Revue de presse : les livres de l’année 2021

revue de presse - illustration

Photo Pixabay

Au cours des dernières semaines, les médias ont dressé le bilan de l’année littéraire 2021, souvent par le biais de listes des ouvrages les plus remarquables de l’année. Le Carnet et les Instants vous a proposé les sélections de ses chroniqueurs et chroniqueuses tout au long du mois de décembre. Place à présent aux choix d’autres journaux et magazines – et plus précisément, aux auteurs et autrices belges qu’ils mentionnent. 

La presse belge

Dans son supplément « Arts » du 15 décembre, La Libre consacre une double page aux « coups de coeur 2021 » de ses journalistes littéraires, proposant 9 sélections de 10 titres. Plusieurs de ces listes mentionnent des auteurs et autrices belges.

Dans une sélection axée principalement sur la littérature pour la jeunesse, Laurence Bertels retient quatre livres belges : Les images de Lou et Mouf. Le bain de Jeanne Ashbé (Pastel), Bastien ours de la nuit de Sara Gréselle et Ludovic Flamant (Versant Sud jeunesse), Quand Hadda reviendra-t-elle? d’Anne Herbauts (Casterman) et Mahmoud ou la montée des eaux d’Antoine Wauters (Verdier).

moreau la dame d'argile

Marie-Anne Georges mentionne quant à elle Christiana Moreau, pour La dame d’argile (Préludes).

Pour Francis Matthys, trois livres d’auteurs belges figurent parmi les 10 meilleurs titres de l’année : Portier de nuit. Liliana Cavani de Véronique Bergen (Impressions nouvelles), Les orphelins de François de Bernard Gheur (Weyrich) et L’Asturienne de Caroline Lamarche (Impressions nouvelles).

Christian Laporte retient lui aussi plusieurs livres belges : L’histoire de la Belgique en 100 cartes anciennes de Philippe De Maeyer, Michèle Galand, Bram Van Nieuwenhuyze et Guy Vanthemsche (Racine), Mon séjour dans la fosse aux lions de la politique belge de Paul-Henry Gendebien (Weyrich), “Choisis donc la vie !” Itinéraire d’un prêtre anticlérical de Serge Maucq (Walden & Whitman), Premier sang d’Amélie Nothomb (Albin Michel) et Le vieil homme Rouge d’Annemarie Trekker (L’Harmattan).

Enfin, la sélection bande dessinée est signée par un quatuor : Olivier le Bussy,
Alain Lorfèvre, Hubert Leclercq et Stéphane Tassin. Parmi les 10 titres, plusieurs Belges aussi : Max de Radiguès pour Alerte 5 (Casterman), Jean Van Hamme, Peter van Dongen et Teun Berserik pour Le dernier espadon (Dargaud) et Zidrou et Vanistendael pour La baleine bibliothèque (Le Lombard).

Le Soir a lui aussi dressé son bilan de l’année, paru sur son site internet le 20 décembre, puis dans son édition imprimée du 21 décembre. Huit journalistes littéraires ont chacun sélectionné leur Top 5 de l’année, pour « 40 excellents livres de la cuvée 21 à lire, offrir ou recevoir« . Quelques auteurs et autrices belges ont ainsi été retenus. En littérature générale, Nicolas Crousse place en premier choix Karel Logist pour Soixante-neuf selfies flous dans un miroir fêlé (Arbre à paroles) et en deuxième position Élégies paisibles de Pierre Yerlès (Bleu d’encre). Pour Pierre Maury, Cavales de Béatrice Renard (Murmure des soirs) est le 5e meilleur livre de l’année. Jean-Claude Vantroyen retient lui aussi un livre belge dans son Top 5 : Un corps tropical de Philippe Marczewski (Inculte), roman lauréat du prix Rossel.

yslaire mademoiselle baudelaire

Daniel Couvreur présente une sélection de bande dessinée dans laquelle il classe un auteur belge : Yslaire, pour Mademoiselle Baudelaire (Dupuis), figure en 4e position. La sélection ne reprend donc pas le prix Rossel de bande dessinée de cette année, Ne m’oublie pas d’Alix Garin (Casterman).

daufresne corcobado l'arbre et l'oiseau

La sélection en littérature pour la jeunesse est élaborée par Catherine Makereel. La journaliste classe en 5e position L’arbre et l’oiseau de Maylis Daufresne et Teresa Arroyo Corcobado (Versant Sud jeunesse).

