illustrations de l’auteur, déclinaisons photographiques en noir et blanc – transformations fluides d’images qui en deviennent abstraites, dont l’une orne la couverture – rythment la découverte du recueil. Continuer la lecture

Au-delà de l’érotisme

Arnaud DELCORTE, Tjukurrpa, Peintures de Kevens Prevaris, Éranthis, 2019, 134 p., 20 €, ISBN : 978-2-87483-019-8

« Tjukurrpa » est un mot de la langue anangu, propre à un peuple aborigène d’Australie. Il signifie « le temps du rêve », cette ère mythique totalement éthérée qui a précédé la création de la Terre, mais continue de coexister discrètement avec le monde tangible. Utiliser comme titre d’un recueil poétique ce mot exotique – qui reviendra une seule fois, en fin de volume – n’est pas un geste superficiel. C’est suggérer d’emblée l’existence d’une « quatrième dimension », de nature à la fois cosmogonique et spirituelle, sans toutefois que l’auteur juge nécessaire d’en mener davantage l’exploration. Au fil des pages, il accorde en effet une plus grande place aux origines du bouddhisme, à travers le personnage de Shakyamuni, « fils aîné du soleil et havre de sagesse », également qualifié de « Tathâgata », et auquel succèdera un jour Maitreya ; un autre poème mentionne l’érudit-traducteur Kumârajîva, patriarche de l’école des Trois Traités, qui influença fortement le bouddhisme chinois… Troisième grande référence spirituelle d’Arnaud Delcorte : l’épopée de Gilgamesh dans la Mésopotamie antique, où apparaissent son ami Enkidu, Soumouqân, dieu des troupeaux et des bêtes sauvages, mais aussi la déesse Arourou, génitrice de Gilgamesh. Continuer la lecture

Un amour n’est qu’un amour

Arnaud DELCORTE, Aimants + Rémanences, Unicité, 2019, 117 p., 15 €, ISBN : 978-2-37355-294-2

Delcorte Aimants + Rémanences UnicitéSur les marches de La Bourse à Bruxelles, Arnaud Delcorte tient une revue de poésie épaisse et graphique, où l’un de ses poèmes polyglottes a été publié. Nous nous installons à la terrasse la plus proche, vaste et vide à cette heure d’ouverture, autour d’une petite table ronde, bistrotière avec son pied noir, art déco, en fonte. L’auteur porte une barbe courte et soignée. Ses lunettes cerclées scintillent au soleil comme sa boucle d’or d’oreille gauche, qui ressemble à une petite alliance. Continuer la lecture

Où tout se termine singulièrement en parlant d’amour

Arnaud DELCORTE, Le piégeur de jours, Ruptures, 2015, 172 p, ISBN : 9997088026

Mise à jour du 21/09/2023 : Le piégeur de jours reparait en octobre 2023 sous le titre Une lumière incertaine, réédition revue à l’enseigne des éditions MEO

delcortedelcorte une lumière incertaineUn jour, peut-être, je reverrai tout le classement de ma bibliothèque de littérature belge. Y regrouperai dans un coin les ouvrages traitant du Grand Nord. Dans un autre, ceux déclarant leur amour pour le Sud, l’Italie, la lumière solaire. Dans un autre encore, on trouvera, à coup sûr, ceux relatifs à l’Afrique des grands lacs. C’est que, mine de rien, la tragédie congolaise, le génocide rwandais, insistent, suscitent régulièrement, dans nos lettres, des œuvres fortes et diverses, relevant de tous les genres. Tout récemment encore, Alain Huart nous donnait à lire Kivu, l’espoir, un roman choral. Les poètes Marc Dugardin et Nicolas Grégoire nous livraient, quant à eux, des recueils où, l’un et l’autre, étaient comme à l’affût des traces et des impacts encore actuellement visibles du génocide. La pièce Mission, de David Van Reybrouck, nous bouleversait autant que l’avait fait, à l’époque, Rwanda 94, du Groupov. Continuer la lecture

Prendre l’avion, embrasser les vagues et saluer le monde

Arnaud DELCORTE, Ô, Bruxelles, Maelström, coll. « maelstrÖm compAct », 2015, 8 €

J’ai entre les mains Ô, l’un des livres d’Arnaud Delcorte parus cette année. Voilà un ouvrage, tout petit par la taille et le nombre de lignes, mais extrêmement sensible et intelligent. Un ouvrage « simple » et « complexe » à la fois.

Le Japon pourrait être l’une de ses portes d’entrée. Qui ne serait d’ailleurs pas tenté de voir dans les minuscules poèmes de Delcorte des espèces d’haïkus ? Comment, d’ailleurs, ne pas y penser quand Delcorte évoque les « petites choses » ?  Continuer la lecture

Une (courte) escapade marocaine

Arnaud DELCORTE et Brahim METIBA, Méridiennes, M.E.O., 2015, 52 p., 14 €/ePub : 8.49 €, ISBN : 978-2-9-8070-0031-5

meridiennes-1cLes éditions MEO viennent de publier un ouvrage hybride : Méridiennes. Composé d’une cinquantaine de pages, il contient les réalisations littéraires et artistiques de deux jeunes créateurs : Arnaud Delcorte et Brahim Metiba. Si leur collaboration est inédite, ils n’en sont pas à leur premier projet. Professeur de physique à ses heures studieuses, Arnaud Delcorte a déjà publié de plusieurs recueils, parmi lesquels Écume noire. Les portraits photographiques de Brahim Metiba, informaticien de formation, ont fait, quant à eux, l’objet d’une publication dans la revue Diptyque en 2011.  Continuer la lecture