Christian LIBENS, Sève de femmes, Weyrich, 2020, 128 p., 13 €, ISBN : 9782874895883
La peinture de nus féminins, signée Geneviève Van Der Wielen, en couverture du recueil de nouvelles de Christian Libens, Sève de femmes, ainsi que son titre, pourraient le ranger dans la catégorie des erotica. Ce qu’il est mais pour partie seulement. Il fait d’ailleurs écho à un autre titre, Amours crues, publié au Grand Miroir en 2009, dont le présent recueil reprend trois textes aux versions remaniées et définitives.Continuer la lecture →
Arnaud DELCORTE, Tjukurrpa,
Peintures de Kevens Prevaris, Éranthis, 2019, 134 p., 20 €, ISBN : 978-2-87483-019-8
« Tjukurrpa » est un mot de la langue anangu, propre à un peuple aborigène d’Australie. Il signifie « le temps du rêve », cette ère mythique totalement éthérée qui a précédé la création de la Terre, mais continue de coexister discrètement avec le monde tangible. Utiliser comme titre d’un recueil poétique ce mot exotique – qui reviendra une seule fois, en fin de volume – n’est pas un geste superficiel. C’est suggérer d’emblée l’existence d’une « quatrième dimension », de nature à la fois cosmogonique et spirituelle, sans toutefois que l’auteur juge nécessaire d’en mener davantage l’exploration. Au fil des pages, il accorde en effet une plus grande place aux origines du bouddhisme, à travers le personnage de Shakyamuni, « fils aîné du soleil et havre de sagesse », également qualifié de « Tathâgata », et auquel succèdera un jour Maitreya ; un autre poème mentionne l’érudit-traducteur Kumârajîva, patriarche de l’école des Trois Traités, qui influença fortement le bouddhisme chinois… Troisième grande référence spirituelle d’Arnaud Delcorte : l’épopée de Gilgamesh dans la Mésopotamie antique, où apparaissent son ami Enkidu, Soumouqân, dieu des troupeaux et des bêtes sauvages, mais aussi la déesse Arourou, génitrice de Gilgamesh. Continuer la lecture →
Caroline LAMARCHE et Nathalie AMAND, Papier-collants, La pierre d’alun, coll. « La petite pierre », 2018, 64 p., 15 €, ISBN : 978-2-87429-107-4
Au nichon, pardon, au sein du politiquement incorrect, il y a l’érotisme. Un genre soi-disant désuet, à la fois confus et diffus, c’est-à-dire complexe et donc incompatible avec notre moderne époque des #MeToo et #BalanceTonPorc. Nous vivotons dans une période manichéenne où la pudibonderie et la pornographie échangent plus aisément sur les tournantes sodomites ou sur la théorie des genres plutôt que — trop simplement — sur les corps. Période de vaches maigres pour l’érotisme ? Mort aux vaches quand même !
Certes, on en voit de toutes les couleurs en lisant le recueil de nouvelles de Coline Mauret, L’origine du monde. Un ouvrage qui ne cache pas ses intentions puisqu’il fait, dès son titre, explicitement référence au tableau de Courbet, une commande privée du diplomate turco-égyptien Khalil-Bey, que tous peuvent voir aujourd’hui au Musée d’Orsay à Paris. Le sous-titre éclaire mieux encore ceux qui n’auraient pas compris l’allusion première. Continuer la lecture →
Jacques DUBOIS (dir.), Sexe et pouvoir dans la prose française contemporaine, Presses universitaires de Liège, coll. « Situations », 224 p., 24,30 €
Jacques Dubois, professeur émérite à l’Université de Liège, homme de culture et de littérature, a réuni autour de lui une belle équipe de chercheur.e.s pour traverser, de Marcel Proust à Emmanuel Carrère, la littérature française des vingtième et (déjà) vingt-et-unième siècles autour d’un double thème, particulièrement fécond : l’érotique et le politique. Deux termes qu’on préférera à ceux du titre, Sexe et pouvoir, car si ceux-ci sont plus racoleurs (pornographiques), ils s’avèrent moins riches d’ouvertures, de dialectiques, de jeux, de possibilités romanesques (donc critiques). Continuer la lecture →