Focus, le magazine culturel et supplément du Vif, propose dans son édition du 23 décembre un bilan de l’année littéraire, chaque journaliste de l’hebdomadaire livrant un Top 10 dans sa spécialité. Pour le domaine littéraire, on trouve 3 sélections en romans, 2 en polars, 1 en essais, 2 en bd et 1 en mangas. En polars, Olivier Van Vaerenbergh retient deux auteurs belges dans sa sélection de dix titres : Caroline De Mulder, pour Manger Bambi (Gallimard), qu’il classe en n°1, et Alain Berenboom, pour Michel Van Loo disparait (Genèse), en 10e place. 

usdin renee aux bois dormants

En BD, Colin Bouchat a retenu un album dont il sera beaucoup question dans cette revue de presse: René.e aux bois dormants, de l’autrice française et bruxelloise d’adoption Elene Usdin (Sarbacane).

usdin renee aux bois dormants

Sous couverture, l’émission littéraire télévisée de la RTBF, a publié une sélection des 10 BD de l’année, choisies par Thierry Bellefroid. Dans la catégorie « première oeuvre », le journaliste retient lui aussi (ex aequo avec Le grand vie de Léa Muriawec) René.e aux bois dormants : « [u]n livre qui éclate de couleurs, et qui surprend d’un bout à l’autre !« .

La presse francophone

Livres Hebdo réalise un important travail de repérage et de compilation des sélections de l’année parues dans la presse française.

Lire Magazine littéraire a établi une sélection des 100 livres de l’année, répartis dans huit catégories : littérature française, littérature étrangère, polar, romance/fantastique/science-fiction, jeunesse, bande dessinée, études littéraires et classiques, et essais et documents. En littérature française, la revue approuve le choix du jury du Renaudot, en reprenant Premier sang dans sa propre liste. Côté essais, Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation de Vinciane Despret (Actes Sud) figure dans la sélection principale, tandis que Pascal Chabot reçoit une mention pour Avoir le temps, essai de chronosophie, paru aux Presses universitaires de France. Enfin, René.e aux bois dormants d’Elene Usdin est l’une des six bandes dessinées de l’année.


Lire aussi : Les 100 livres de 2021 selon Lire Magazine littéraire


Le même album d’Elene Usdin est aussi retenu par Les Inrocks. L’hebdomadaire dresse un bilan du meilleur de 2021 en 25 ouvrages de littérature générale et 25 bandes dessinées. La rédaction a classé René.e aux bois dormants 4e meilleure bande dessinée de l’année. Paru aux éditions L’association, I am the eggman de José Parrondo, par ailleurs lauréat du prix Atomium bande dessinée de la Fédération Wallonie-Bruxelles cette année, arrive quant à lui 23e de ce classement.


Lire aussi : Les meilleurs livres et BD en 2021 selon Les Inrocks


wauters mahmoud ou la montee des eaux

Le quotidien Le Monde s’est lui aussi livré à l’exercice du bilan. Pour la littérature générale, six journalistes littéraires ont chacun retenu 5 livres de 2021. Parmi les 30 livres de l’année ainsi désignés, Mahmoud ou la montée des eaux d’Antoine Wauters (éditions Verdier) est le premier choix de Jean Birnbaum.


Lire aussi : Les 30 livres de l’année 2021 selon Le Monde 


Pour la bande dessinée, cinq journalistes du quotidien français ont pratiqué le même exercice, livrant une sélection de 20 ouvrages. Alexis Duval mentionne un seul ouvrage : René.e aux bois dormants, assurément l’album-phare des sélections de fin d’année, signé par Elene Usdin. Cédric Pietralunga mentionne quant à lui six albums, dont Mademoiselle Baudelaire d’Yslaire.


Lire aussi : Les 20 BD de l’année selon Le Monde


yslaire mademoiselle baudelaire

Télérama livre son bilan de l’année littéraire en trois articles : l’un sur les « 21 romans et essais préférés de 2021« , un autre sur le meilleur du polar et de la SF en 21 titres également, et enfin une sélection de 20 albums de bande dessinée. Dans cette dernière catégorie, l’hebdomadaire culturel retient lui aussi Mademoiselle Baudelaire d’Yslaire. La sélection est assortie d’un commentaire du journaliste Stéphane Jarno : « Là où faute de preuves le travail des historiens s’achève commence l’œuvre de l’artiste. Yslaire mélange tous ces fragments comme le peintre broie ses couleurs et y introduit sa connaissance intime de l’époque« .

nothomb premier sang

Plus drastique, Le Parisien publie une liste de 10 romans seulement. Premier sang y figure en troisième position.


