Archives par étiquette : divers

Un avenir à dix euros

KRO, Madame Irma. 1. Perles fines, Lamiroy, 2022, 88 p, 20 €, ISBN : 978-2-87595-724-5   

kro madame irmaMais qui donc est Madame Irma? De quel phénomène est-elle le prénom? Madame Irma n’est pas une inconnue, elle inonde nos boîtes aux lettres de petits billets signés marabout Machin-chose ou Madame Trucmuche qui parviendraient à réparer notre voiture même à distance!

Madame Irma est une sorte de mouche sur le visage apparemment raisonnable d’une société toujours plongée dans les croyances et les prédictions à deux sous. Les réseaux sociaux, par exemple, permettent à n’importe quel compagnon de bar ou de taverne numériques de tirer des plans sur la comète avec l’arrogance d’un Expert du Vide… Madame Irma n’est pas méchante, c’est pire, elle a transformé ce Schadenfreude allemand (cette réjouissances du malheur des autres) en un petit commerce à dix euros la réponse qui lui permet de satisfaire n’importe quelle pauvre désespérée ou un infernal réviseur de l’entreprise destin… Continuer la lecture

Ultimation du présent

André DOMS, Anachroniques, Herbe qui tremble, 2021, 146 p., 18 €, ISBN : 978-2-491462-22-2

doms anachroniquesAnachroniques est le deuxième volet d’un diptyque, cette fois consacré au temps lorsque le premier, sorti un an plus tôt, fut spatial : Topiques pour le monde actuel. Alors, en vue de cette deuxième recension, je me suis rendu chez l’auteur à Wépion. C’était fin janvier et André Doms m’a d’emblée conduit dans son jardin pour me montrer, fier et ravi, son hamamélis en fleur ; ce qui n’arrive qu’une fois l’an en plein hiver. Ses fleurs sont autant de petits feux végétaux jaunes dont les pétales explosent en traits d’oursin depuis un noyau de velours bordeaux. Continuer la lecture

Pour saluer Vandromme

Un coup de coeur du Carnet

Pol VANDROMME, Une indifférence de rébellion, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 200 p., 23 €

Dans une interview pour La Presse littéraire parue début 2008, Pol Vandromme répondait, laconique, à une question que je lui posais sur l’identité wallonne : « Je suis Belge par humilité et j’entends bien le rester. Vu mon âge, et ce qu’est déjà l’état du monde, le reste m’est indifférent. Une indifférence de rébellion. » C’est apparemment cette formule qu’il retint comme titre de l’ensemble qui constituerait son dernier recueil d’articles critiques. Continuer la lecture

Ode à la poésie

Un coup de cœur du Carnet

Colette NYS-MAZURE, La vie poétique, j’y crois, Bayard, 2015, 137 p.

nys-mazureCe livre est une lettre ouverte à tous les amateurs de poésie ou susceptibles de le devenir un jour. Colette Nys-Mazure, plus convaincue que jamais, propose un plaidoyer actualisé sur la poésie et son rôle majeur dans l’existence. Au fil des pages, elle sème les noms des auteurs qui comptent pour elle pour montrer que la poésie est « partout, vivante et efficace ». Continuer la lecture

« La poésie est le réel absolu »

Francine GHYSEN

lekeucheS’entretenant avec Myriam Watthee-Delmotte, en ouverture du numéro de la revue Nu(e) qui lui est dédié, Philippe Lekeuche embrasse ainsi sa conception de la poésie, ancrée au plus profond de son être, de sa vie :

Pas de poésie sans amour (donc sans solitude), sans art et sans folie. Et la poésie doit aussi perpétuellement se débrouiller avec ce reste de sexualité qui échappe à toute sublimation. Pour moi, je le dis humblement, la poésie est mon risque suprême, elle me pose la question qui me taraude douloureusement : « Qu’est-ce que l’amour, lui-même divisé en ses multiples figures ? ». Continuer la lecture

Les fins et le Moyen

Un coup de coeur du Carnet

Emmanuel GERARD, Widukind DE RIDDER, Françoise MULLER, Qui a tué Julien Lahaut ? Les ombres de la guerre froide en Belgique, Renaissance du Livre, 2015, 350 p., 24,90 €/ epub : 13,99 €

lahautLes meilleures enquêtes criminelles se lisent, paraît-il, comme des romans. Un macchab, un (ou des) tueur(s), un modus operandi, un mobile, des zones d’ombre, et voilà pour une intrigue qui devrait tenir le lecteur en haleine jusqu’au dénouement. Mais dans le cas présent, l’affaire se complique d’une toile de fond labyrinthique. Car le 18 août 1950, le cadavre qui gît dans une mare de sang, abattu dans l’entrée de sa maison sise sur les hauteurs de Seraing n’est autre que celui du charismatique leader communiste Julien Lahaut ; ses assassins sont sans doute des militants, mais n’appartiennent-ils pas à son propre bord politique ? L’action se déroule en quelques minutes à peine, avec la détermination caractéristique des commandos ; le mystère demeurera entier pendant des décennies. Continuer la lecture