Lire aussi : Les 10 romans de l’année 2021 selon Le Parisien


nothomb premier sang

Du côté du Québec, le Journal de Montréal publie ses vingt-cinq « romans coups de coeur de 2021« . Chaque livre retenu fait l’objet d’un bref commentaire. Dans une liste qui accorde une belle place aux livres parus au Québec, encore trop peu connus chez nous, on retrouve aussi une autrice belge : Amélie Nothomb est retenue pour Premier sang, « Un roman bouleversant qui se lit d’une traite« .


Lire aussi : Romans coups de coeur de 2021 (Journal de Montréal)


donnay l'heure des olives

La rétrospective 2021 de Benzine, magazine culturel en ligne, comporte, pour le volet littérature, une liste de 12 romans. Parmi eux : L’heure des olives de Claude Donnay (M.E.O.). Présenté en quelques mots, le livre est assorti de ce commentaire : « Un livre a plusieurs entrées mais avant tout une grande et belle histoire d’amour« .

Citrouille Hebdo, le blog des librairies Sorcières, s’est lui aussi prêté au jeu de la rétrospective de l’année, dans le domaine de la littérature pour la jeunesse. Deux sélections de 40 ouvrages sont publiées, assorties de brèves présentations, l’une consacrée aux albums, l’autre aux romans pour ados. Dans la première figurent De la terre dans mes poches de Françoise Lison-Leroy (Cotcotcot) – « Les joies enfantines du jardinage, du rapport à la terre, la terre nourricière » – et Nino d’Anne Brouillard (éditions des Éléphants). Dans les romans pour ados, le blog retient Éden, fille de personne de Marie Colot (Actes Sud junior).

Actuabd, média de référence pour la bande dessinée, propose différentes rétrospectives de l’année : les mangas, les comics, la bande dessinée alternative, les albums franco-belges et la BD jeunesse. En bande dessinée alternative, Thomas Bernard a retenu Ostende de Dominique Goblet (FRMK) (« Un récit d’une beauté picturale à se foutre à l’eau« ), L’origine du monstre d’Émilie Gleason (Les requins marteaux) (« Outrancier et féministe« ), tandis que Frédéric Hojlo mentionne Brynhildr de Frédéric Coché (FRMK), dont il souligne le « goût étrange, déstabilisant, fascinant« .

Pour la bande dessinée franco-belge, aucun auteur belge ne figure dans les sept albums sélectionnés par l’ensemble de la rédaction. Des albums belges apparaissent toutefois dans les tops de certains rédacteurs. Paul Chopelin place en 5e position Le dernier espadon de Jean Van Hamme, Peter van Dongen et Teun Berserik. Charles-Louis Detournay place quant à lui Ne m’oublie pas d’Alix Garin dans son Top 5. Philippe Lebas, enfin, accorde la 2e place de sa sélection à Pacific Palace de Christian Durieux (Dupuis).

Web littéraire : sélectionner autrement

Pour compléter ce tour d’horizon, signalons deux classements des meilleurs livres de l’année qui se singularisent par leurs critères d’élaboration.

Le site collaboratif de critiques littéraires et culturelles Sens critique propose son Top 50 des livres de 2021. Ce classement est construit sur la base de la moyenne des notes données aux livres par les utilisateurs et utilisatrices de la plateforme. Il évolue donc au gré des contributions des membres. À l’heure d’écrire ces lignes, 3 autrices belges figurent parmi les 50 livres mentionnés : Amélie Nothomb, pour Premier sang, à la 22e place, Adeline Dieudonné pour Kerozene (Iconoclaste), à la 35e place, et Christine Aventin pour FéminiSpunk (Zones), à la 40e place.


Lire aussi : Top des meilleurs livres de 2021 (Sens critique)


Autre site collaboratif très connu, Babelio a lui aussi livré son Top 21 de l’année. Les livres y sont classés par le nombre d’ajouts dans la bibliothèque des utilisateurs du site. Un classement qui ne tient donc pas compte des notes attribuées aux livres : est pris en compte ici le nombre de lectures (ou d’intensions de lire) parmi les membres de la communauté. Le classement ainsi obtenu recoupe en grande partie celui de Sens critique, puisque Premier sang occupe la 12e place et Kerozene la 17e. À noter encore la 11e place d’Eric-Emmanuel Schmitt pour le premier tome de La Traversée du temps (Albin Michel).


Lire aussi : Les 21 livres les plus populaires de 2021 (Babelio)


Bibliosurf, site de veille dédié au web littéraire, propose quant à lui un classement des livres en fonction du nombre de critiques qui leur sont consacrées sur le web. Que la critique soit enthousiaste ou non n’entre pas ici en ligne de compte. Pour établir ce classement, Bibliosurf s’appuie sur sa propre collecte d’informations, la plateforme scannant 418 sites-sources différents. Sur les 12 romans de 2021 les plus chroniqués, deux sont signés par des autrices belges : Kerozene d’Adeline Dieudonné (31 occurrences) et Premier sang d’Amélie Nothomb (27 occurrences).

Notons par ailleurs que le même site propose aussi des sous-classements par nationalité. Il établit ainsi un Top 10 des auteurs et autrices belges en fonction du nombre de recensions et chroniques qui leur ont été dédiées en 2021. Après Adeline Dieudonné et Amélie Nothomb, viennent : 3° Antoine Wauters, auteur de Mahmoud ou la montée des eaux (22 occurrences), 4° Caroline De Mulder, qui a signé Manger Bambi (19), 5° Giuseppe Santoliquido pour L’été sans retour (10), 6° Francis Dannemark qui nous a quittés en 2021 et Lydia Flem, pour Paris Fantasme (Seuil) (6 occurrences chacun), 8° Geneviève Damas, qui a publié Jacky (Gallimard), Emmanuelle Dourson et son premier roman Si les dieux incendiaient le monde (Grasset), et Vinciane Despret pour Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation (5 occurrences chacune).

Pour conclure

Les sélections, listes et rétrospectives de fin d’année ont un caractère subjectif et plaisant revendiqué par les critiques eux-mêmes. On s’en voudrait donc de disserter longuement sur un exercice dont le ludisme reste le maitre-mot. Quelques constats néanmoins.

Celui de la faible appétence des médias belges pour la littérature de leur pays, tout d’abord. 16 auteurs et autrices belges sur les 90 livres cités par La Libre, 6 sur 40 dans Le Soir, 3 sur 90 dans Focus, 1 sur 10 pour Sous couverture, et notre revue de presse d’il y a un an affichait des proportions similaires. À titre de comparaison, la sélection du Journal de Montréal évoquée ci-dessus compte 25 titres dont 14 signés par des écrivains québécois.

Autre trait saillant de ce tour d’horizon : la qualité et le dynamisme de la bande dessinée, dans ses multiples déclinaisons, avec deux albums qui ont particulièrement marqué les esprits, Mademoiselle Baudelaire et René.e aux bois dormants.

Quant aux sélections de littérature générale, elles confortent le palmarès des prix littéraires remis cette année. Ainsi, Premier sang et Mahmoud ou la montée des eaux sont les deux livres les plus fréquemment cités parmi les meilleurs livres de l’année. Or Premier sang a valu le Renaudot à Amélie Nothomb, tandis qu’Antoine Wauters a reçu, notamment, le Wepler et le prix Marguerite Duras.

Le croisement entre les sélections parues dans la presse et les données fournies par Bibliosurf, Babelio et Sens critique est aussi riche en enseignements. Bibliosurf fournit des informations sur la présence médiatique ; les sélections, sur les préférences des journalistes et Sens critique et Babelio, sur celles des lecteurs. Le livre d’Amélie Nothomb est bien classé dans les trois catégories. Kerozene d’Adeline Dieudonné conjugue lui forte présence médiatique et adhésion du public, mais, alors que les journalistes ont massivement parlé du livre, ils ne l’ont pas retenu dans leurs rétrospectives de l’année. Avec Mahmoud ou la montée des eaux, à l’inverse, Antoine Wauters bénéficie à la fois d’une forte présence médiatique et de l’appréciation des journalistes, mais ce soutien de la presse ne se traduit pas en un plébiscite du public. 

De quoi relativiser le pouvoir prescripteur de la presse et prendre avec une pointe de détachement ces classements annuels…

Nausicaa Dewez